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ROFANATEUR. f. m. Celui qui profane les chofes iaintes , qui abule des chofes de la Religion, qui les traite avec irrévérence ou avec mé- pris, ou qui les emploie à des ulages protanes. Profa- nator. JÉsus-Christ chalfa Its Profanateurs du temple. §3" PkUF An hTIoN . f. f. Adion du Profanateur. Pro- fanatio. Profanation des choies (aintes, d'une églife, des vales facrés. profanation eft un abus ou un mé- pris des chofes faintes & facrées. C'eft une profana- tion de fe fervir des paroles de l'écriture dans lesopc- tions prétendues magiques. C'eft une profanation de faire fervir les vafes facrés à des uiages ordinaires. ÇCr Profanation , le dit par exagération d'un Simple abus des chofes précieufes. C'eft une efpèce de profa- nation d'employer l'or ôc l'argent à ces fortes d'ufages. HfJ' PROFANE, adj. de t. g. Profanas. Ce mot formé de proc!// ôc de fanum ; procul à fano, fignjfioit ori- ginairement celui qui n'eft point initié dans les myfté- res de la Divinité. C'eft pour cela nue les anciens Ro- mains , dans les facrificcs qu'ils faifoient à leurs Dieux,

avoient coutume de cncï,pr6culeJieprofani, xeûtzz- \o\iSy profanes. Les Grecs en faifoient autant. Les myf- tères n'étoient révélés qu'aux initiés. Nous l'avons dit de même des Payens & de ceux qui n'étoient poinc initiés aux myftères de notre religion. Les premiers Chrétiens cachoient avec foin auy profanes les myftères facrés. Dans l'ancien teftamcnt le mot de proJane fi- gnifie ordinairement celui qui eft impur, ou qui viole les cérémonies de la loi.

IP" Dans l'ufage ordinaire cette épithète s'applique à tout ce qui eft contre le refpeâ: qu'on doit aux chofes facrées. Adion profane. Difcours profane.

|Cr Profane, fe dit encore fouvent des chofes féculiè- res, par oppofition à celles qui concernent la religion. Dans cette acceptation on dit , auteurs profanes , hif- toires profanes. Faire fervir les chofes facrées à des uCz^es profanes.

§Cr Ce mot pris fubftantivement, fignifie celui qui mé- prife les chofes faintes, qui manque de relpecT: pour ce qui concerne la religion. Il parle des chofes faintes comme un profane.

fpr On le dit encore par manière de plaifanterie des I ignoraiis. Il n'appartient pas à vm profane de parler de

A

3, P R O

ces m.UK-ie5 là. C'cft dr.ns ce fcns qu'Horace dituit odl profanum vidgus. Vulsairc ignorant. '|Cr Enfin on li; dit envorc par plaiùnierie , & dans un lens figure, pour marquer une peii.:.n!ie qu'on ne veuc point admettre dans \xnc [<jcii:x.<:. txpelkndus , rcji- eiendns. Nous ne voulons point de vous, vous êtes un profane. ^3" PROFANER, v. a. Manquer de reCped pour ks «hofes fainies, en abufer, les mettre à des ufagcs pro- fanes. Profanât e , profanum facere aliquld. Prof an :r une églil'e, les va ("es lacres.P/o/^vi cria parole de Dieu. C'clt un impie qa'i profane les chofes les plus laintes. "Une églifc eft profanée par un meurtre , par un allaf- fmat, par certaines atlions criminelles, fer Profaner , fignifie aulli remettre à un ulage pro- fane. Le premier coup de marteau profane un calice. AcAD. Fr. %f3' Profaner , fe dit par exagération pour faire un mau- vais ufage d'une chofc rare ou précicufe. Abuti. C'cft profaner les fciences , que d'en parler devant des gens qui n'y entendent rien. Donner de fi belles choies à des gens qui ne s'y connoilfent pas, c'eft les profaner. PROFANÉ, ÉE. part.

PROFANEMENT. adv. D'une manière profane. Nicod. Celui-là parloir bien profanement encore que ce ne fût fans faire rire , qui difoit à quelques loldats qu'il voyoit dans fon prêche: Il elr de vous en toutes cho- fes, airifi que de Jhsus-Christ. Il fut pris : aulîi lerez- vous. Il fut liiî de cordes comme un larron: aulli lerez- vous. Il fut mené devant le Juge : aulli ferez-vous. 1! fut fouetté : aulli ferez-vous. Il lut mené au gibet : auflî ferez-vous. Il defcéndit aux enfers : aulli ierez-vous. Mais il en revint : vou i y demeurerez. Apol. pour Hé- rodote ^ ch. iô. T. III , p. 17 j. Profanement n'ell pas reçu dans rulage. PROFECTICE. adj. Terme de Droit canon , qui fe dit du pécule des Clercs, acquis a l'occalion de leur Bé- néfice , Prûfeclitius i a. PROFECTIF, ou auffi PROFECTICE. adj. Terme de Palais. Les biens profeclifs lont ceux qui viennent de la fuccelîîon direde du père , de la mère, & des autres alcendans. Profeciuia. PROFEC ri"ON. f. f. Terme d'AftroIogie judiciaire. C'eft un certain calcul par lequel les Aftrologues font l'aire un ligne tous les ans par ficliun a chaque planète & lieu du ciel. Les Anciens attiibuoient beaucoup de vertu zu\ profeclions ; mais Argolus regarde cette ob- fervation comme une choie illuloire. PROFÉRER. V. a. Ptononcer , articuler , faire entendre par le moyen de la voix. Ferba proferre , edere ,pro- Huntiarc. Chez les Hébreux le mot de Jehovah étoit le nom de Dieu intHable , qu'il n'étoit pas permis de proférer. On fe trouve quelquefois 11 confus, li inter- dit , qu'on ne peut pas proférer un mot. Le Prélîdent A proféré à haute voix fon arrêt, la condamnation d'un . tel. On ne profera pas la moindre parole de part &

d'autre. Scaron. PROFÉRÉ, ÉE. part.

PROFÉS, ESSE. adj. c^' fubft. Religieux, ou Religieufe qui ont fait leurs veux de Religion dans un Couvent. f^oto reiir;ionis objlriéius ^ prof e [fus rcUt^lonern. Il n'y a que les Religieux prof es qui aycnt voix en Chapitre. Un jeune projès , une jeune profe(fe. ProfÈs, fe dit aulfi dans quelques Ordres de Chevale- rie. Un C\\ev3.]ïev projès de l'Ordre de Chrift, en Por- tugal, de Malte, &c. ProfÈs. Ce mot s'emploie aulfi quelquefois figurémcnt <ïc comiquement , pour lignifier un homme qui fe con- noît en quelque choie. Expenus , cautus. Ainli Boi- leau a dit profès en l'ordre des coteaux , pour un hom- me qui connoilloit parfaitement de quel coteau étoit le vin qu'on lui prélentoit. PROFESSER, v. a. Ce mot fignifie proprement, faire un aveu public de quelque choie. Profiter}. Mais il reçoit ditférentes fignifications , lelon les ditfcrentes chofes dont on parle. On s'en fert ordinairement, pour déchi- rer & hiire connoltre'hautement qu'on eft d'une telle religion, d'une telle croyance. Les Martyrs ont haute- ment profejfé la Foi catholique. Les Proteftans profcf-

PRO

fent la croyance de Luther. Théièle dont je porte l'ha- bit, dont je profejjé la régie , avoit-ellc une obligation particulière d'cmbralîe: !a Croix; Bourd. Exkcrt. T.

I,p.322.

Professer , en parlant d'un ar: , d'un niérier , fignifie l'exercer , en taire un exercice [.ubhc. Ce Docteur^ro- jcjje la Médecine. Profiteri. Professer, ligniiie encore enleigner, donner de;S leçons publiques, & fe dit particulièrement des Regens de Collège. li profejfe la iihétoriquc , la Fhilolonhie , &c. PROFESSEUR, f. m. Celui qui ent-.;igiie publiquement les arts & les Iciences dans les Lnivetlités , dans un Collège. Profejjor ., Doclor. Un Frojejj'eur en '1 héo- logie , en Droir canon , en Médecine. Profejfcur en Philolophie , en Rhétorique. Il y a des ProjeJJ'eurs /Joyazc.v dont les chaires ont été fondées par les Rois, Se dont le revenu eft alfigné lur le Trelor Royal. Le pre- mier qui inftitua les LcdltUiS & ProfeJJturs Royaux à Paris, fut le Roi François 1, à la lollicitation de Guil- laume Budèe principalement, de du Bcllai & de Jean Lalearis. Il luuda onze Chaires, ik. la douzième fut " fondée par Henri II , & donnée à Pierre Ramus , lequel Ramus , par ion teftamtnt du 8 Août 156S, fonda aulli une Chaire de Mathématiques. Il y a douze Pro- feiff'eurs à l'Académie de l^eunure , qui ont foin de poler le modèle chacun dans Ion mois. Louis XIV éta- blit dans toutes les Univerlités desProfeJJeurs de Droit François. Il Icroit à propos qu'il y en ci'ir deux dans les grandes Univerlités , l'un qui donneroit des lullitu- tions, l'autre qui donneroit des traites alternativement. Dicï. des Art's 3 1731. Professeur. Les Chrétiens généreux qui avoient com- paru devant les Juges, & profciié la foi, fans être ci- tés, étoient appelés /'ro/tf/j'o/c'j j projeteurs. PROFESSION, f. f. Déclaration pubhque 6i folennellc de la religion , de fa croyance. Profeffio , comprejjio. (fX Faire une projejfion de foi, c'eft fiifc une décla- raticxn publique de la foi, des fentimens qu'on tient pour orthodoxes. Faire projefjïon d'une religion , c'eft en faire publiquement l'exercicç. On dit dans le même lens , je fais profejjion d'être votre ami , vorre lervi- icur, je lais une profejfion publique , fclcnuelle. Profession , le dit aulîi dans les Monaftères de la pro- melle qu'on lait lolennellement d'oblerver les trois voeux de Religion, & les règles de l'Ordre. Solennis ^ Religioforum votorum nuncupatïo , vel emijjio. On peut dire que le Concile de Trente , en accordant à leize ans la liberté de faire profejfion , a fixe un âge prématuré. L'ordonnance d'Orlcans Icmbloit rrès-jufte, de n'admettre les perlonnes à hiieprojt.fiîcn qu'en ma- jorité. On n'eft point reçu à faire preuve de h projefi fiion de Religieux par témoins , il iaut un aèïe loiennel. Par les Capitulaires de Charlemagne , il' étoit détendu de changer d'état , & de faire projcfi'wn dans un Mo- naftère lans le conleniement du Prince. Profession , lignifie auiiî la condition qu'on a choific dans le monde , le métier auquel on s'apphque, en un mot les dilferens emplois de la vie civile. FitAgenus, vita infiittttum -, rel ratio. Les clprits inquiets ne lau- roient le déterminer à choifir une projejfion j ôc à roree d'en changer ils n'en ont aucune. S. EvR. Le halatd fe mêle de la conduite des hommes , & il a louvent la meilleure part à \a. profejfion qu'ils cmbrallcnt. Bouh. Dès que Von s'eft tourne du côté de la Pocfie , l'on de- vient Poëte de profejfiion , fans pouvoir prefque être autre chcfe. Idem. Si l'on examine toutes les profef- fions du monde , un trouvera que ce qui les rend agréa- bles , !k ce qui foulage les peines & les faiigues qui les accompagnent , eft qu'elles prélentent leiuvent à l'efprit l'idée d'eftime & de crainte , que les autres ont pour nous. Log. La projefiion d'Avocat, de Médecin. L'un choifit h profejfion "des lettres, l'autre la profefi- _/7<v/ des armes. Chacun envie d'ordinaire la profejfiion des arures, & fe dégoûte de celle qu'il a embrairee.

Le Cardinal Bellarmin , dans Ion Livre De arte hene metiendï , compte de temps en temps de petites hiftoircs qui réveillent l'attention. En voici une de cette nature , p. 30 ^ &i 306. Étant , dit-il, allé voir

PRO

un malade qui avoir exerc-: une dangereufc/WKjT'o'ô tk qui n'avuic longé toute la vie qu'à anialler du bien; iL' commciii,aiit à 1 exhorter à une bonne mou , te ma- lade lui répondit tranquillement qu'il avoit (ouliaitc de lui palier, non pas pour lui, puiCque Ion iorretoit certain , & qu'il fe difpofoit à aller en enfer, mais pour ia femme & pour les eiiians. Cet endurcillcmeiir ht horreur au Cardinal: il tâcha, mais en vaindc dcinllcr les yeux à ce péeheur ob'finé, qui mourut clclave du dômon. L'Auteur auroic bien voulu ie dilpenler Je nous apprendre quelle était \i proji^JJion de ce miié- rable : mais le fruit qu'en pourront retirer ceux. i]ui ont embralle le même état , ne kn a pas permis de celer cette circonllaiice. Il nous déclare donc que c'étoit un Procureur. Ce fait, qui a trop de viaiicmblance pour le révoquer en doute , me renouvelle la mémoire de ce que j'ai lu dans Rabelais , liv. 4, ch. 46 , touchant les gens de cette profejjion , lefquels ayantappris qu'un diable le préparoit a les venir tenter , lui envoyèrent dire , par un tiuchement , qu'ils étoient tous à lui , pour lui épargner la peine d'un voyage exprès. Extrait de divers Ouvrages , petit in-J^". rmnufcrit ^p. 113,

Profession , fe dit auOI par extenfion en plulicurs ren- contres , des choies dont on fe pique , auxquelles on s'attache, dont on fait Ion capital. Faire profejjion d'être honnête homme , de tenir ia parole. Ne laites Tpomt profejfion de bel elprit , c'eft un caratlèrc trop décrié. S. Eva. Bien des gens qui font projejjion de piété, pèchent plus par l'elprit, qu'ils ne pcchoient par les lens ; & quand les vices grolhers les quittent, il y en a d'autres plus fins qui leur luccèdent. Dis. d'El. Il y a des gens qui fentant bien qu'ils n'auroient pas la torce de loutenir leur opinion, s'ils en avoient une, cèdent à tout le monde , & prennent le parti d'être complailans as profejjion. M. Scud. Le caradtcre des démons de profejjion, ell lulpcd aux gens lages. 11 ii'y a point d'animaux li farouches , que certains hom- mes qui font profejjion de mépris &C d'averfion pour tour le genre humain. S. Evr. I.es Savans de profejjion ont d'ordinaire, je ne lai quoi de lauvage & de grol- lier dans leurs manières. Bell. On dit d'un homme qui cR" dans 1 habitude du jeu, de l'ivrognerie, que c'eft un joueur, un ivrogne de projejjion. Ac ad. Fr.

rROFESS.OIRE. f. m. Ce terme eft en ufage chez les Bernardins ; il lignifie le temps qui fuit immédiatement la profelîîon : ce temps dure une année, pendant la- quelle les nouveaux Profès vivent dans une plus grande retraite que les anciens, "v font occupés à peu-près aux mêmes exercices que dînant ie Noviciat. Un an de profejjolre , l'année de profejjoire. Il y a chez les Clia- noines Réguliers de Sainte Geneviève, & chez les Ca- pucins , quelque choie de lemblable , mais fous des noms ditferens. Les premiers donnent à cette aniiéc-là le nom de Juvénat.

PROFESSORAL , ALE. adj. m. & f. Qui appartient , ou qui a rapport à la quaUté de PrcfelTeur. Il n'a point d'autre bien que la rétribution profe[]hrale. A-l. Bayle dk dans les nouvelles de Février 16S6 , que Jean Zuin- ger cli: àt izm\\\t prof ejforale , parce qu'il y en a eu cinq ou fix de ce nom fucceirivcnient ProfcU'eurs en Théologie à Baie. Etafrne nous apprend «lue Bomba- fius Ion bon ami, ayant le cœur noble Se bien placé , fe dégoûta de la vie profeJfora/e,a. caufe des querelles que la jalouiîe fordide de les rivaux lui attiroit. Dici. de Bayle, art. Bomhnflus , rem. A.

PROFESSORAT, f. m. L'emploi, l'état Se la condition d'un homme qui prolelle quelque fcience. M. Bayle dit dans les nouvelles de la République des Lettres d'Odobrc 1685 , art. 4^ que l'Académie des curieux de la nature peiifa échouer , parce que lès membres furent promus au Profejjorat , à un âge ils ne pou- voient plus vaquera cette forte d'étude. Plulicurs cru- rent qu'il s'étoit parfaitement juftifié , ( Vorltius ) & qu'on devoir le mettre en poUcllion du Profejforat. De la Roche. Wiclef fut pourtant obligé de quitter fon Profejforat, & de fe retirer dans fa Cure. Idem.

PROFICIA T. f. m. Certain droit que les Evêqucs le- voient fur les Eccléfiaftiques , & qui faifoit partie de Tome Fil.

P 11 0 3

ce qu'on appcloii les louables coutumes. 'Voyez Pas-

QUIER.

Quand on fouhaitoit qu'une pcrfonnc obtint l'ac- complillemeiu de les délits, qu'elle réiilsit dans ioil entrcprilc, on lui diloit , je vous (ouhaire un bon Pro- Jic'iat, Ce mot en latin lignifie qu'il reujfijje. On r,e le dit plus en ce Icns.

i'CT Les Apprentis' & Compagnons Imprimeurs don- noient autrefois le nom de Projicïat aux repas qu'ils le donnoient en diftérentcs occalions. Ces repas lurent détendus par un edit de Charles IX.

FROFiL. f. m. On difoit autrefois porfd. Terme d'Ar- chitecture. C'eft la figuicd'un bâtiment, d'une tortifi- cation , ou d'une .uitre coniliui lion, l'on a iliarqué les hauteurs , largeurs & épailïcurs , c'cft-à-dire , les lignes qui paroïtroient , li on avoir coupé à angles droits le bâtiment depuis le comble julqu'aux fonde- mcns; d'oèr vienc»qu'on appelle aulli en Architeélure & en Fortification cette tielcription , feclion , ou or- liiographie , ou coupe. Monogrammdi piclurx icon ,fcs- noi;r.!phia. C'eft la coupe verticale de quelque ou- vrage. On appelle aulli profil, le contour d'un mem- bre d'Architeéiure , comme d'une baie, &c.

iJCF On fe lert aulli de ce mot en Peinture , mais dans un iens ditférent, pour exprimer la délinéation du vilage d'une perlonne ou par un de les côtés , ou qui eft tourné de laçon, qu'on n'en voit que la moitié , un œil, une joue, une narine, la moitié de la bouche. Imago obli- qua. Le projil du vifige. Une tête vue de profil. Il eft oppolé à /^7t-i:. Cette femme eft plus belle de jace que de projil. Peindre de face , peindre de profil. Dans preique toutes les médailles les vitages font de projil.

Profil, le dit quelquefois de toute delcription qui ell oppolée au plan. Une Carte de Paris en projil. Sceno- graphia urbis Parlfienfis. Les vues en lointain font def- lînees en /'royf/. C eft la reprélentation d'un objet vu d'un de les côtés feulement.

Profil , au figuré. 11 le trouve du vrai dans cette penfée, à la regarder de profil. Journal de Trévoux.

ÇT PROFILER, v. a. Repréfenter en profil. En Archi- tecture , c'eft delîinex la coupe d'une corniche, d'un entablement , d'un membre d'Architcèlure. Delinearcy adiimhrare.

IfJ" En Peinture , quoiqu'on dife profil du vifage , on ne dit point , du moins ordinairement, profier un vilage, mais delFiner, peindre de profil.

ifT PROFILÉ , ÉE. part.

((3" PROFIT, f. m. Avantage , utilité qu'on retire d'une choie. Utilitas , quuftus , comtr.odum. Tirer du projit d'une atfaire , en pairager" le projit avec quel- q^l^un. Songer à ion profit. Faire de grands profits dans le commerce, par l'achat, par la vente, par l'échange des marchandilcs dont on fait le commerce.

On dit qu'une rente, une obligation lont pallées au proft d'un tel ; pour dire , à Ion avantage : qu une Sen- rcnce a été rendue à ion prof t , pour dire, en fa fa- veur. Les valets dilent qu'ils ont des profts en une mailon, pour dire , qu'outre leurs gages, ils retirent quelque chofe du cafuel. On dit, qu'un avare met roue à profit , lorfqu'il ne laille rien perdre, qu'il fait prof t de tour. On dit d'une chofe qu'on abandonne à quel- qu'un , faites-en votre profit. Cela ne fait point de pra- fit, c'eft-à-dire , ne diminue point la dépenfe. Cela eft tourné à fon proft , c'eft-â-dire, à Ion utilité.

Profit. On dit qu'une chofe eft faite à proft , pour dire, qu'elle eft faite de manière à pouvoir long-temps fervir , à durer long-temps. Voila un habit fait à pro- ft. AcAD. Fr.

Profit , fe dit aulîî des intérêts de l'argent qu'on met en rente ou fur la place. VJ'ura , quceflus , emolumenium. Le proft d'argent prêté par obligation eft ufuraire.

Profit avantureux. C'eft l'intérêt de l'argent qu'on prête fur un vailleau marchand, loit pour un voyage , loit pour chaque mois qu'il eft en mer , moyennant quoi le Prêteur court les rifques de la mer & de la guerre. Les prof ts fur mer font fort grands : on a quelquefois des profits de cent pour cent. Les AlFureurs de Mer ont part au profit.

Profit defef, eft un droit^jpi ?ll du au Seigneur domir

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nr.nî en plurieurs mutations. Frovcnrus cUenteU. Les quints & requints, les iods <S: ventes, les rachats, tout des projlts de fief , des revenus caluels. Profit jl'e dit auHi en termes de Pratique. Un défaut emportant /rq/ff j c'eft-à-dire, gain de caufe. Vadimo- nÏL adjud'icauo. Il faut faire juger profit d'un défaut. On ordonne louvent qu'on en viendra au premier jour, à peine de l'exploit , dont le prof.c (cia jugé iur le champ. Profit , f.- dit figurément en Morale , pour progrès. Cet Ecolier ne fait pas grand profit en clallc. Progrefius. On fe doit bien étonner du peu as profit qu'on fait au fermon. On tire beaucoup de profit de la ledfure de ce livre.

On dit proverbialement, c'cft un de ces niais de So- logne , qui fe trompent toujouis a leur profit. Omnia in rem Juam convertit. 03" Le mot de profit , relatif au bien être que nous ti- rons des choies extérieures, peut être conhdéré com- me fynonynie de gain , lucre , émolument , bénéfice , ou comme fynonyme avec utilité, avantage. §CJ" D.ms la première acception , le jPrq^r paroît être plus sûr , & venir d'un rapport habituel , (oit du tonds, (oit d'induifrie: ainli l'on dit les profits du jeu, pour ceux qui donnent à jouer ou fournillent les cartes ; & le profiu d'une terre , pour exprimer ce qu'on en retire, outre les revenus fixés par les baux. On nomme lou- vent profit ce qui eft vol. fer Dans la féconde acception , profit naît du gain que produifent les choies. V utilité naît du (ervice qu'on en tire. L'avantage naît de l'honneur ou de la commo- dité.qu'on y trouve. Un meuble a (on utilité. Une terre apporte Aw profit. Une grande mailon 3.ion avantage. Les profits font plus grands dans les finances , & plus ftéquens dans le commerce. Un bon livre fait le profit du Libraire.

Ce mot vient de profeclus. PROFITABLE, adj. m. & f. & fubft. Qui eft utile, avan- tageux. Utilis , lucrqfus. Avis, emploi profitable. fC? PROFITER, v. n. qui (e prend dans les dirtérentes lignifications du fubftantif profit. Proficere. Il fignifie faire du gain. Quîjlum facerc. Profiter à un marché. Il a beaucoup profité avec les alfociés. Ce marchand a beaucoup profité fur les marchandifes qu'il a achetées & vendues. ^Cr On dit en ce cens, faire profit erCon argent,furla place, à la bour(e_, dans lecommcrcejpardes voies injulles , comme les uluiicrsi c'e(t le faire valoir, en tirer intérêt. ifT Profiter , dans les choies morales, lignifie tuer de l'avantage, de l'utilité d'une chofe. Lucro apponere , fruclum , utiiitatem percipere. On profite du temps , àcs circonftances, d'une occalion favorable, des avis qu'on nous donne , des bons exemples , & même des fautes d'autrui. §Cr II fignifie auffi fiire du progrès dans les fciences, dans les études, dans la vertu, &c. Progrefium , progre[]us faccre , proficere. Profiter dans l'étude de la fagelle. Ael. Ce jeune homme a beaucoup profité àsçvns qu'on lui a donné un précepteur. Profiter en vertu, en fageffe, en (cience. $3" PRoriTER, dans la fignification d'être utile, fervir. Prodejfie. Les avis qu'on lui adonnés, lui ont bien pro- fité. Les biens mal acquis ne profitent point. De quoi ce- la vous profiter.a-t-il ? Profiter, fignifie .aulîî , prendre de l'accroiiretnent, fe fottifier. Creficerejaugeri. Les plantes des Indes ne /jmi- fiitent point en France , viennent mal. Un payfan qui voit que les beftiaux ne profitent point, qu'ihmaigiif- lent, croit qu'on les a enfotcelés. Ce garçon n'a point profité depuis fa maladie , il ne fçauroit reprendre d'em- bonpoint. PROFITEROLE, f. m. Ce mot fe difoit autrefois d'une p.\te cuite fous les cendres. Offafubcincricia. Mainte- nant les cuifinicrs font encore des potages àe profiterole avecde petits pains fans mie, féchés, mitonnes ,"& gar- nis de béatilles. ce? PROFOND, ONDE. adj. Épithètequi s'applique à tout ce qui a une caviEc'confidérable; toutes les cho- ies dont le fond eft élail^é de la fupcrficic, particulié-

P R G

rement à celles qui vont du haut en bas. Profundus , al- tus. Une nviète eu. proi onde . Ce puits elï profond. Un nbimc ed profond. Un iclié projond de \ine.z- dtv.^i pieds. Ael. {CF Quand on dit une- profonde révérence, une inclina- tion/ro/owti'i; , on entend celle qui (e fait en le pen- chant extrêmement. DiniiJJifiima fi.ilutatio. IJCT Profond, dans un fens hguié, ledit des chofes qu'il eft difficile d'approfondir. ï^oye-^ ce mot. Otftrufus , incelleélu difficilis. Les myftéies de la foi lont des abî- mes profonds l'elprit humain ne laucoit pénétrer. Les jugemens de Dieu font profonds. L'algèbre cil une Icience^ro/o/î^edont peu d'elprits lont cap.ablcs.

On le dit encore tant dans la phyficue que dans le moral des choies, pour faire entendre qu'elles lont ex- trêmes dans leur genre. Ainh l'on dit profond lommeil. Altus. Un projond filcnce. Toutétoic dans un calme profond. Un profond ze[pe&. Douleur profonde. Une profonde mélancolie. Une profonde triftell'e. Cela de- mande une prefonde méditation. Enfeveli dans Hnpro- fond oubli.

Quand on dit qu'un homme eA profond, qu'il a l'efprit profond , nous ne voulons pas laite entendre qu'il eft habile , comme le dilent nos Diétionnaires. Ce font les connoillances qui fe réduilent en pratique qui ren- dent habile. Celles qui lont le tiuir de la méditation rendent profond. L'homme profond eft celui qui ne s'arrête point aux luperficies , mais qui pénètre dans l'intérieur des choies ; il les approfondit. Cet homme eft profond dans les mathématiques , dans la phylîque. Il tient du (avant ; (es connoillances ne dem.indent que de la Ipéculation «ÎSc de la méditation.-

îfT Profond, le dit aullî par forme de fubftantif. Ce brillant n'empêche pas \e profond de la phylîque d'é- clater en bien des endroits de l'ouvrage. Mem. de Trév.

PROFONDEMENT, adv. D'une manière profonde.bicn avant. On le dit au propre Se au figuré. Ahè. Il a fallu creuier foit profondément pour trouver l'eau , peur faire ce puits. Les chênes poulfent Icuts racines pro- fondément en terre. Méditer profond-:Tnent (ur quel- que chofe. Choie profondément gravée dans le cœur. ■Vous avez le vice de vous jeter trop profondément dans l'amour, & de n'être plus qu'amoureux , quand vous l'êtes une fois. Le Ch. d'H. Les geiis<ie cabinet accoutumés h. lêver profondément, gardent unfllenee morne dans une converlation enjouée. Bouh.

(CT PROFONDEUR. 1". f. Étendue d'une chofe depuis fa fupeificie julqu'au fond. La profondeur d'un puits, d'une rivière. C'eft une des trois dimcnllons du corps géométrique, favoir la dimenlion du corps coniidéié du haut en bas. Altitudo , profunditas. Toute la quan- tité conlîfte en longueur, hrgeurôc profondeur. Quand on la conlidère par ce qui eft au-dellus dn rcz-de- chaulFée, on l'appelle hauteur ; & quand on la regar- de au-delîcus, on la nomme profondeur. On fonde îa profondeur de la mer vers les certes. On ne peut palier le Tigre à caule de (a profondeur. Abl. Cette canne- lure a trop de profondeur. Perrault. Ce bonnet n'a pas allez de profondeur , la tête n'y entre pas allez avant.

ICF Le mot de profondeur te dit auilî de l'éTcnduc en

longueur. Ainli l'on dit qu'une cour a tant deprcfvn-

■^eur, qu'une mailon a tant de profondeur & tant de

largeur, qu'elle a plu.i deprofondeurque de largeur.

Profondeur, ledit figurément en chofes mor.alcs. ^41- titudo , veljublimitas.ll faut adorer laprofondeuràn jugemens de Dieu , des (ecrets de (a Provio)."nce , des mylf ères de la Foi. On admire en ce Magiftiar la pro- fondeur de (a doélrine, de (a capacité. Tant eue rcr- Ipnne ne voit les bornes & la capacité d'un \'.iiiiiue, fa profondeur inconnue le (.\a rcIpccTet. Amelot. Crcmwel étoit un hypocrite rafiné, & d une profon- deur d'eCpmmcmyible. Flech. Il y a des gens qui n'ont pas, (i j'oie le dire, deux pouces de profondeu- : il vous les enfoncez, vous rencontrerez le tuf. T - - l-^oY. Profond.

PROFONTIÉ. adj. m. On appelle fur rv

fontié, un vailleau qui tire beaucoup .... .-

PRO

il faut beaucoup d'eau poui fiottcir. Dcmerjus ^ prà' fundus. ï'HO-rCJKMA. Wx forme. Ce mor ne fe dit que des Ict- ncs de change qu'un négociant, ou un banquicf eue furquelquun, à l'oidre d'un de les commis ou de quelque ami qui ne lui en paye pas la valeur. pRO-FORMA, (c dit aulli adverbialement dans l'ufage or- dinaire, en parlant d'une choie qu'on ne fait que par pure formalité. ,

PROFUSION, f. f. Libéralité exceflîve, prodigalitc. lu- xus. Il le prend louvent en bonne part, h ce n'ell des puilfanccs qui peuvent donner lans s'incommoder; ^<i alors c'elt magnificence Ik fouiptuolité. Alcxaiidre don- noit à les amis awcc profufwn. Dieu donne les grâces avec profujîon. Les profufions de Céfar étoient des corruptions Se àcs profufions politiques. M. Esp.Bré- bcuf fournit à Lucain des penlees magnifiques julqu'à la projijfïon. S. Evr.

Mais ordinairement on le dit eu mauv.iile part, de il fignihe, prodigalité, dépcnle excellive. Projuflo, prodigalitas. Il dépenfe avec projufion Ion patrimoi- ne, if donne Avec prof ufion. A ce repas il y avoir une grande projt^on de viandes. Tel fait des profufions à la vue de tout le monde , qui s'épargne le néceiraiie chez lui. M. Esp. Ceux qui prennent avec violence, pour répandre iszcprofufwn , font beaucoup plusex- cufables que les avares. S. EvR. On le dit aulli au fi- guré. Cet Auteur écrit avec wwz prof ufion de paroles & de citations qui eft défagréable. Les jeunes gens font comme une profufion de leur être , quand ils croient avoir long temps à le polfcder. S. Ev R.

liparoit certain que le mot de profufion dénote un excès de prodigalité ou de dépenfe : ainfi il ne peut jamais fe prendre qu'en mauvaile part, à moins que celui qui donne avec profujîon, ne prenne fur un fonds inépuifable. La profujlon ell relative aux facultés de celui qui donne, & au mérite de celui qui reçoit. On peut dire fans blâme , que Dieu a répandu (es bienfaits lur l'homme avec profufion , parce qu'il peut donner beaucoup, lïc qu'il donne toujours au delà de notre mérite. PROGENIE. f. f. 'Vieux mot. Rice , enfans. Marot. ^-J- PROGENITURE, f. f. Vieux mot qui fe difoitdes enfans. Tout pè;e eft fou de la progéniture, Jorel. Maxime aulli vraie au propre qu'au figuré. PROGNOSTIC. Foy. Pronostic. PROGRAMME, f. m. Terme de Collège C'eft un billet, un placard , ou avertillemement qu'on affiche , ou qu'on dillribue pour inviter a quelque harangue ou autre cérémonie de Collège, & qui en contient a- peu-près le lujet, ou ce qui ell nécelfaire pour l'en- tendre. Progamma. Les gens de Collège envoient des programmes pour aflifter à leurs déclamations & à leurs tragédies. PROGRÈS, f. m. Il iisnifie, avancement, mouvement en avant. Progrefjus. Le progrès du loleil dans l'é- chptiquc. Le procures journaher du foleil. Arrêter le progrès du teu , de 1 incendie. Progrès. Ce mot le dit particulièrement d'une fuite de conquêtes, d'une fuite d'avantages remportés a la guer- re. Progrejfus , progreffio. Les armées du Roi ont fait de grands progrès cette année , on a entré bien avant dans le pays ennemi. Progrès , fe dit aulîi en général de toute forte d'avan- cement, d'accroillement , d'augmentation , foit en bien, foit en mal. Progrefjus ^ augmentum. Empêcher le progrès d'une maladie. Faire du progrès dans les étu- des , dans les fciences. Les arts ont eu leur commen- cement Se ïsm progrès. S. Evr. Cet homme ne fait pas de ^tmâs progrès à la Cour. N'en multùm prof cit. Dans ce dernier liècle on a fait de grands »roprf5 dans la phyfique. La réformation fit de grands progrès en peu de temps. Ceux qui n'ont que des penfées d'am- ■bition-, ne cherchent à faire des progrès dans l'eflirae du Prince, que pour en faire dans la fortune. S^ Evr. Si la nailTance de l'amour eft tumultueufe , (es pro- grès ne le (ont pas moins. Id. L'amour eft obligé de décliner quand il a fait trop de progrès. Id*

PRO

Ff-ce donc là. Madame , Tout le progrès qu'Achille a fait defjus votre ame?

Racine.

Progrès. On dit dans l'école , qu'il n'y à point de /ro- grès à l'inhni ; pour dire , qu il n y a point de caulc dont l'aclion puillc s'étendre a 1 infini. Acad. Fr. Progrès , le dit aulli en termes de niuliqut , lorlque les notes procèdent par des intervalles défagiables &. dé- fendus. Cela s'appelle m3.\iS!iis progrès. Mala pro- grtfio , malus Incejjus. PROGRESSIF, adj. m. qui fe dit en cette phrafe: Mou- vement/^ro^^ri.;////, qui tranlportc d'un lieu à un autre; Motus progrejjivus j iocaiis. C'ed une queltion par- mi les naturaliftes, (avoir li tous les animaux à co- quille ont un muuv emcnz progrcjpj. Ils ont bien tous quelque mouvement intérieur, qui confifte , foit à étendre les parties de leurs corps & de leurs coquil- les , foit à s'ouvrir pour prendre de la nourriture j mais ce mouvement n'eft pas celui qu'on appelle />ro- grcfif, celui dont le propre eft de faire aller 1 animal en avant ou en arrière. Quantité d animaux à co- quilles font toujours adhérans Se collés cnlemble, oii attachés à des corps étrangers , & jamais ils ne fortent de la place le halard qui a porté leur frai , les a fait naître. d'Argenville. PROGRESSION, f. f. Mouvement en avant. Inceffus , progreffio. Les animaux ont un mouvement de pro- grejfion , par lequel ils marchent , ils le portent a un lieu à un autre. §3° Progression , en termes de Mathématique , eft une fuite de termes qui gardent toujours entr'eUx le même < rapport, c'eft-à dire, dont chacun eft moyen entre ce- lui qui-le précède & celui qui le luit. La progreffon eft arithmétique ou géométrique , lelon que le rapport qui règne entre ces grandeurs eft arithmétique ou géo- métrique. Foye-^ Rapport & Proportion. îfT -^r- 1 , y.i Si 7 , 9,11, &Ci Voila une progreffon arithmétique, dans laquelle chaque terme eft un moyeii proportionnel entre celui qui précède & celui quiluir^ 3 entre i & j , j entre ; & -•, 7 entre 5 & 9 , &'c. Se laditicrence z eft conllamment la même. Ainfi un terme quelconque de ctnc progrèffon eft la même chofe que le terme qui le précède, plus la ditrérence. îfT Si la proportion qui fe trouve entre les grandeurs efè géométrique, \z progreffion sa.p^e\\s géométrique^^, 1,2,4, 8, i^ 32, &c. Voilà une progrefion géomé- trique , 2 ell moyen géométrique entre i & 4, 4 entre i & 8 , &c. enforte que de deux termes conlé- cutifs , le fécond n'cft que le premier multiplié pac l'expofant 2. ,

Ce mot vient du latin progreffio. ' : . Progression. Terme d'Aftronomie. Mois Ae progrejfo/i de la lune : c'eft la même chofe que mois de conlécu- tion. Foye^ Consècution , ce qui concerne cd mois eft expliqué* PROHIBER. Vi ai Défendre. Prohihere ., vetare. Il n'a d'ufrge qu'en termes d'Eglife &■ de Pratique. C'eft une nulhté dans un m.iriage, quand il eft fait fans difpenfc, dans un de^ié prohlté par l'Eglife, c'eft a-dire, dans le degré de parenté la Loi défend de fe matieri y avoir plnfieurs viandes que Loi ancienne avoit étroitement jt7ro-^ii^e£5. Prohiber h traite d<s blés. Pro- hiherlz port d'armes. Cela eu. prohibe p3ï les Ordon- nances.- PROFilBITION.f. f; Défcnfe. Prohlbltlo finhlbitio. \Jti reft.ateur lègue fcuvent avec prohibition^ d'.iliéner. Un père fait une prohibition à fon fils de fe m.irier avec une telle pcrfonne. Ce mot n'efl guère en ufage que dans l'Eglife & au Palais.. ::o;i..': ;

PROIE, f. f. Ce que raviflenf & m.angent 1^ animaux carnaftîers. Prdtda. Un oifeau de. proie, qui fe jette fur (3. proie. Tous les .-inimaux farouches vivent de proie Se de rapine. Ce mouton a été la proie du loup.

Je fuis par-tout un fat comme un chien fuit fa proie.

Boa.

Proie , à l'égard des hommes , fe dit par cxtenfion toute forte de butin. Ce Conquérant a lailfé une tefe

6 PRO

ville en proie à Ton armée , il l'a abandonnée au pilisge. ■Un pays (ans foneielle cil en proie au prcniiifr occu- pant. Les ToMats , après la bataille , partagent leur proie j leur butin. Les archers s'en vont avec leur proie , le voleur qu'ils guectoienc. J'roie, le dit figurément, & aVec beaucoup d'élégance en choies Ipirituclles & morales. Pr-dda , fpolium. L'ame du pécheur ell \-3, proie du démon. Les gens vo- luptueux iont la proie de leurs pallions ; pour dire , qu'ils lonc abandcnnés à leurs pallions. Je luis la/'/();'t de ceux que j'avois haïs. Théoi'H. Les divihons les donnoient zw proie à l'avarice des Etrangers. Aelanc. Quand il ne nous rclîe nulle elpérance, nous demeu- rons comme ftupides, & nous nous livrons en proie à nos maux. Fel. Le Saint arracha des bras de la mort une proie qu'elle avoir déjà prelque enlevée. Fléch. Je vous lailfe en proie à votre caprice. S. EvR. On dit , être en proie à les pallions, à (a douleur; pour dire, être abandonné à les pallions, à la douleur. Acad. Fr. Etre en proie a la médilance, à la calomnie, être déchiré par la médilance, par la calomnie.

Pourquoi toi-même en proie à tes vives douleurs , Chenhes-tu'fans raij'on à grojjlr tes malheurs ?

BoiL.

De tant de pcjjlons dont nous fommes la proie , J'ignorois prejque tout j hors l'amour & la /pie.

Cerisy.

Jefovffre tous les maux que j'ai faits devant Troye, De combien de remords m' ont-ils rendu la proie ;

Racine.

%cy- PROJECTILE, f. m. On défigne ainfi en Mécani- que tout corps pefant , jeté en l'air f uivant une direc- tion quelconque, &z abandonné enfuite à l'adtion de la pelantcur. Telle eft , par exemple , une pierre lancée avec la main ou avec une ironde , une flèche déc-ochée par un arc , ou un boulet qui p.rrt d'un canon ou une bombe d'un mortier. Les projecliles j abllraclicn hrirc de la réliflurncc de l'air, doivent décrire une parabole.

|>Cr PROJECTION. (. f. Adion d'imprimer du mou- vement à un projettlile. Projeclio.

(fT Projection , en termes de Géographie & de Perf- pecftive, eft une certaine vue Iclon la fituation des corps , dorit on trace la delcriptioifcfur un plan , tels qu'ils paroitroient , il l'œil étoit placé en un certain point. Projeclio. Ainh on appelle projeclion , la ma- nière de tracer (ur un plan les Mappemondes luivant ime certaine vue lic htuation des parallèles «Se des mé- ridiens. La projection ordinaire eft celle de la Iphère droite , le premier méridien lert d horizon , tous les autres méridiens coupent les pôles en lignes obli- ques. L'autre projcclion eft celle l'équateur lert d'horizon , le pôle eft au centre , les méiidicns Iont dé- crits par les rayons du cercle, & les parallèles par des cercles concentviqucs.Ellereprélcntela Iphère parallèle.

le? La projeclion de la Iphère eft orthographique ou lié reographique. La projcclion orthographique eft celle la iurface de la Iphère eft reprelentée lur un plan qui la coupe par le milieu, l'œil étant placé veiticale- ment à une diftance infinie des deux hémilphères. Foye-:^ Orthographique.

ifT La projeclion ftéréogiaphique, eft celle la fur- face de la fphèrc eft repréfentée fur le plan d'un de les grands cercles , l'ail étant fuppofé au pôle de^ce cercle, /-'oyc^ StÉréographiq.u£. i.à .i-jq

Toute figure plane qui fera perpendiculairénupJan de prcfecïwn, ne lauroit erre autrement projetée que lelon uRe ligne droite ; car toutes les perpendiculaires qu'on abaifteroit d«s différens points de cette figure , doivent de nécclliié tomber dans la fedion commune, qui , comme l'on lait , eft nécelfairement une ligne droite. Injiit. JJtron. p. 214.

Projection, en termes d'Alchimie, fe dit d'une cer- taine poudre chimériciue , que des Charlatans difent avoir la propriété de changer une grande quantité de métal imparfait, comme le plomb & le cmvre, en ur^

PRO^

-plu; parfait , comme l'or & l'argent, pcair peu qu'on y en jette. Projeclio. C'tft ce cju on appelle poudre de projection , pierre philofophak.

On appelle aulli projecaon en termes de Chimie , une préparation qui le tait de quelques lubftances , en jetant à djftérentes reprilcs dans un creufct pofé lur un feu violent, quelques drogues convenables au dellein del'Artirte. Projectio , projeclur.i. §0" On jette avec une cuilher dans le crtulet la matière en poudie qu'on veut calciner. î'es ulages knit bornés aux altérations loudair.es, qui le fo;;t par le moyen du reu dans des matieiei inflammables , & qui li^nt accompagncei de détonation. F'oye'^ Détonation. Projection. Terme de Mécanique & de Statique. La projection d'un poids, c'eft le mouvement d un poids jeté par une puilFance, ou la ligne que le poids déciic par Ion mouvement. La projeclion eft ou verticale, on hoiizontale , ou compofee de la verticale ou de l'hori- zontale. iCT Ce terme eft louvent employé dans la Phyfique Newtonienne. Les Newtonicns font honneur a leur maître d'avoir découvert les cauies du mouvem.ent des planète;s. Quelles cauies! Le vide, la ^ ro; erï/o/z j 1 at- traè-tion. Ditu a jeté les aftres aii halard dans le vide, t\' l'attraclion les a retirés du mouvement de projec- tion pour les alfujettir au centre. On dit auih mouve- ment de projection J lorcc de projcclion. Newton en- tend par-la l'eftott que fait un corps mu dans une courbe, ou ciiculairemcnt peur s'échapper par la tan- gente. Il faut trois forces combinées enlemble pour former l'élipticité des orbes planétaires. L'une eft ccn- tiipète , confondue par Newton avec la pelantcur; une de projeclion par la tangente , l'autre en hauteur par le mouvement des aplides. Or , ou la force centri- pète & la force de projection Iont égales, <l<i: 1 alhe dé- criia un cercle; ou elles Iont inégales, & l'aftre attein- dra le centre ou loyer de la courbe, ou s'en éloigner* à l'infini par une Ipirale alcendante eu delcendante, n'y ayant rien qui puille fufpendre l'eftet de lune ou del'autre, dès qu une lois elle eft lupérienre.CASTEL. Newton reconnut Inentùt que la pelantcur primitive ou tendanie des parties de la matière les unes vers les autres, combinée avec un mouvement de projection, produiroit le mouvement curviligne des planèrcs. PROJECTURE. f. f. Terme d'Architcdure, qui le dit des faillies & avances que Iont les corniches de autres membres des bâtimens. Projecîa, proidificata. PROIER. vieux v. a. Prier. JVlcrci proie ■, je demande

merci. Glo[f'. des Poe/, du Roi de A"av. PROIÈHE. f t. "Vieux mot. Prière. Oratio , precatio.

BoREi. Pocf. du Roi de Nar. 'ïyT PROJET, f m. C'eft proprement un plan eu un ar- rangement de moyens peur l'exécution d un deftein : «Se le dellein eft ce qu'on veut exécuter. Conjilium. Syn. Fr. a nous voir faire de li longs /»ro/er5 de for^ tune , on diroit que nous nous croyons immortels. Flech. Combien de projets contraires forme l'homme pour établir les affaires & Ion repos. M. Esp. Un Gé- néral fait un projet de campagne , &: n'a pas moins d'attention à cacher les deJfeinSi qu à découvrir ceux de l'ennemi.

On dit ordinairement des projets, qu'ils font beaux ; &c des dc[feins, qu'ils font grands. La beauté des projets dépend de l'ordre & de la magnificence qu'on y re- marque. La grandeur des de[]eins dépend de l'avantage év: de la gloire qu'ils peuvent procurer. Il ne faut pas toujours le lailfer éblouir par cette beauté ni par cette grandeur ; car fouvent la pratique ne s'accorde pas avec la fpécuL-ition; l'ordre admirable d'unfyftème,& lidée avaiirageufe. qu'on, s'en eft formée , n'empêchent pas quelquefois que les projets n'échouent, & qu'on ne le trciuve dans l'impollibilite de venir à bout de Ion dellein.

Le mot de projet le prend aulïi quelquefois pour la choie même qu'on veut exécuter. Alors il devient prel- que lynonyme avec deftein ; mais il fe trouve encore enrr'eux une différence délicate que vous trouverez au juot dejj'ein. Projet , û diç aufli «i'un mémoire povir ce qu'il faur

PRO

pour fexéeiuion d'une affaiie, de la piemiàe penfcc d'une chofe mifc par éciif.Oii dielic un projet d'acte. On laie un projet dairiclcs pout un mau.ige. hiit le projet d un ouvrage qu'un veut donner au Public. ^ En Archircchire, \c projet clt une cfquilL- de la dil- tribution d'un l)àtimcnt , cjnt'jrménK'nt a l'jnrcntion de celui qui veut faire baur. C'cft encore un mcuiuire eu gros de la djpenlc a laquelle peut niunicr la coat- rruction.

On dit en Peinture d'une figure cro quce, que ce n'tft qu'un liniple /To/tY. Sunplcx dciuuatio ^ dcfi-

gnatio.

On appelle /TO/ec fur la côte de Barbarie, & fur- tout au balhon de France , fe tait la pêche du co- rad, celui des Corailkurs qui jette l'elpèce de hiet ou de chevron avec lequel on lue le corail du tond delà mer.

PROJETER. V. a. former quelque projet. Meditari , anima deJUnarc. Alexandre avoir projeté la conquête du monde. On avoir projeté depuis long- temps la jondion des mers ; ce qui n'a pu s'exécuter que de notre temps. Cet homme a projeté de marier la fille avec un tel. Il a /'ro/crt? d'acheter une tqlle terre. Ses ennemis avoicnt projeté de I alfailiner. On nexccure pas tout ce .[U'on projette. Us rélulurent d'exécuter le delfein quils 2.\'o\cni projeté. Vaug.

ffT Projeter , lignifie aulli tracer tur un plan ou fur une furface quelconque la (phère , ou quelqu autre corps , fuivant cerrames rcglcs. Projeter les cercle horaires avec 1 c juinoxial , ôi les tropiques fur un ca dran. /'''ovf^ Projection , en termes de Géographie.

Projeter. Terme de Chimie. C'cll hire la projection de quelque matière. Charas. Profieere. i^oye-^ Pro- jection.

PROJETÉ , ÉE. part.

PROIEZ. f f. Vieux mot. Butin. Borel. Proie. Pr&da.

PROISIÉ , ÉE. Vieux adj. Prifé , preux. Borel.

PROLABIA. Devant des lèvres. Terme d'Anatomie. Les parties avancées des lèvres s'appellent pro/iz/i/tz. Dio Nis. Ce mot eft latin.

PROLATION. f. f. Terme de Mufique. Voyei Roule- ment. C'eft la même cho(e.

ProlAtion. Parole. Marot.

PROLÉGOMÈNES. I. m. pL Difcours, ou Traites pré- paratifs qui contiennent les choies dont il taut inf- truirc un Lecteur, afin qu il puillc mieux entendre quelque Hvrc, ou quelque fcience, pour en taiie bien (on profir. Prolegomena. La plupart des Iciences de- mandent quelque infuudion prelimaire, eu prolégo- mènes.

PROLEPSE. f f. Figure de Rhétorique , par laquelle on prévient ce que les adverfaires pourroient objecter. /'ro/<?yr/?j. Par exemple, quelqu'un dira peut-être, (St.

PROLEPflQUEMENT. adv. P,ir prokpfe , par antici- pation. Prolepticè , per prolcpflin- T'M\t\: proie ptique- ment. Chast. Martyr. T. ly p. 2^ j. Cer Auteur a fait ce mot , dont perfonnc ne s'efl: fervi après lui.

§::?- PROLETAIRE, adj. & (. Terme d'Hiftoire Romai- ne. On donnoit ce nom à la fixième Se dernière claifc du peuple Romain , laquelle comprenoit les pauvres citoyens de la Républi ..ue. C'n les iiommoir proletai Tes, du latin proies , comme n'érnnt utiles a la Répu- bli ?,ue que par les enfans qu ils engcr.droicnt. La pro- létaires étoient exempts d'aller a la guerre. Froletarii. Proletarius , a, um. Qui eft de baffe condition. C'eft pour cela que Plaute a dit Proletarius fermo. Façon de parler populaire, balfe.

IJCT PROLIFERE, adj. Terme, de Bot.-inique , du Latin Prof/fer. On appelle /c/.r prolifère , celle d'où il parc une tige qui porte un b.,u ]uer de feuilles: alors c'eft prolifer frond:us : ou celle d'où il part une tige qui porte une autre Heur. Prolifer flos. Il y a des poires prolifères , de l'oeil defquelles il fort ou des feuilles , ou des Heurs ou des fruits, /''byc'? Monstug-^ité

PROLFIQUF. adj. f Terme de Médecine. Qui a les qualités propres pour engendrer. ^ro''Jicus. Les Mé- decins prétendent conno'itre quand la femence eft/^ro- lifiquf. Tous les hommes n'onr pas I.1 y enw prolifique. Aurefte,je vous affure qu'il 'pofsède en un degré

PRO

7

louable la vertu prolifique y ôc qu'il eft du tempéra- ment qu'il faut pour engendrer ik procréer des cnians bien conditionnés. Mol.

CO" On deligne aulli par cette épithète les remèdes qui aident a la généiation, en exeitant au plailir de l'a- mour. Hcmèdcs prolz/iques ^ plusurdinairemeiic aphro- dijiaques.

PROLIXE, adj. m. &: f. Trop long , trop étendu. Lon- gior , proli.xus. Il le dit des difcours, des haiangucs, cv de ceux qui les f mt. Cer homme eft prolixe dans les diicuurs , dans les railonnemens. Le djlcours de Gallendi , c'eft d'avoir été trop dittus , prvlixe , d'a- voir traité les matières trop au long. Un tiaitc pro/ixe eii ennuyeux.

PROLIXEMENT. adv. D'une manière prolixe , avec trop d étendue. Prolixe , jufuis. Il taut aftcCter un ftyle ferré, &c ne pas écrire prolixement.

PROLIXlTt. 1. f. Longueur , trop grande étendue dans le drkours. ProUxitas.'^ns.nàon paile a\ te proùxité^ on ennuie, quelques bonnes choies qu'on dile. Ces harangues en forme à la tête d une armée , Ôc ces dé- libérations d'une ennuyeule prolixité qui fe font fur les affaires dont on parle , ne font plus d ulage dans les hiftoires bien ieniees. Le P. Rap. Calvus reprenoit dans Cicéron fa prolixité. Morabin.

§3" Prolixe , eft 1 oppolc de iuccmct. L'orateur doit être fuccincl & d-^us , klon le lujet qu'il traite , & l'oc- calion il parle; mais il n'dl jamais peiniis d'étte prolixe. La prolixité confifte dans des détails minu- tieux ou déj-laccs.

PROLOGIti). 1. h pi. On donnoit ce nom aux fêtes que 1 on cclébr. it chez les Grecs avant de luciIIh les huits, comme ion nom le porte. De Afjù', cueilLr.

y3° PROLOGUE, f. m. Ce mot vient du grec ■^f'Aojof /iro/ûij^iii^/r;, préface, avant-propos, -s,' devant , ^'7" dijcours. DilcoUii 4U1 précède quelque chcfe. Prolo- gues de S. Jriêiine lui les livres de la Lible. On ne le dit en ce lens qu'en parlant de ces efpcces de Préfaces des anciens , auxquelles ils avoient donné le nom de Prologues. Prologus.

l^T pRCLOGUE, fe dit plus ordinairement d'un difcours, d'un ouvrage qui iert de prélude a une pièce drama- tique.

03" Les anciens introduiloient dans leurs ^ro/cijÇ«ej quel- quefois un kul aifteur, quelquefojs pluiieurs interlo- cuteurs. L'objet de ces prologues , étoit d'apprendre aux Ipedateurs, ou aux leâcurs, le fujet de la pièce, & de leur en facihter lintelhgence, eu quelquefois de faire 1 apologie de l'Auteur. Prologus. On appeloic même Prologue,l'Adem qui le récitoit. Le Prologue etoit une partie de la pièce , mais partie accelIoire.'Les modernes ont banni 1 ul.ige 'des Prologues.

On fait encore àes prologues dans quelques fpecta- cles; mais ils ne regardent guère le fujet de la pièce. Le prologue de l'Amphitrion de Molière , les prolo- gues des Opéra, font des ficlions qu'on fait pour par- ler à la louange du Roi , ou d'autres chofes agréables. Proloquia.

Prologue , iignifie quelquefois dans le difcours ordi- naire , préambule. Proœmium j pr<efatio. Il m'a fait un long ^ro/o/z^^i/e. Je vous prie, parlons [ans prolo- gue j allons au fait. De fes rares vertus il te fait un prologue. BoiL.

PROLONGATION, f. f. Augmentation de la durée fixe de quelque chofe. Prorogatio, produciio. On obtient ailément une prolongation de délai pour faire unç enquête. Prolongation d'une trêve.

PROLONGE, f f Terme d'Artillerie. C'eft un cordage qui feit à tirer le canon en retraite , & quand une pièce eft embourbée. Il y en a de doubles & de limples.

PROLONGER, v. a. Rendre plus long, .ajouter a la du- rée d'une chofe. Prorogare , producere , protendene y trahere. L'on a prolongé le temps de fon exil, on ne l'a point rappelé à la Cour. Les èi^OxieviK prolongent tant qu'ils peuvent la pourfuite d'un décret , pour jouir toujours de leur terre. Quelques Chirurgiens prolongent les maux qu'ils pourroient guérir promp- tement. Jésus-Christ /';o/o«:;et2 les jours du Lazare par un miracle. Prolonger (x vie. AsLAtic, Prolonger

8 PRO

{"es malheurs. Rac. On dit en Géométrie, prolonger une ligne; pour dire, la faire aller plus avant , la ren- dre plui longue , jul'qu'à ce qu'elle ait la longueur af- lignée. Prolonger, en rermes de Marine, c'eft avancer Ion na- vire contre un autre, &: le mettre côte à côte , flanc à flanc, ou vergue à vergue, cniorte que leurs vergues croient piolongécs, elles ne feroicnt qu'une ligne. Ziz- tus navis alterins navls Latcrï adjungere. Prolonser un vailleau. PROLONGÉ, ÉE. part.

PROLUSION. r. f. Ce mot n'eft en ufagc que pour quelques ouvrages que l'on lait avant un autre, com- me des préludes , pour s'exculér. Prolufîo. Diomcdc appelle prolufwns , le CuUx de Virgile"^ & fes autres opuf cules , parce qu'il les fît avant fes grands ouvrages. Les prolujio/is de Strada font des ouvrages fort ingé- nieux. M. Hiiet favoit les prolufions de Strada par cœur. fC? Prolusion , fignifîc aufli l'annonce publique que font les Profeireurs de leurs exercices ^V des matières qu'ils doivent traiter. Les ProfefTeurs du Collège Royal publient àes prolufions ou annonces pour leurs exer- cices. GOUJET.

PROM, ou PRON. Nom d'une ville de l'Inde, de le Gange. Pronum. Elle eft fur la rivière de Ménan , au nord de la ville d'Ava , & elle ell capitale d'un petit Royaume qui porte fon nom, & qui dépend du Roi d Ava. Mat y.

I^PROME. Terme de Coutume. Foyer Vkeu^sse.

PROME-CONDE. f. m. Dépenfîer. Rabelais. Borel. Promus-condus.

PROMENADE, f. f. Lieu l'on fe promené. Jmbu- latio , deamhulatio. Le Cours de la Reine, les Tuile- ries font d'agréables jî'ro/Tzraaû'ej. Voyei Promenoir. On dit hyperboliquemenr , pour témoigner qu'un lieu n'ell pas fort éloigné, que ce n'efl qu'une oro/ne- nade.L.c Marchand va tous les ans enEfpagne, ce n'efl pour lui qu'une promenade.

Promenade , ell: aufli l'aÛion de fe promener. Deam- bulaao. Allons faire un tour de promenade. Il cft allé faire une perite promenade jufqu'en Flandre. On dit \^ promenade ell belle aujourd hui ; pour dire , qu'il iait beau fe promener, que le remps y eft propre Acad.Fr. ^ ^

^C? PROMENER, SE PROMENER, v. récip. Marcher, aller a pied , à cheval , de quelque manière que ce foit' Imiplement pour faire de l'exercice, ou pour le diver- tir. On fe promené à pied, à cheval , en carroffe. On va fe promener aux Tuileries , au Cours , fur le Bou-

^vard, dans les Champs. Ambulare , deambulare.

ÇCT Promener , eft aullî aétif. Promener quelqu'un c'eft le faire aller çà &r pour le divertir. On pro"- mcne un enfant pour l'empêcher de crier. On promène un Provincial pour lui faire voir les chofes rares &: curieufes. Un Héraut promenoït chaque athlète dans toute l'étendue du Stade. Circum agere , circum du- cere.

ffT Promener un cheval, c'eft le faire aller doucement au pas en montant deflus, plus ordinairement en le tenant par la bride ; ce qu'on appelle promener en main. KJnpromene un cheval qui a les avives.

On dit .au M:inèëe, promener un cheval fur le droit ; pour dire, le faire marcher fur une ligne droite. Equum agere, ducere ad dextram. U promener (m ks voltes entre deux talons, la tète &les hanches dedans; pour diie , le fane marcher de côté entre deux lignes.

ir^ Un dit , au hguré, promener fon efprit fur divers ob- jets promener fes yeux , fes regards. Mente , ocuiïs perlujhare C eft porter fes penfées , tourner fa vue vers ces objets. Promener (es ledeurs à droite, à gau- che, tantôt d'un cote tantôt de lautie, leur préf enter d vers objets. Ocuhs fubjicere proponere. Quand un rhlo(x,phereve,il;,.„.f^ tion, fui tous les êtres de la narure. Le Pnnce vrome-

nne Z F".' ''""^ " ^'l ^f^" '^' l'-"fcmblée. Quand une profonde paix règne fur la mer , n'y a t-il pas beau- coup de plaifu- a promener fes regards fur une étendue £ vafte & fi urne ï Bouh. PUtoij Hiic égayer 4s

vr le*

PRO

Lecteurs en les promenant à droite & à gauche. Dac.

On dit aulîl promener (on chagrin , fes inquiétudes, en parlant de ceux auxquels le chagrin ne laiil'e aucun repos.

IP" Oii dit proverbialement à quelqu'un qu'on mépri.fb, ou dont on eft mécontent, allez vous promener. C'eft un ennuyeux perfonnage , qu'il s :,i\\t promener , je f enverrai promener.

nDr^Srïï°^ '''"'^ '^" latin ^^ro^i/zarc. Ménage. PROMENE, EE. part.

PROMENOIR, f. m. Lieu propre pour fe promener, f on a accoutume d'aller a la promenade. Amhulacrum, vel ambulatonum. Tour étoit grand dans les édifices de S.alomon: les veftibules, \ts promenoirs. Boss. L'a- grément de cette ville , c'eft qu'il y a a lentour de beaux promenoirs. Proche des Théâtres , il y avoit des vromenoirs publics. Ab. de Vit. Elle voulut aller voir \es promenoirs , en attendant 1 heuj:e du fouper. Voit. Les ombrages des promenoirs font toujours rafraîchis par 1 aile du zcphir. Sar. r? Ce mot a vieifti, & n'eft prefque plus en uf:igc. On lui a fubftitue promenade. Cependant ces deux mots ne font pas fynonymes. Promenoir tient plus de l'art que promenade , qui fuppofe quelque chofe de plus naturel. Les Tmleries, le Cours, &c. font des prome- noirs. \Jne plaine, une prairie, &c. font àespromena- ^ej. Pourquoi ne jpas confervcr un mot qui a fon ca- radcre propre & finguher ? Je le répète encore , crai- gnons d'apauvrir la langue. ce? PROMESSE, f. f. Aflurance qu'on donne à qucl- qu un de dire ou de faire quelque chofe, engasemenc que nous contraaons de faire a quelqu'un un avantage dont nous lui donnons l'efpéiance. Pwmijjum, pro- mijjio , pollicitdtw. Un honnête homme ne manque point afa/7ro/72eire. Promijojlare. Dieu a voulu in- terefler l'amour propre par des promej] es ,zni]:i biea que par des menaces. Ablanc. Ne vous laiffez pas lediiireni éblouir p.ar les vaines c\' trompeufés oro- mejjes du monde. Boss. \]ne prome£'e injufte n em- porte point d'obligation. Le Ch. de M. UnCourtifan iiabile ne fe fie point aux promejes de la fortune , & ne veut point que fon bonheur dépende de festapri- ces. M. Esp. ^ '

rambitieux courbe fous le fardeau des ans. De la jonune encore écoute les promeffes.

Des-Houl.

EJl-il jufte après tout qu'un Conquérant s'abaiffe, ISous lajervile loi de garder fa promeffe? Rac

^ Promesse , en Jurifprudence, fîgnifie plus exprelTé- meni une convention de donner quelque chofe à quel- qu un, ou de faire quelque chofe pour fon avanrage. Conventio , paclum. Il y a des promeges verbales , d autres rédigées par écrir. Ces dernières font fous lemg prive , ou paflées par-devant Notaires. Ces diffé- rentes promeffes produifent diftérens effets. On vend un héritage avec /,,o«t^è de garantir, fournir &faire valoir, quoiqu'on omette cette claufe , on eft toujours garant de fes faits &c promcfùs. On n'eft point rece- vabfe a faire preuve par témoins aune promcITe ver- bale de mariage. Il eft défendu à tous Notaires de re- cevoir, & a tous Ptêtres d'exiger des perfonnes qu'ils nancent , des promeges de mariage par paroles de prefent. '^

C^ La. promejfe de mariage eft un écrit, par lequel on s engage a epoufer quelqu'un.

#3- On appelle abfblument;»ro/72f/r^,un billet fous fein- prive par lequel on s'engage de payer quelque fom- me. J M Li promejfe. Faire reconnoitre une promege.

v/c^kTMLÎV^T' '^'"' "" '"' '^™P^' ^ volonté.

P^^,^^E™EE f. m. Homme célèbre dans la Fable. C etoit 1 un des fîls de J.apet , qui , félon les Poètes , déroba le feu du ciel , pour en animer l'homme eu il avoir forme ; en pumtion de quoi Jupirer le fit 'en- chaîner fur le Caucafe , un vautour lui dévore le tois qm croît pour de nouveau.^ liipplices.

Prométhée,

PRO

PROMérHÉE. Teime d'Aftrononiie. I.c; anciens A(Iloiio- mes donnent ce nom à lune des ii coniltUarions iep- teiitrioiiales. Prometheus. Llle cil conipolJe de iS étoiles. Six de la troifîcme, 17 de la quatiiànc , a de la cinquième, & 3 de la fixième giandeur. On ]'a(/pclL" auiîî Hercule j ou Engoua fis.

Prométhéc. (. F. Terme de Botanique. Ilirha Pioiv.c- thea. Plante tabuleut'e , mais fort célcbte che^ les An- ciens. Voici ce que l'on dit de l'es propriétés, du lieu elle fc tiouvoit, de (a Heur & de (a racine. Apollo- nius de Rhodes, !.. in , il: l'expediùon des Argonau- tes , V. i'^? y & fuiv. dit qu'elle lendoit invulnérable, & prélcivoit de l'adion même du feu. 1 lut.irquc, eu l'Auteur du Livre «'f' ■arolf^M», qu'on lui attribue , rapporte d'après Cléanthes , que Nlédée s'en étoir fer- vie. Valerius Flaccus, au L. Vlll des Argonautes , v. j if, dit qu'elle s'en Icrvoit fouvent. Il ajoute que cet- te plante étoit toujours \cïte , immona/e virens , Si qu'elle loutcnoit les coups 6c les feux de la foudre , fans en être endommagée.

Stat fulmina contra Sanguis, & inmedàs florcfcunt ignïbus herhi.

Si l'on en croit Properce, elle guérilfoit de l'amour. Liv. ! , hUi;. XII, V. S & /?. Cette lieibe,au rapport des Auteurs rue j'ai cités, Cléanthes, Apollonius Rho- dius, V. S \o , &c Propercc, naiffoit dans les monta- gnes où Prométhée fut attaché, c'eft-à-dire, lur le mont Caucale; fa fleur, luivant la delcripiion qu'en fait Apollonius, v. S S3 > étoit longue d'une coudée, portée iur deux tiges, & relîembloit au crocus de Corcos, tort eftimédans l'antiquité. Pour i'a racine, le même Apollonius , v. S ss i rapporte qu'elle reifcm bloit à de la chair récemment coupée, & qu'elle étoit pleine d'un lue noir, tel que celui du hctre des mon tagnes. Enfin Séneque,v. /o/j&les Auteurs que j'ai cités, font entendre que cette herbe nailloit des gout- tes du iaiig qui dégoutoicnt des morceaux du foie de Prométhée, qite le corbeau emportoit.

Les Grecs l'appeloient »(n,"-r?'"v, du nom de Pro- tttéthée , npt,"»'5.ivt.

On ignore ce qui peut avoir donné lieu à toutes ces fictions po'c'tiques. PROMETTEUR , EUSE. f. m. & f. Qui promet beau- coup , &C légèrement : qui tient peu de chofe. Laro'i- ioquus , polikitor. On ne fe doit guère fier à ces grands prometteurs. Les Mufcs font de grandes promtticufes. Mol. Cela n'cft bon que dans le flyle familier. •PROMETTRE, v. a. Je promets , tu promets , il pro- met, nous promettons , je promettais , je promis , j'ai promis. Je promettrai. Quejepromiffe. S engager, af furer, faite elpérer quelque choie à quelqu un, s'obli- ger à donner , ou à faire quelque choie. Promittere , poUiceri. Il ne regaids que le futur, & l'on ne doit point dire , en affirmant une chofe paifée , je vous pro- mets que cela eft exécuté. HÉfl. Dieu a promis fon Paradis aux Jufles. Ce n'eft pas tout que de pro- mettre, il faut tenir. Les Charlatan s /J/oOTdf^t-wr beau- coup , & ne tiennent rien. Promette::; long temps , pour attacher les gens par 1 eipérance; car vous devez plus attendre dclle, que de la rcconnoilfance. S. Evr. Si la chofe n'eft pas jufte, difoit un Roi de Sparte, je ne l'ai pispromife. Le Ch. de M. Nous promettons fé- lon nos efpérances , & nous tenons félon nos craintes.

ROCHEF.

Avant que de promettre ^ H faut du jugement. Et quand on a promis , il faut de la mémoire.

Daceilli.

Les Notaires mettent à la fin de leurs aétes, cette formule, promettant , obligeant, renonçant, qu'ils étendent beaucoup, quand ils les grolFoyent. Promettre , fc dit aufli figurément des (ignés ou appa- rences fur Iclquclles on forme quelque conjecture. PoUiceri. Son cœur ne voui tiendra p.as tout ce que fes yeux voi\% promettent. Mol. Saturne dans la mai- fon de la mort promet une mort prompte , ou funefte. Tome I,

PRO 9

Cette difpofition du ciel nous promet duhecu temps, nous donne lieu de croire que le temps lera beau. Ce jeune Prince promet beaucoup, il donne de grandes elpérances. La campagne nom promet bien des liuits cette année. Promettre , s'emploie quelquefois avec le pronom pcr- (onnel, Ôc alors il ligp.ifie clpci-a , Jjcrare. l\ Ce pro- met bien d'avoir fa revanche de cet affront. Il (e pro- mettait de couvrir le deshonneur de fa fille. Pat, Je m ijtuis promis qu'à ma conhdération, vous voudriez lui accorder cette grâce. Je me promets tout de votre bonté. Promettre, fe dit proverbialement en ces phrafes. Il ne nous promet pas poires molles. Il nous a promis plus de beure que de pain. Qui promet s'oblige, pour dire, que fi l'on promettoit une chtsfe, on leroit obli- gé de la tenir. Il ne fera pas li méchant qu'il l'a pro- mis à fon Capitaine. Il nous a promis monts &: mer- veilles. 11 fe ruine à promettre. Se s'acquitte a ne rien tenir. Promettre Se tenir font deux , lorfque l'on n'a pas fait ce que l'on avoir promis. PROMIS, ISE. part. On appelle la Terre promife , la Terre deChanaan que Dieu avoir promife à fon [ -.uple. On dit proverbialement , chofe jT/o/nz/fj chofe dûej pour dire , que dès qu'on a promis quelque chofe, on eft obligé de faire ce qu'on a promis, de tenir fa parole. Acad. frani;. PROMINENCE. f. f. Avancement. ^f.C.An' dcsrp-ïx-A,. , prominer, avancer, La prominence de la lèvre. Dicl. de James. PROMISSiON. f, f. Terme de l'Ecriture, qui fe dit de la Terre que Dieu avoir promife à Abraham & à la poftérité. Terra promiffa,vel promijjlonis. De tous les Hébreux qui lortirent d'Egypte, il n'y eut que Jolua Se Caleb qui entrèrent en la Terre de promijjion. Le lait & le miel couloient dans la Terre de promijfion. Monconis dit qu'il n'y a plus de veftige de la Terre de promifjîon. Tout le pays eft (ec , affreux Se infertile. On appelle figurément un pays gras Se abondant, une terre l'on trouve toutes les choies néceflaires à la vie, les richefles abondent, un pays, une terre de promiffîon, un pays de Cocagne, Terra ferax, fer- tilis , jacunda, abundans. PROMONTOIRE, f m. Terme de Géographie ancien- ne. C'eft une pointe de terre, ou de rocher qui avan- ce dans la mer. Promontorium. En rermes de Marine on l'appelle Cap. Le Cap de Bonne-Efpérance eft le promontoire , la pointe de terre la plus avancée vers le midi. PROMONTORIUM ACUTVM. Terme d'Aftrono- mie purement latin, mais francifé par l'ufage. C'eft le nom de la 32' tache de la Lune, félon le catalo- gue du P. Riccioli , dans fii Sélénographie. PROMONTORIUM SOMNII. Tern.e d'Aftrono- mie, purement latin, mais francifé par l'ufage. Les Aftrcnomes ont donné le nom de promontorium fom- nii, à l'une des taches de la Lune, qui tient le trente- quatrième rang dans le catalogue que le P, Riccioli a dreiïé de ces taches, PROMOTEUR, f. m. Terme de Jurifprudence. Ecclé- fiaftique qui fait les fondions de Procureur d'office, de partie publique dans imc Cour Eccléiiaftique, dans une Chambre de Décimes, dans une OfHcialité. Pro- motor ,fyndicus , procurator.ll requiert poui l'intérêt public, comme le Procureur du Roi dans les Cours La'iques. Par exemple, il fait informer d'office contre les Eccléfiaftiques qui lont en faute, & pour mainte- nir les droits, les hbertés & les immunités de lEglife. Il a foin de faire maintenir la dilciplihe Eccléiiaftique, de faire punir & de ranger les delcbéiirans à leur de- voir. FÉvRET. Dans les premiers fiècles du Chriftia- nilme , le Promoteur étoit chargé particulièrement de dénoncer les hérétiques, ou les lulpeéts d'hérélie; ce qui étoit capable de cauler bien des troubles dans l'Eglife. §3" On donne aufli, mais improprement, le nom de Promoteur, à celui qui eft chargé de faire les réqui- fitoires dans les Alfembljcs du Clergé,

Dans les Conciles, il y a des Officiers de ce nom.

ïo PllO

Ils Ibiit chargés de veiller (lir robfervance de la dif- cipline prelcure pour la célébration du Concile , & pouiiuivenc les tranlgrelleurs. Quelquefois le Promo- teur propofe des matières, & dans les matières crimi- nelles la caufe fe pourluit à la diligence du Promoteur. Dans quelques Coutumes, comme en celle de Sen- lis , on appelle aullî Promoteur j le Procureur de la Seigneurie temporelle.

Le Promoteur des Maîtres d'École de Paris, eft ce- lui qui interroge, met en polleriion, & vifite les Maî- tres d'École, pour voir s'ils t'ont leur devoir, S<: en faire fon rapport au Chantre. Promotor , fyndïcus. Promoteur, fe dit aullî dans l'ulage ordinaire, de celui qui eft particulièrement chargé du foin, de la diretlion d'une affaire. Motor. Il n'ell pas l'auteur de cette en- trcprife, mais il en eft le promoteur. Il n'eut pas plu- tôt connoillance de cette entreprife , qu'il en fut un des plus zélés promoteurs. Kiftoire de l'Académie des Sciences, lyjfZ , pac;e ii. PROMOTION, f. f. Élévation à certains titres ou digni- tés. Promotio. Le Pape a fait nnc promotion de Cardi- naux. Le Roi a fait une promotion de Cordons-bleus. Depuis fa promotion aux Ordres, à l'Épilcopat. fCF On voit par ces exemples que le mot de promotion s'emploie adtivemcnt & pallivement. Adivement , il déligne l'adfion par laquelle un Prince élevé à quelque dignité i & alors il ne fe dit que de plulicurs. Promo- tion de Lieutenans Généraux, (Se. Le Roi a fait une promotion. Pallivement, il lignifie l'aftion par laquelle on eft élevé à une dignité , (Se alors il (e dit également •d'un feul &C de plufieurs. Depuis la promotion au Car- dinalat , il a fait telle chofe. Tels Cardinaux depuis leur promotion , &c. PR(3MOUVOIR. V. a. Il n'eft guère d'ufage qu'à l'infi- nitif, & dans les temps formés du participe. Elever à quelque dignité. Promovere , efferre. Il eft en âge d'être promu aux Ordres faciès. Il t.îchera de fe faire promouvoir aux premiers Quatre-Tcmps. Un tel Pré- lat s'attend d'être promu au Cardinalat à la première promotion. On dit auftî qu'un Prince a été promu à l'Empire, un Magiftrat à la dignité de Chancelier. Promouvoir, lignifie aullî, procurer l'avancement ou l'avantage de quelque choie. Promovere. Le Roi Fran- çois I employa tous les loins pour promouvoir &: cul- tiver les Lettres en France. Le Roi Louis XIV , pour avancer les études de Monfeigneur le Dauphin , &: promouvoir celles du public, employa plufieurs hom- mes doèles à une nouvelle illuftration des Auteurs de l'ancienne Rome. Huet , orig. de Caen , p. 41 1. Dans cette acception il eft; vieux. PROMU , UE. part.

PROMPT, TE. adj. Dans les mots prompt , prompte- ment & promptitude , on ne prononce point le fécond p ,&t. l'on pourroit fe difpenfer de le mettre. ) Qui agit fans tarder , qui exécute lur le champ. Prompt us, celer. Ce Général voyant fes troupes promptes à bien faire, donna l'aftaut. Les fold.its doivent ctre prompts à obéir. Cet ami eft prompt à ietvk , prompt a. tout

faire. U3" Prompt, fignifie aullî qui ne tarde pas long-tems.

On dit un prompt retour. Avoir la repartie prompte. On dit aullî, que du vin c(\. prompt à boire , pour

dire , qu'il fe boit d.ans la primeur. Prompt, fe dit aulPi de ce qui fe paflc vite S< foudai-

ncment. Ce/er. Cela eft prompt comme un éclair, prompt comme la foudre , prompt comme le vent.

Un prompt mouvement fe dit d'un mouvement lu- bit , & non prémédité. (fT Prompt, diligent, expéditif, confidérés dans une

lignification lynonyme. Prompt eft i'oppolé de lent.

Lorfqu'on eft prompt , on tr.availle avec activité,

& l'on avance l'ouvrage. Syn. Fr. . ^fT L'homme diligent n'a pas de peine à fe mettre à

l'ouvrage. L'homme expéditif ne le quitte point.

L'homme prompt en vient bientôt à bout. Prompt , le dit en chofes morales. C'elt un efprit

prompt tk vif, qui conçoit ailément les chofes , qui a

la repartie prompte. Promptus , alacer , fuhitus. On

dit qu'un homme eft prompt ^ qu'il prend feu ailé-

P RO

ment , qu'il fe met d'abord en colère. Voye'^ Prom- ptitude (j' Vivacité. On le dit auflî de celui qui interrompt, & qui veut toujours parler. On dit aullî qu'un homme a la main prompte , cjuand il frappe pour la moindre chofe qu'on lui dit. Elle tend une main prompte à me loulager. Rac. L'Écriture a dit, l'elprir eft prompt , mais la chair i-ft foible.

PROMPTEMENT. adv. Avec diligence , en peu de temps. Prompte 3 ex tempore ^ celcricer. Il faut faire partir un Courier promptement. Il faut courir prom- ptement au remè(ie. j&jB,a expédié promptement ce criminel.

|c3" Promptement, Vue de Tut font fouvent em- ployés comme iynonymes. Voici les nuances que M. l'Abbé Girard donne à ces mots.

§3° Le mot de vite paroît plus propre pour exprimer le mouvement avec lequel on agit: ion oppofe eft len- tement. Le mot de tôt regarde le moment l'action fe fait : fon oppofé eft tard. Le mot promptement iemblc avoir plus de rapport au temps qu'on emploie à la choie : Ion oppofé eft long-temps.

ÇCJ" On avance en allant vite ; mais on va furement en , allant lentement. Le crime eft toujours puni , fi ce n'eft tôt j c'eft t.ird. Il faut être long-temps à déhbérer; mais il laiit exécuteï promptement.

ifT Qui commence tôt Se travaille yi^te , achevé prom- ptement.

fer PROMPTITUDE, f. f. Qualité de l'homme prompt c'eft-à-dire, de celui qui travaille avec a(5Livité, qui emploie peu de temps à taire une choie. Cet homme exécute promptement ce qu'il a promis. Celeritas. Promptitude à le camper. Celeritas in capiendis caf- tris. Promptitude à parler. Celeritas dicendi j ad dï- cendum. Cette affaire demande de la promptitude.

^^ Promptitude, dit dans le fens de vivacité, qua- lité d'un homme prompt, qui eft plus fujet à s'em- porter qu'un autre. Iracundia. Il dcvroit ic corriger de fa promptitude. On le dit aullî , &c fouvent au pluriel, d'un mouvement de colère lubit Se paftager. Quand ix promptitude eft palFée, on en fait tout ce qu'on veut. Ses promptitudes font infupportables.

IJCT Promptitude f; Vivacité , fynonymes. La viva- cité, dit M. l'Abbé Girard, tient beaucoup de la fen- fibilité & de l'clptit. Les moindres chofes piquent un homme vif, il fcnt d'.abord ce qu'on lui dit , & réflé- chit moins qu'un autre dans fes répcnfes. \^a. prompti- tude tient davantage de 1 humeur ik de l'action. Un homme prompt eft plus fujet aux emporttmens qu'un autre: il a la m.ain légère. Se il eft expéditif au travail,

|CF L'indolence eft l'oppofc de la vivacité- Se la len- teur l'cft de la promptitude.

(fT On dit auffi la promptitude à croire une chofe, pour dire la facilité avec laquelle on la croit. La promptitude à croire le mal, lans l'avoir examiné, eft un eftet de la parcfie; on ne veut pas fe donner la peine d'axamincr. Rock.

PROMPTUAIRE. f. m. Se dit en cette phrafe. Un promptuairc du Droit , un texte , un abrégé du Droit. Promptuarium , textus.

^fJ' Les Encyclopédiftes ont adooté cette idée. Ne fe- roit-ce pas plutôt itn recueil, uji répertoire? Promp- tuarium lignifie un garde-manger, une cave, un cel- lier, un rélervoir.

PROMULGATION, f. f. Publication des Lois, faite avec les formalités réquifes. Acad. Fr. Promulgation a les mêmes fignifications que fon verbe. François Sfondrate s'oppofa autant qu'il put à \a. promulgation de l'Intérim. 'V'oyez Promulguer.

PROMULGUER, v. a. Publier une Loi avec les for- malités réquifes. On ne peut prétendre caufe d igno- rance d'une Loi qui a été promulguée. Acad. Fr. M. du Pin dit dans l'extrait des ouvrages de M. de Mar- ca, que les Lois Eccléliaftiques doivent être promul- guées , pour avoir force de Loi , (Se qu'il ne fuflit pas qu'elles loicnt publiées à Rome pour obliger. ifT PROMYLEA Se PROMILIUS. Ternies dcMvtho- logie. Divinités qu'on plaçoit au devant des moles , des ports, auxquelles on adrefloic des vœux poutuii heureux retour,

PRO

|Cr PRONAIA. Terme de Mythologie. Surnom de Mi- nci ve, qu'on avoit coutume de placer au devant des tcaipJes, dans leur porche. Pronaon ,o\\ pronaos dans l'ancienne Architedure , (ignifie porche, parvis.

PRONATEUli. 1". m. Terme d'Anatomie, qui (e dit de deux nuilcles du radius qui font que la paume de la main regarde en-bas: l'un le nomme le rond,tk. l'au- tre le carre.

Ce mot vient du latin pronus , cjui pane hc fur le devant. Le raduis a deux autres nuilcles qu'on appelle Jupmateurs , qui hu tout faire un mouvement oppolé.

PKCJNATION. f. f. Mouvement par lequel on tourne la main , de manière que la main foit tournée vers la terre. Motus quo manus fit prona. Le rayon tait deux fortes de mouvemens, l'un que l'on nomme de pronation , ik 1 aune de fupination ; le premier ou la pronation fe fait, quand la paume de la main regaide en bas. Deux muicles l'ont la. pronation ^ qui (ont le rond & le carré. Dionis.

Ç3" PRÔNE, f. m. Efpèce de Sermon, Inftrudion Chrétienne que le Curé ou le Vicaire fait tous les Dimanches en chaire à la Mciïe paroillîale , ordinai- rement (ur l'Epitre ou lur l'Evangile. Famd'ians de rébus adfidem pertïnentihus expofitio )Oratio ^fermo. Faire le prSne j alliller mx prône. ^

Le meilleur ejl toujours de fuivre Le prône de notre Curé. Racan.

On publie aux prunes les bans des mariages , des monicoires, des enchères, des terres à vendre & à bailler: on annonce les jours de tête, de jeûne, &c. On fait des excommunications au prône : on recom- mande le Seigneur au prône. On dit proverbialement de celui à qui il arrive plufieurs chofes facheuLes à la lois , qu'il étoit bien recommandé au prône.

Ce mot vient de prs.conium ,islon Nicod , Saumaife &: Ménage. D'autres le dérivent de proœmium.

Prône , le dit au;lî d'un dilcours ennuyeux & d'une longue remontrance. Importuna narratio. Les vieillards font lujets à faire de longs prônes à la jeunelle. Il taut que cette fille s'en retourne vite, autrement (a mère lui feroit un beau prône. Exprellîon du ftyle très-fa- milier.

PRONER, v. n. Faire le prône. Familiarem ad populum de rehus Fidel hahere conclonem. C'eft le Vicaire qui s'eft charge de prôner Dimanche: dans ce fens il eft populaire.

PrÔner. V. a. lignifie, vanter , louer publiquement & avec exagération le mérite de quelqu'un. Pritdicare , extoUere , efferre. On a beau avoir du mérite, il taut pour réudîr avoir des amis qui le prônent. Ce Poète eft bienheureux d'avoir des gens qui le vont prôner par-tout. Horace prône fouvent les proueires amou- reufes. S. Evr. Défiez- vous de ces vertus délintéref- fées que vous voyez prôner à tafR de gens. Id. Les gens de bien ne vont pas tant prôner leurs bonnes œuvres. Id.

Qui d'une Jalnte vie embrajfe l'innocence , iVe doit pas tant prôner _/ô/2 nom &fa naijjance.

Molière.

^CF On le dit aufll quelquefois dans le ftyle familier, pour dire , faire des récits ennuyeux , de longs difcouis. Que nous prône^-wows làî tk neutralement : c'eft un homme qui prône toujours.

^ PRÔNEUR. f. m. ne fe dit point de celui qui fliit le prône dans une Eghfe. On le dit de celui qui loue avec excès. Laudator Immodlcus ,pr<tco. On dit prô neufe dans le même fens. Laudatrix.il a [es preneurs & les prôneufes.

Quelle horrible peine à un homme qui fe trouve fans preneurs &: fans cabale, de fe faire jour à travers l'obfcurité il fe trouve! La Bru y. La réputation de cet Auteur ne fe foutient que parce qu'il a par- tout des preneurs.

fCF On le dit encore dans le difcours' familier d'un grand parleur qui aime à donner des leçons, à faire Tome FIL

PRO TT

des remontrances. Garrulofus , ïmportunus monitor, C eft un prôneur perpétuel. On dit provcrbialemcnc petit faifeur, &: grand prôneur.

PRONOM, f. m. Terme de Grammaire. C'eft une par- tie d'oraifon , qui fe met au lieu du nom. Pronomcn. Il y a quatre fortes de pronoms , perfonnels , reiatijs, P'^'JI'-jff'J-^ ^ démonjlratijs. Les perfonnelsfont.ye,;^ j it,moj, toi, lui; .lu pluriel, nous, vous, eux. Les relatifs, (;i//j lequel, laquelle. Les p-JU-ilits, »70/2,^0«, fon , mien , tien ,fien, notre , votre , leur. Les démonf- tratiis, celui, ceux, àrc. Comme il eût été importun de répéter toujours les mêmes noms, on a iiivcrntc certains mots pour tenir la place de ces noms, & on les a appelés pronoms.

|CF II eft vrai que la répétition produit ordinairement un mauvais crtet : mais c'eft te tromper lur la caufc de cet ctlet que de l'attribuer a la répétition du ifii plutôt qu'a celle de Ijdée. Si le même mot deplait, lorlqu'il reparcit , ce n'eft point [laice qu il a frappé l'oreille , mais parce qu'il a déjà frappé l'efprir qui s'ennuie Se Ce dégoûte de tout ce qui ne le prélente pas à lui avec les grâces de la nouveauté. Le la, dit M. l'Abbé Girard , l'établillcment de certains mots qu'on nomme pronoms , que 1 ulage fait répéter fans ennui, ne leur ayant donné pour' cet effet d autre fonction que de rappeler par un iimple rapport ce dont il eft queftioii , lans en repréfenter une féconde fois 1 idée par l'étalage de la dénomination. La même railon tait que les mots qu'on nomme articles tk pre' pofitlons (ont pareillement répétés avec grâce; parce que leur propre valeur ne conlifte que dans une déll- gnation ou indication , qui n'ayant par elle-même rien de décidé , paroit toujours nouvelle , quand le lujet indiqué eft nouveau. Ce qui eft une preuve bien claire que c'eft plus à la diverlité de valeur qu'à celle de l'articulation que le mot eft redevable de 1 agré- ment qu'il a dans le difcours.

Il y a un pronom qu'on nomme réciproque , c'eft-i- dire, q^ui rentre dans lui-même. Caton/è? tua pour ne point iurvivre à la liberté de la République. Les pro- noms, me , te ,fe , ne fe mettent jamais qu'avant le verbe , ainfi quand le verbe eft à l'impératif il faut mettre moi, menez-moi. M. Vaugelas en cherchant la raifon pourquoi on dit mene-^ l'y , & non paSj mene\-m'y , n'en a point trouvé d'autre que la caco- phonie. Mais il n'a pas pris garde que mol ne le peut apoftropher. Dans le pronom , II, le génitif, le datif & l'ablatif ne fe doivent dire ordinairement que des per- fonncs. On ne dit point en parlant d une maifon , je lui ai ajouté un pavillon, il taut dire, j^y ai ajouté un pavillon. Vaug. Corn.

ifS' Il faut répéter le pronom polFelHf, comme on répè- te l'article. On dit, par exemple, le père, la mcrej & non pas les père & mère. On dit de même (on père & fa mère : fes père <& mère., eft une très-mauvaife façon de parler, tolérable (eulement au ftyle de pra- tique. Il en eft de même des pronoms pollelîîfs delà première & de la leconde perlonne au lîngulier & au pluriel.

fO" La fuppreflion des pronoms perfonnels devant les verbes a quelquefois bonne grâce, quand elle fe fait à propos. On dit très bien : nous avons palFé les riviè- res les plus rapides, & pris des places que l'on croyoic imprenables, & n'aurions pas fait tant de belles ac- tions, 11, Ê'c. mais cette (upprelîïon devient mauvai- fe lorfque la conftiuction change tout-àfait, ou lorA qu'elle eft inteironipue par une particule lépatative ou disjonétive, mais , ou, ôc autres (emblables. On ne dit point : nous le confelferons ou le nierons, mais nous le confederons ou nous le nierons.

^CT Le ^rt);20OT relatif ne fe rapporte jamais au nom qui n'a qu'un article indifférent. On diroit mal , il a été blelIé d'un coup de flèche, qui étoit empoilonné, parce qu'il n'y a qu'un article indéfini devant flèche. Mais on diroit très bien il a été blejfé de la flèche , qui était empohfonnée , comme on dit d'une flèche qui étoit empoifonnée , parce que le pronom un , ce, certe , & autres femblables avec l'article indéfini , équir valent à l'article défini.

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ïx PRO

§CF A plus forte raiioii le pronom relatif ne peut pas fe rapporter à un nom qui n'a aucun article ni nen d'équivalent. Ainfi Ton ne «lira pas , il a falc cela par avarice;, qui ejl capable de tout ^ parce que le pro- nom relatif ne peut être appliqué ou rapporté a un norti qui n'a point d'article.

'^CT Si l'on dit par apoilrophc, avarice qui caufe tant de maux , hommes qui viver en bêtes j le relatif fe rapporte à des noms qui n'ont point d'article^ il cil évident qUe dans czs cas l'article du vocatif ô , ell fous entendu , au lieu qu'il ne l'eil: point dans les autres, f'oj. les Rem. fur la Lang. Fr.

^CF Cette règle cfl fondée fur la namre même. Il faut que le nom ce le pronom foient de même nature, & ayent une corrcfpondance réciproque , qui falle que l'un puifle fe rapporter à l'autre, ce qui ne peut arri- ver entre deux termes, dont l'un eft toujours délîn' , comme le pronom relatif, & l'autre indéfini, comme ie nom fans article, ou fans article défini. Le pronom eff par fa nature une chofe fixe 6c appliquée à une autre. Le nom fans article , ou avec un article indé- fini, eft comme une chofe vague 6c en l'air, rien ne fe peut attacher.

PRONOMINAL, ALE. adj. m. &c f. De pronom. F 8c en font des ^■xtùc\x\z^ pronominales , qui lignifient la perfonne , le lieu ou la choie dont on parle. Le P. Buffier, n. ^21 . de fa Gram. Fr. in- 1 1 . 1 7 1 4. L'j final fe prononce en ^ dans les pronoms perfonnels con- joints, vous , nous, ils, fuivis des particules pronomi- nales en &cy ; vous en parlez; ils_y font. num. ^iS. Prononcez i-y font.

^fy On appelle quelquefois vahe pronominal , celui que nijus appelions ordinairement verbe rcHéchi. Foy. Verbe.

PRONONCÉ, f. ffi. Tenue de Palais c'eft le difpo- fitif d'im Arrêt ou d'une Sentence. Lifez-nous le pro- noncé de cette Sentence ; le prononcé de cet Arrêt , ' c'eft-à-dire , ce qui a éié prononcé pzi le Juge.

PRONONCER. V. a. Articuler, proférer diftinétement les lettres, les fyllabes, les mots, quelque chofe, en exprimer le fon. Pronuntiare , proferre difincïè. Les gens qui bégayent,, qui parleur gras, ne prononcent pas bien leurs mots. Il y a des lettres que certains peuples ne fauroient jamais bien prononcer. Il faut que les Prêtres prononcent les paroles facramentales. £n toutes les Langues il y a des mots qu'on écrit d'u- ne façon. Se qu'on prononce de l'autre. Les François, les Allemands, les An^hv, prononcent le Latin très- difléremment. Scaliger r^poorte qu'un Irlandois lui ayant fait un compliment .:n Latin, \e prononça d'u- ne manière que Scaliger ne l'entendant point,' répon- dit qu'il n'entendoit point l'Irlandois.

Prononcer, fîgnifîe auflî déclarer avec autorité. Dd- cidere ipronumiare , decernere. Quand l'Eglife z pro- noncé Cm une queftion,il n'en faut plus douter, c'eft un article de Foi. On a oui les Avocats , il ne reftc qu'à prononcer. Le Préfldent a prononcé l'arrêt de fa mort. Comme il étoit le chef de la Juftice, il prélî- doit, &: on prononçoit en fon nom. Pat. Quand on a omis à prononcer fur un chef compris dans les règlemens d'un procès, c'eft un moyen de requête civile.

^CT En parlant de celui qui préfide dans une Juridic- tion, c'eft déclarer publiquement ce qui a été jugé à la pluralité des voix.

^fT On dit qu'un Prélîdent prononce bien , pour dire, qu'en prononçant il réfume avec beaucoup d'ordre & de netteté le réfultat des avis fur les différens chefs d'tm procès.

§3" Un Greflier prononce l'Arrêt à un criminel, lorf- qu'il lui lit le jugement rendu contre lui.

Prononcer^ lignifie aufli quelquefois hmplement, don- ner Ion avis. Opinari , vel conflium dare. Un hom- me prudent ne le hâte pas de prononcer fur les quef- tions qu'on lui fait. Prononce- hardiment^ dites votre opinion.

Prononcer, fignifie auflî, réciter en public. Publiée dicere, cnuntLorc. Ce difcours a été /iro/zcrtce devant

PRO

le Roi. Harangue prononcée devant rAiïemblée dtt Clergé. C'eft un grand avantage que de favoir bien prononcer un difcours. La pk'ipart de ceux qui fe det- tinentàparlcren public, ne cultivent pomt afTez l'arc de prononcer. De cent Prédicateurs, a peine en trou- vet-on trois ou quatre qui prononcent les chofes com- me la namre voudroit qu'on les prononçât.

Prononcer, entérines de Peinture fignifie, bien mar- quer Se diffinguer quelque partie d'un tableau. Se la faire connoître par le pinceau avec la même force, & la même netteté qu'on le feroit, en prononçant àe^ pzwles. Difribuere , diflinguere. Ainfi on dit, pro- noncerMW bras, une main, une épaule, un genou j pour dire, les fpécificr, débrouiller, les rendre très- lenlibles.

PRONONCÉ, ÉE. part.

On dit proverbialement Se ironiquement à celui qui a dit fon avis mal-à-propos fur quelque chofe j voilà Monfieur qui a prononce la fcntencc.

PRONONCIATION. f:f. Articulation des mots & des lettres. Pronunciatio. La plus diflicile partie des lan- gues, c'eft d'apprendre Iz prononciation. On ne peut apprendre la vraie prononciation d'une langue , que dans le pays on la parle. C'efl: une choie bizarre & particulière , fur-tout à la Langue Françoife , que la plupart des mots ont deux diftérentes prononcia- tions : l'une pour la profe commune, & pour le dif- cours ordinaire , Se l'autre pour les vers. Mais il efl imi-ioflible d'en marquer toutes les règles. Far exem- ple, la profe néglige la. prononciation des s finales du pluriel, & les t de la troifième perfonne du pluriel des verbes: Se plutieurs autres conlonnes finales, même devant les voyelles. Mais en vers on prononce tour. A quoi bon réveiller mes Mules endormies ? Boil. Il faut prononcer 1'^ finale de Mufes. Mille & mille douceurs y lemblent attachées. Corn. Il faut pro- noncer le t du moifemblent. Mais en profe on ne les prononceroit point. On adoucit encore la prononcia- tion de beaucoup de mots en profe : on prononce craire pour croire. Mais en poéfie l'on rétablit la yé- niable prononciation, 8c on prononce croire, pouc le faire rimer avec gloire.

Remarquez encore que les conformes finales des arti- cles, des pronoms , des adjedtifs, & de quelques propo- litions,fe prononcent différemment devanr les voyelles félon l'arrangement de la phrafe. Par exemple : il a. été , on prononce 1'/ de il : vous irc:^ , on prononce l's de vous. Mais II l'on dit, ire:i-vous à Paris, l'on ne prononce plus l's de vous. Cette différence eft inutile pour la poéhe, l'on prononce routes les lettres. Il faut feulement ajouter qu'en déclamant la profe , la prononciation doit être prefque toujours la même que ' celle la poéfie. M. L. T. On peut apporter quel- ques reflriétions. Se quelques exceptions au fentimenc de l'Aûfcur ; car ily a bien des cas les s finales , Se les t de la troifième perfonne du pluriel des verbes, le doivent prononeer dans la proie comme dans les vers, même dans le difcours familier. Toute la diffé- rence qu'il doit y avoir , c'eft qu'on n'en doit pas mar- quer fi fortement la prononciation, que dans les vers & dans la profe que l'on déclame. Par exemple, quelle oreille pourroit fupporter ces prononciations : j'ai de hell' efpérances, au lieu de, j'ai de belles-efpéran- ces : vous m'avez donné de fort bon-avis , au liei? de , vous m'.avez donné de fort bon-s-avis , ils étoient environ deux mille hommes, au lieu de, ils étoien-t- environ deux mille hommes; ils fon à Pans , ils von à Paris , au lieu de, ils fon-t~à Paris , ils von-t-à Paris, Sec. Quoi qu'il en foit, on ne peur mal par- ler en prononçanr ces fortes de conlonnes devant les voyelles, «Se h prononciation contraire n'eft tout au plus qu'excuf'able, à caufe du m'auvais ufage qui s'eft établi infenliblement.

Prononciation. Ce mot fe dit auflî de la cinquième partie de la Rhétorique , c'eft la manière de réciter. Enunciatio aclio. Elle conlîfte à régler fi bien la voix Se fon gefte, qu'ils fervent à perfuader l'elprit^ & à toucher le cœur de ceux qui nous entendent. La pro- nonciation eft fi utile, qu'on l'appelle ordinairement

PRO

la prcmicie, la féconde, la troifièmc partie de l'élo- quence.

§3* Quintilien la définir, vocis & vu/a/s & corporis moderatio cum venufiacc. L'art de conduire d'une ma- nière agréable &c convenable, ia voix, Ion geftc , & l'adion de rout Ton corps. Cicéron l'appelle quadam corporis eloquenûa , fcrmo corporis. Le langage du corps. C'cft ce qu'on appelle ordinairement aclion.

Prononciation , le dit encore des jtigemcns qu'on pro- nonce. Praïunciacio , edutio. Quand le Prévôt de Paris va préfider au Chàtelet, il prend les voix, c'cd: le Lieutenant -Civil qui taie la /'ro/io«<:/j;{o/; de la lentcnce. Il n'y p.is long -temps qu'on ne t-ailoit les prononciations à^ hxKK-xw Grcfte que le famedi. On paye un droit au Greffier pour h prononciation.

^ir PRONOSTIC , ou PROGNOSTIC. f. m. & adj. Prognofiicon , ou prognojlica , orum , prddicHo. Ce mot vient du grec îi^m.o, /xit , prsfagiendi vim habens , qui dénote, qui piéiage l'avenir, du verbe wfOT-.sVKw , vritnofco, je prévois , -srptjïw^K, prxnotio , prelcience, prélage. C'eft proprement un jugement qu'on porte d'avance de l'événement d'une maladie , par les lignes qui l'ont précédé & qui l'accompagnent. Quelquefois aulH l'on s'en fert pour exprimer les fignes qui déno- tent & font conjedturer ce qui peut arriver de bon ou de mauvais dans une maladie , & même dans la lan- té. Alors on le joint au mot ligne. Signe pronojlic j fignes pronojlics , lignes diagnoftiques. Le pronojlic eft fans contredit la partie la plus brillante de la mé- decine ; mais lont les Médecins qui ayent le pro- no(lic fur ? Ne leur en fiilons pas un crime. Il n'eft accorde à pertonne de prévoir les événemens, & de deviner la marche de la nature. On a beau la fuivrc CL la pijle, on ne la prend jamais fur le fait.

^CF On le dit aulîi des jugemens que les Aftrologucs tirent de rinfpcdrion des corps célelles. Quand il pa- roit quelque phénomène extraordinaire au Cielj les Aftrologues ne manquent pas de faire de grands pro- noflics.

Pronostic, fe prend auill quelquefois pour les fignes & les marques par l'on conjecfture ce qui doit ar- river. Signa prognoftlca. Ce fut un pronojlic de ce qu'il devoit être un jour. Ce fut un pronojlic de fa mort. Ablanc.

PRONOSTIC ATION. f. f. C'eft la même chofe que pronojlic , & il ne s'emploie que dans les titres des almanachs. Prd.diclio, prognnjlicatio.

PRONOSTIQUER, v. a. Faire un pronoftic, des pro- no^ïcs. Conjicere , prttdicere, pmtendere , fignifica- re } portendere. Je lui ai pronojliqué fa mort long- temps avant qu'elle arrivât, parce que je connoillois fon tempérament. Tous ces iwowfç.mcns pronojliquent quelques troubles dans l'Etat. Voilà une vilaine phy- lionomie qui ne pronoftique rien de bon. Ce vent pronojliqué quelque orage. Vins pronq/lique quelque- fois la pluie.

PRONOSTIQUEUR, f. m. Celui qui pronoftique. Pra- Jlgnificator. Prefque tous les Z'^znàs pronojliqueurs font des charlatans.

PRONUBA. adj. f. Sutnom qu'on donnoit à Junon , comme Déeflc du mariage. Ceux qui fe marioient , oftroient à ivinonPronuha une victime dont ils ôtoient le fiel : limbole de la douceur qui devoit régner tou- te la vie entre les deux époux. _Pro/i/^èi/jj a j i//?z_, qui préfide au mariage, de nuhere, fe marier.

PROODIQUE. fubrt. m. Terme de Poéfie qui fignifie un grand vers p.ar rapport à un plus petit. Dans un Diftique compofé d'un hexamètre & d'un pentamè- tre, le vers hexamètre cfl le proodique , & le penta- mètre eft l'epode. Dans les vers faphiqucs les trois premiers de chaque ihophe font proodiqucs par rap- port au petit qui eft e'pode.

PROPAGANDE, f. f. On appelle ainfi en ftyle decon- verfation la Congrégation de propaganda Fide , établie à Rome pour les affaires qui regardent la pro- pagation de la Foi. La Propagande vient d'envoyer fix MilTionnaires à la Chine. Acad. Fr. PROPAGATEUR, f m. Celui qui étend, qui multi- plie , qui répand la foi , la gloire , la léputatiou de

PRO

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Quelqu'un, ou de quelque adlion. Car il ne fe dit qu'aa guré. Propagator. Si la Foi vous eft chère , la laille- rez-vous en proie a lerreu:; qui ia détruit, & au péché qui la corrompt ? Il lui faut des défenlturs, des pro- pagateurs, 3c c'eft ce qu'elle vuus demande.

PROPAGATK^N. f f. Génération , nuiltiplicarion des animaux , continuation des efpèccs par la v<)ie de la génération. Propagatio , multiplicatio fpeciei. Il y a un inftinc n.aturel qui tend à la propagation de l'cf- pèce. La propagation du genre liumain après le dé- luge. Il a les qualités nécellaires pour la propagation. Mol. La nature tend à la propagation de Icfpcce. Bernier. L'amour des femmes eft nècellairc pour la propagation àw genre hrtmain. Aldanc.

Propagation , fe dit aulli en Phyfique de la lumière Se du bruit. Propagatio luminis & Jragoris. Le tonnerre Se l'éclair ne le rendent lenfibles que par la propaga- tion de la lumière & du Ion julqu'à l'œil & à l'o- reillc.

fC? Pour \2. propagation de la lumière, Voy. Lumière, Émission, Émanation.

|fc? Le fon produit dans l'air par des vibrations de par- ticules imperceptibles, fe répand rrès4oin , très-vite, (.\: en ligne droite. C eft ce qu'on ^■o'^oWe propagation du Ion. On peut conlidérer les particules d air com- me autant de petits balons à reftort , burtés les uns contre les autres, dilpolés en ligne droite, /''oy. Son. La vibration qui fe communique au premier, doit palier très-promptement dans le lecond, du fécond, dans le troilième , Sic. Rangez fur la même ligne plu- lîeurs petites boules d'ivoire, qui fe touchent. Si vous remuez la première, quelque grand que foit le nom- bre des boules intermédiaires, l'imprellion palfe, com- me dans un inftant , aux plus éloignées. Voila préci* lément ce qui arrive dans la propagation du fon.

«"j" Les petits balons d'air voilins du corps lonore, com- primés par les parties de ce corps, s'aplatillent , & en s'aplatilfant agilfent fur ceux qui font devant. Apla^ tis, ils s'étendent à droite, à gauche, en en-haut, en en-bas. Ils le dilatent, ils fe rétabiillent parleur rel- fort. Cette action alternative le fait en tout fcns. Le fon par conf équent fe lépand de toutes parts , & eu ligne droite.

Propagation , fe dit figiuément en chofes fpirituelles,' & lignifie , étendue , progrès, accroillement , augmen- tation. Augmentum , augmentatio. Les Martyrs & les Apôtres ont travaillé à la propagation de la Foi. Il y a à Rome une Congrégation pour Xs. propagation de la Foi. Il faut e\-w^cc\iei\iL propagation clés erreurs &: des méchantes doilrines.

PROPAGER, v. a. Terme dogmatique nouvellement inventé, mais d'unufagc fréquent parmi les Phyliciens,

§Cr pour lignifier ere/zifrej répandre. Propagare.M.Le Catpenle que l'air qui propage le fon eft plus fin que l'air groiîîer qui fait le vent. Mém. de Trév. Ce qui propage la maladie, &c. id.

Propager, fe dit plus communément avec le pronom perfonnel. Se propager ^ venir au monde par la voie de la génération. On le dit des animaux & des plan- tes. Saint Auguftin étoit tenté de croire que les ameS fe propageaient à la manière des corps. Les plantes loue capables de ic propager par la génération.

f^ Se propacir , s'étendre , fe répandre. La pefte fe propage. Ce terme eft lur-touc ulîté en Phyhque en parlant de la lumière & du fon. Suivant les calculs modernes , la lumière étant luppolée le propager du foleil jufqu'à nous en fept à huit minutes, & le foleil étant à 50 milions de lieues d'ici, c'eft quatre milions de lieues par minute. La lumière va un milion de fois plus vite que le (on. Selon quelques Phyficiens , le fon fe propage en rond Se par des cercles qui s'a- grandilfcnt de plus en plus, comme ceux qu'on re- marque dans une eau ou ime pierre eft tombée. Selon Newton la lumière ne fe propage qu'en ligne direéte. Selon plufieurs Phyliciens elle ne le propage que par desvibrationsvives& promptes, mais unilrormes. /^oy» Lumière & son. ffr On trouve ce mot employé au figuré dans le mê- me fens. L'amour des petites chofes , des petits riens.

14 PRO

des colifichets fe propage de jour en jour. Béfia. fur I

/a Peint. , , „,-,,. in

PROPANCIER, 1ERE. f. m. & f. Vieux nom de Peu- ple. Hdnuyer, qui cft de Hainaut. Borel. Hauno- nius. ^CT PROPEMPTICON. f. m. Propewpticum. Ce mot qui eft tout grec, fignifie pioprement un a dieu en vers , une pièce de vers à l'honneur de quelqu un qui part , qui s'en va. |:T propension, f. f. Ce mot qui eft purement la- tin, fignifie au propre la pente naturelle, la tendance des corps graves vers le centre de le terre. Dans le h- guré , c'efl: un pench.int de l'ame. Propenfo. Ions les corps graves ont une propenjïon naturelle à ten- dre en-bas. Notre nature corrompue a toujours quel- que propcnflon au mal. On a plus de propenjïon a croire ce que difent les amis que ce aue dilent les au- tres. On le deftinoit à l'état Eccléfiaftique, mais il n y a aucune propenfion. L'AcAD. §Cr II vaudroit mieux dire pente dans le lens propre ,

Se penchant dans le figuré. PROPET, ETTE, au lieu de PROPRET, ETTE.adj.

Diminutif de propre. Propet eft feulen ufage. PROPÉTIDES. f. f. pi. C'étoient des femmes de l'île deChvpre, qui fe proftituoient dans le temple de Vé- nus. Cette Décile les avoit jetées dans la proftiru- tion, dit Ovide, pour le venger de leurs mépris, & il ajoute que dès qu'elles eurent ainfi foulé aux pieds les lois de la pudeur & de la niodeftie, elles devin- rent fi infcnfibles pour leur honneur , qu'il ne fallut qu'un changement léger pour les métamorphofer en rochers. PROPHÈTE, f. m. Homme Saint, fufcité extraordi- nairement de Dieu pour le falut du peuple , &c qui par l'inipitacion du Seigneur annonçoit avec force Tes Lois, fes Commandemens & Tes Myftères, connoif- foit les chofes fecrètes , prédifoit l'avenir ,& failoit iouvenr de grands miracles. Prophète. Dieu a par- lé aux Hébreux par la bouche des Prophètes. Tous les Prophètes ont annoncé le Mellie. David eft appelé le Prophète Royal, ou le Prophète Roi , ou le Roi Prophète. Le dernier eft le meilleur , & le premier ne fe dit prefque plus. Les Livres canoniques contiennent ceux des quatre grands Prophètes^ &des douze petits Prophètes. Les quatre grands Prophètes font Kaïe, Jérémie , avec Baruch , Ezéchiel & Daniel. On les appelle grands Prophètes ., parce que leurs écrits font plus étendus que ceux des autres Prophè- tes; à lavoir, C fée, Joël , Amos, Abdias, Jonas, Mi- chée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacha- rie & Malachie, lefquels font appelés petits Prophè- tes, parce que leurs écrits font plus courts. Les Juits ne comptent que trois grands Prophètes , prétendant que Daniel ne doit pas plus être mis au rang des Pro- phètes que David; non que l'un & l'autre nayent pré- dit plufieurs chofes importantes; mais parce qu'ils n'ont pas mené un genre de vie femblable à celui des autres Prophètes , David ayant été Roi , Se Daniel Satrape. L'ordre des grands Se des petits Prophètes n'eft pas le même chez les Grecs & chez les Latins. Chez les Grecs, ce font les petits Prophètes qui (ont mis les premiers, apparemment parce que plufieurs des petits Prophètes font plus anciens que les grands. Il y a encore cette différence entre les Giecs & les Latins, que les Grecs mettent Daniel au rang des pe- tits Pro/'Afffi. Ifaïe eft appelé au xlviii chapitre du Livre de YEcclèfiaJîique , le grand Prophète j 6c cela vraifemblablement, tant à caufe des grandes chofes qu'il a prédites, qu'à caufe de la manière dont il les a prédites. L'Ecriture fait mention auflî de plufieurs autres Prophètes, comme Natham, Abias, Elle, Eli- fée , Samuel, Hanani.is, Addo, Efdras, Sémeias.Gad, &c. De ces deux commandemens , c'eft favoir, d'ai- mer Dieu de tout fon cœur , & fon prochain comme foi-mcme, dépendent la Loi Si. les Prophètes. L'inf- piration dont les Prophètes étoient faihs, ne fouffre ni ordre, ni liaitbn. Huet. Un vrai Prophète ne doit parler ni en extafe , ni en fureur , ni parojtre hors du

PRO

bon fens. Du Pin. On a donné le nom de Poctes aux Prophètes , comme on a appelé les Po'ëtes des Pro~ phètes. Dac.

Ce mot eft Grec , & vient de a^a-^", dît , d'où les Latins ont dérivé /jf^^j, Borel. Prophète, s'eft dit aulîi de pluheurs perfonnes moins célèbres qui ont parlé de la part de Dieu, & qui ont été diftinguées par quelque zèle , dévotion ou com- mandement , du refte du peuple. Prophète. Les foi- \ante & dix vieillards que choifit Moyle p- t" :'er,dre juftice au peuple , prophétiferent , comme il eit dit au Liv. des Nomb. ch. Xi. v. zq. Prophète , s'eft dit aufti des Prêtres Si Sacrificateurs qui étoient chez les ennemis des Hébreux. Samuel envoya Salll dans une ville des Philiftins , lui difant qu'il y auroit une troupe, un gros de Prophètes qui vien- diuieiit au devant de lui, qu'ils prophétif'eroient, & qu il prophetileroit avec eux; d'oii el1: venu le prover- be hébreu , SaLil entre les Prophètes. Turha vel grex Prophetarum. L'Ecriture appelle cette troupe, gr^Ar, cunevs. Prophète , s'eft dit auftl des Prêtres idolâtres, fCFdes De- vins attachés au culte des faux Dieux, qui , par uneper- milîion de Dieu prédiloient quelquefois la vérité , Se des impofteurs qui difoient venir de la part de Dieu , & qui abuloient les peuples. Le Prophète Baiaam alloic pour maudire le peuple de Dieu. Les Prophètes de Baal étoient au nombre de 450, Se 400 Prophètes des forêts qui étoient entretenus par Jéfabel, au IIl^ des Pois, ch. XI'///. Jésus-Christ recommande à fes Apc)tres de fe donner de garde des faux Prophètes. Pfeudo Propheta. En ce fens on dit que Mahomet efl un faux Prophète. Les Turcs & les Indiens ont aufti des gens chc;; eux qui paftcnt pour Prophètes. Prophète, fe dit aufli de ceux qui par prudence, par art , ou par halard , prédifentles chofes à venir. Omi- natores , fatidici vates. Le galimatias de Noftrada- l'a fait palfer peur Prophète. ifT Un homme qui a un jufte difceinement,une (âge prévoyance, de l'ex- périence Si de la létfexion , palfe facilement pour un Prophète. J'avois bien prévu que ce malheur vousar- riveroit : n'ai-je pas été Prophète? J'ai grand regrec d'avoir été bon Prophète. On appelle Prophète de malheur, celui qui ne prédit & n'annonce que des choies fâcheufes. Il ne falloir pas être grand Prophète pour deviner que cette affaire ne réuftîroit pas. Prophète, fe dit proverbialemenr en ces phrafes: nul n'eft Prophète en fon pays. Xemo Propheta in pa~ triâfuû. C'eft un proverbe (acre .qui veut dire , qu'ur» homme de mérite eft ordinairement moins confidéré dans fon pays qu'ailleurs. On dit de celui qui devine mal, il eft Prophète comme une vache, il eft Pro- phète du paffé , il devine les fêtes qu.and elles font venues. I/CT Prophète Si Devin , Synonymes. La prophétie n'a pour objet que l'avenir. Le Prophète prédit ce qui doit arriver. La divinarion regarde le prélent <Sc le paffé. Le devin découvre ce qui eft caché. PROPHÉTESSE. Femme quiprophétife, qui prédit l'a- venir par in(piration divine. Prophetijffa , vates, mu- Uer fatidica. Marie la ProphéteJJe (œur de Moyfe. Elle eft appelée ProphéteJJe dans l'Exode , ch. xv , V. 20. Debora eft appelée ProphéteJJe au Livre des Juges ; Holda ProphéteJJe , au IV^ des Rois. S. Luc , ch. II, fait aulfi mention d'Anne fille de Phanuel , ProphéteJJe. On le dit aulîî de celles qui fe mêloient de prophétiler. Les Sibylles ont paffé pour àtsProphé- teffes chez les- payens. Cicéron a fait remarquer com- bien étoit (u(pedfe cette fureur dont la ProphéteJJe étoit (aifie à l'approche du Dieu,&: combien il falloic ' fe défier de l'enthoufiafine qui la faifilfoit. Font. Les violentes agitations de la ProphéteJJe , fes contor- iions , (es cheveux hériffés , Si toutes les m.irques ex- térieures d'une agitation divine, à point nommé, lorf^ qu'elle étoit confultée, relfentent trop la fourbe ; tour cela étoitpréparé pourimpoferparles apparences d'une iiifpiration divine. Id. PROPHÉTIE, f. f. Prédiélion des chofes futures par infl piration diyïnc. Prophetia jprxdicîio , vacicincuio.Les

PU o

propheiîes d'if^i^c , de Jcicniic , &c. Les prophJeies ont un Cens iktci-.il , un icns uiylHquc , & doivent être ac- complies dans ce double ieni.CL.

ÇCT On le dit aullî des clioles prophctifccs. J. C. a ac^ compli les prophéties. L'accomplillenient li jiifte i5^ il ponctuel des prophéties cft la preuve la plus incon- teftable de la divniitédc l'Ecriture.

PRoi'MiiTiE , efcaulli un don du S. Efpiit , fuivantSaint l'aul en la L aux Corinthiens , ch. xlJ. Donum pro- phétie. L'un a le don de lagclle .l'autre de la (cicnce , J'autic de la k)i , l'autre dcsmiiacles, l'autre de la/)ro- phctie, l'autre le don des langues. Julhn Martyr attelle que le don dc/TO/'/zfWtfubruloit encore de Ion temps. Il Fut éteint bientôt après lui.

Prophétie, (ignifie aulli, divination par art , ou parlia- iaid. Divinatio , vel vaticinium. Je n'ai pas pu pré- voir cet inconvénient , je n'ai pas le don de prophétie. Les Prophéties de Nodradamus , de l'Abbe Joacliim , &c. (c l'ont miles en crédit par lalupeiltition & la lotte crédulité des Peuples. Une exafte oblcrvationdcs cho- (ts du monde l'-ivoit élevé à un tel point de lagacité , que fcs conjectures fur l'avenir pal! oient ptclque pour des prophéties. S. al.

On appelle trivialement , prune de prophétie j une balle de moutquct.

PROPHÉTIQUE, adj. m. & f. Qui contient quelque prophétie, qui tient du prophète. Propheticus j préidic- torius. Prelque tout l'Ancien Teftament s'explique de J. C. dans un fens prophétique. Il dit cela par un e(- prit prophétique. Style prophétique.

TROPHÉTIQUEMENT. En Prophète, adv. Jdmorem propheticum j propheticè. Il en a parlé prophétique- ment. L'AcAD.

PROPHÉTISER. V. a. Faire une prophétie , prédire l'a- venir parinfpiration divine. Prophetifare vel pranun- tiare , velpr&ciicere ^ vaticinari. Les Patriarches & les Prophètes anciens ont prophétiféle. MelIîe.Spinofa dit que les Prophètes prophétifoient félon leur humeur ; Jérémie , par exemple , trille & ennuyé des misères de la vie , ne prophétifa que des malheurs.

L'Ecriture prend quelquefois ce mot en mauvaife part , & alors il fîgnifîe , fureur. Furor prophecicus. Quand le malin efprit fe lailifioit de Saiil, Aprophé- tifoit J Se David apaifoit fa fureur avec fa harpe , comme on voit au / des Rois , ch. XVI il & xix.

rRCPHÉTisER,figniSe quelquefois ,prêcherou faircquel- que chofe au nom de Dieu. Pr£dicare,pr£dicere. Î3eau- coup diront au Jugement, Seigneur, n avons-nous pas prophétifé en ton nom , chalïé des démons , & fait plu- lieurs choies merveilleufesî en S. Matthieu ch. vi i , V. 22. S. Paul ayant baptifé plufieurs Difciples à Co- rinthe,ils parloient plulîeurs langues, Se prophétifoient; aux Aclcs , ch. XIX j v. 6. S. Paul dit que l'homme doit prophétifer nue tête. Se la femme prier Se pro- phétifer la tête voilée , / aux Corinth. ch. Xi ,v.j & j.

^^ PrcphÉti'.er, fe dit familièrement pour prévoir & prédire ce qui doit arriver. Je vous z\o\s prophétifé tout cela.

Prophétiser , fignilîe aullî , deviner. Les Juifs ayant bandé les yeux de J. C. lui frappant le vifage , lui di- io'icnt , prophétife-wons qui t'a frappe ! pour dire , de- vine.

PROPHÉTISÉ, ÉE. part.

PROPHYLACTIQUE, f. f & adj. Prophllamce , es. Prophylaclycus , a. Qui tend à prélerver. Indication prophylaclique. Pritfervatoria indicatio. La prophy- laclique elt la méthode de conferver la fanté , de pré- venir les maladies: elle eft une partie de l'hygiène qui préferve de maladie , conferve la fanté , en fortifiant les parties, défendant tout ce qui elt nuifible, en atténuant , incilant , calmant , adoucilfant , rafraichif- fiiit Si vidant les humeurs qui pourroient rendre ma- la.le.

On appelle aufil rcméics prophylacliques ^ ou pré- fcrvatijs, C'.nr; qui entretiennent la fanté , & prévien- ^ nent les maladies , & en particulier ceux qui réiîftenc aux venins, & qui corrigent Le mauvais air. Ces mors lont grecs , •^■ftipi/Aaxlixii' , -srpoCKAaji! , qui préferve , pré- iervativei «-fo^pi'Aa/iixi'tj ad pr(Sççiutionem& prsferva.-

PRO

ïT

tlonem aptus , projîre à fc précautionncf , ou fc pré- fcrver , de irp»', devant , Se du verbe ipvAï'jru, ;c conferve , je garde, je défends , d'où l'on a forme Is verbe. ■«'foifi'AaVîu, Je garantis, je prcicrvc. Col. de.

ViLLARS.

PROPICE, adj. m. & f. Favorable. Propitius. Il régit le datif. Se fe dit principalement de Dieu. Dieu nous {oit propice. Propitius ft nohis Deus , vei adfit. Le Ciel cil propice a. nos vœux. Il faut que l'CJrattur le rende les Juges propices , favorables.

Grand Dieu , tes jugemens font remplis d'équité ^ Toujours tu prends plaifir à nous être propice; Mais j'ai tant fait de mal que jamais ta bonté Ne me pardonnera fans blefjer tajufiice.

Des Barreau*.

(CT On le dit des génies, de la fortune , des chofesqui font notre bonheur ou notre malheur malgré nous , Se en parlant à des pcrfonnes fort élevées , pourvu que ce f oit (ur des matières importantes. Nous prions un Grand, un Juge de nous être propice , de jeter fur nous un regard propice, un a:'û propice.

PROPict , le dit aulli en parlant du temps, de l'occafion. Se autre choie de cette nature. Avoir le temps pro- pice. Toutes choies lui ont m propices àw\s Ion en- treprife. Omnia faufè advenerunt.

PROPICIATION, ou PROPITIATION. f. f. Sacrifice pour fe rendre Dieu propice , pour apaifcr la colère. Propitiatio , feu facrificium ad Deum placandum ^fa- crificium pro peccato. Il y avoir chez les Juitsdesfa- crifices publics qui étoient d'ordinaire pour les actions de gr.îces & des holocaulles ; à':MV:z^Aii proviciation ^ qui le failoient pour des particuliers qui avoier-t com- mis quelque faute. Si c'étoit pat ignorance , on offroic un agneau ou un chevreau -, li fciemment , on oftroit un mouton. Les pauvres otFroient une paire de tourte- relles. Le Sacrifice de la Melle cil un Sacrifice de pro- piciation. Ce mot n'a guère d'ufage que dans ces lot- tes de phrales.

Propiciation. Fête folcnnclle des Juifs. Propitiationis dies fefîus. On la célébroit le lo du mois de Tilri , qui étoit leur feptième mois. Se qui répond au mois de Septembre. Elle fut inftituéc pour conlerver la mé- moire du pardon qui tut annoncé au peuple d'ifra'el par Moyfe de la part de Dieu , qui leur remit la peine qu'ils avoient méritée , pouravoir adoré le veau d'or,

PROPICIATOIRE, ou PROPITIATOIRE, f. m. C'é- toit chez les Juifs la couverture de l'Arche revêtue de- dans Se dehors de lames d'or, enlorte qu'on ne voyoiî point le bois. Tahcrnaculifancliusadytum-, velpro- pitiatorium. Il y en a même qui croient que ce cou- vercle de l'Arche , ce propiciatoire étoit d une leule pièce d'or mallîf , couvert en partie des ailes de deux Chérubins qui étoient aux deux ccités de l'Arche. Ce propiciatoire étoit la figute de J. C. que S. Paul ap- pelle au 1 1 1 ch. de fon Épître aux Romains , \t propi- ciatoire ordonné de tout temps pour la rémilîîon des; péchés.

Propiciatoire, cft aulli adjedif detout genre , Se li- gnifie, quia la vertu de rendre propice. Propitiato- rius. Le lacrifice que J. C. a offert lui-même lur la croix , a été véritablement propiciatoire^

PROPINE. f. m. Terme de Chancellerie Romaine. C'ell un certain droit qu'on paye au'Cardinal Proteéteur pouf tous les Bénéfices qui palfent par le Conliftoire , Se pour les Abbayes qui font taxées au-delïusde 66 ducats deux tiers , qu'on paye à proportion de leur valeur. Jus propinit , vel Cancellari<t Romand:.

PROPOLIS, f. f. Cire vierge, de couleur lougeâtrc ou jaune , dont les abeilles bouchent les fentes <^- les trou'3 de leurs ruches , comme pour empêcher l'air & le froid d'y entrer. Cxra nova, vel propclis. Cette matière cil friable. Se elle h. une odeur approchante de celle des bourgeons du peuplier. On s'en lert pour faire percer les abcès. On en fait auHi recevoir la vapeur, pen- dant qu'on la chauffe fur le feu pour la toux invétérée.

|Cr Les abeilles ramalFent \cm propolis toute préparée fur les plantes , 6c le Dictiomiaire des firoples i'efl:

î^ PRO

trompé , lorfqu'i! a dit que c'cft une cire vierge , oU une el'picc Je- m.i.lic compofi par les abcillc. Hist. Nat. des uhcdks. Ls. ptopolis clt une elpèce de re- fine: les abeilles la rapportent enpelottes dans la ca- vité de leurs jambes comme la cire brute. Les arbres rélineu.'; foiunillent aux abeilles de la propolis toute préparée. Un limaçon s'étant introduit dans une ru- che, d'abord les abeilles s'en tirent à coup d'aiguil- lons, & ne pouvant pas tranlportcr ailleurs le cadavre, elles l'enfevelirent de tous côtés ious un enduit épais de propolis. Réaumur.

PROPONTIDE. Foyei Marmora.

ifT PROPORTION, f. f. Convenance , rapport que les parties ont entre elles & avec leur tout. Provorrio. Il faut qu'il y ait une certaine proportion de tous les membres avec la tête. Obfcrver , garder les propor- tions.

§Cr Proportion, fe dit aulll du rapport qu'il y a entre des chofcs inégales de la nunic clpécc, rapport par le- quel leurs diHéienres parties correlpondent les unes aux autres par une augmentation ou diminution égale. Mutua proportio , convenienna. Ainfi lorlqu'on ré- duit une figure au petit pied , ou qu'on la veut avoir en grand , on prend garde d'y obferver en toutes fes parties une égale augmcnracion ou diminution; en telle forte que li une ligne cil; augmentée d'un pouce, une pareille ligne fera augmentée d'un pouce. Les Peintres ont fondé les règles de leur art lur certaines po/7or- tions naturelles qui font ordinairement dans les corps bien faits. Ils ont obfervé lur les parties du vifage , ou des ;iicmbres , certaines longucuts ou proportions qu'elles doivent avoir les unes à l'égard des autres , U!ie certaine augmentation eu diminution.

^fT Dans tous les ouvrages de goût ce mot préfente la même idée,c'eft-à-dire, qu'il exprime une convenance du tout &:des paities entr'elles.

§C? En Architedure, c'ell la juHcIfe des membres de chaque partie d'un bâtiment, & la relation des par- ties au tout. On a établi des règles pour déterminer les proportions des parties d'un édifice dans les cinq ordies d'Architeélure. Dans le Tofcan la hauteur de la colonne doit Contenir fept fois le diamètre de fa bafe ; dans le Corinthien huit , dans l'Ionique neuf, dans le Corinthien dix, & dans le compofue autant. Il faut que les colonnes ayent unrenHemcnt depuis leur naif fancc ;ulqu'au tiers du fût; que dans les deux autres tiers elles diminuent peu-à-pcu en fuyant vers le cha- piteau; que les entrecolcnnemens foienr au plus de huit modules. Si aumoinsde tiois;que la hauteurdes portiques , des arcades, des portes &des fenêtres foit double de leur largeur. Toutes ces règles fondées fur des obletvationsà l'œil , louvent peu certaines, ou lur des exemples fouvcnt équivoques , ne font pas tou- jours indilpenfables; & quelquefois les grands maîtres prennent la liberté de (émettre au-defl us d'elles. 11 n'en cil pas ainfi des règles ellenticUes fondées lur les prin- cipes invariables de la Géométrie.

Proportion & Symétrie, font des chofes fort diffé- rentes. Je luppofe deux ftatucs, dont l'une a S pieds de haut , Se la tête d'un pied , & ^inli des autres par- ties a proportion , ôc dont l'autre a 8 pouces , & la tête d'un pouce , &c ainli du refte : on dira que ces ftatues font de même proportion , mais non pas de même fymétrie. Dict. de Peint. & d'arch.

^Cr Proportion, le dit auflî du rapport des grandeurs entr'elles. Quand on compare deux grandeurs , il en réfulte un rapport eu une tailon. l'oyei ces mots. Quand on compare deux rapports , il en réfulte une proportion , lorfque les rapports comp.irés (ont égaux.

fe? La. proportion cîï arithmétique ou géométrique. La proportion arithmétique , eft une égalité de différence entre pluheurs nombres, (oit en montant , foit en def- ccndant ; ou bien quatre nombres (ont en propor- tion arithmétique, lorfque la quantité par laquelle la première diffère ae la féconde, eft égale à la quantité parlaquelle la rroifième diffère delà quatrième, comme 2:4: 6:8. qui (e (urpallent également l'un à l'autre de deux unités en montant, eft une proportion arith- métique. 2° : I j :: xo: j. qui fe diminuent également en

PRO

defcendant , en eft une autre ; & ainfi du refte des qua- tre nombres qui font arithmétiqueinent ;.r. ■portion- nels. ProgreJJio arithrnctica qu&favat x^ùinix^m rdtio- nem. Les deux premiers s'appellent \e premier antécé- dent, &: celui qui le (mtjcjécond antécédent :6c les deux detniçts ,\e premierconfequcnt , Scie fécond fub- fequcnt. Le premier & le quatrième s'appellent les deux extrêmes ; le (econd & le troidème font les moyens.

La proportion géométrique, eft une égalité de deux rapports ou comparaifons, que deux nombres ou deux lignes ont les unes avec les autres , comme de nu me que 4CII: à 8 , ainh 8 eft à 16 , c'eft-à-dire , que comme 8 contient deux fois 4; ainll 16 contient deux fois 8 , Se on appelle ces quatre termes proportionnels ; il y a la même proportion de 4 à 8 , que de 8 a 1 6 ; car comme 4 eft la moitié de S, ainli 8 ell la moitié de 16. Pro- portio feometrica qu&fervat fimilem ratiomm. Mais quand les deux milieux font égaux, c'eft a due , le même , on dit que c'eft un moyen proportionnel. Il y a (euicmcnt cette différence entre la proportion ik la pro^rejflonj que la. proportion le renferme en trois ou quatre termes auplui\, & I2. prognjfion en plufieurs à 1 infini : comme la proportion géométrique eft entre 4 & 8 , & entre 8 & 16 ; mais la progr^Jfion eft entre tous ces nombres, 2,4,6,8, 10, 12 , 14, 16, &c, qui diffèrent également de deux.

La règle de proqwrtion , qu'on appelle autrement règle de trois , ou régie d'or , eft celle qui enleigne à trouver un quatrième nombre proportionnel a trois au- tres qu'on a donnés: comme li trois degrés de l'équa- teur contiennent 72 lieues, combien 560 degrés, qui font le tour de la terre , en contiendront-ils'; Régula, proportionis direcla. ^fJ" Pour trouver ce terme , il faut multiplier le fécond terme par le troilième , & di- vifer le produit par le premier terme. Le quotient donne la proportion.

Il y a.la. règle de proportion direcle jqaied celle de l'exemple ci-delfus. Il y en a une inverfe , ou fenver- jéc , qui rend le dernier terme moindre : comme fi cent ouvriers bâtilTent cette maifon en un an , en com- bien de temps deux cens ouvriers la batiront-ils ? P\.e- gula proportionis invcrfa. On trouvera , en fix mois. Ici le dernier terme diminue , au lieu qu'au premier exemple il augmente.

Laproportion harmonique fe trouve en trois nom- bres, quand les diftércnces du premier & du fécond terme ont la mùmc proportion que le fécond terme au troilième. Prci^-'omo harmonica. Comme 60, ;o, 20, les 5 G difterent de 60 , de fa moitié , «Se de la diftérence de 2Q à 30, eft aullî de fa moitié, (avoir 10.

Le compas de proportion eft un inftiumentde Ma- thématique compolé de deux branches plates & mo- biles dans une charnière , qui par le moyen de plulieurs divifions des lignes marquées fur fes branches fert à plufieurs opérations de Géométrie, & obf'ervations Af- tronomiques. Diabètes y circinus proportiotûs. Hen- rion & plufieurs autres ont écrit de (es uiages, comme aullî de la règle de proportion , qui eft une feule bran- che divilée de la même manière , qui tait prelque les mêmes eftets. ^fT Pa.opoRTioN,fe dit enfin de la convenance que tou- tes fortes de chofes ont les unes avec les autres. On dit qu'il y a , qu'il n'y a point de proportion entre deux chofes, entre deux perfonnes. Il n'y a point àe propor- tion de fa dépenle avec fon revenu. Il n'y a nulle pro- portion du fini à l'inlini. Il n'y a nulle proportion entre les uns& les autres. Cet ouvrage a peu àe proportion avec la grandeur de vos lumières. Vaug.

On dit adverbialement , à proportion ; pour dire i par rapport. Il dépenfe 3. proportion de fon revenu. Il letz payé k proportion de ("on travail. Nous relfentons nos biens & nos maux à proportion de notre amout propre. Rochef. (ty PROPORTION ALITF. f. f. Terme didadiquc. qualité de ce qui eft proportionnel. Proportionalitas. Ce qui marque inconteftablement une proportiona-

lité de forces Mairan.

PROPORTIONNEL, ELLE, Adj. quelquefois employé fubftantivenient. Quantité , foit en lignes, foit en

nombres ,

PRO

nombres , dont les parties ont rapport &: proportion entr'cJles. Proponionaiis. tuclidc au lixicmc Livre , montre le moyen de trouver quatre lignes proportion- nelles , Ik une moyenne proportionnelle. Il y a deux mille ans que les Géomètres cherchent inutilement le problème de deux moyennes proportionnelles que les Anciens n'ont pu trouver que mc-caniquemcnt par le mélolabc décrit dans les Commentaires d'Hutochius fur Archimède/ Il y a plufieursAutcurs qui en ont pré- tendu donner la démonftration; les uns par des lieux folides, comme Mcnechmus; les autres par des lieux linéaires , comme Nicomède , Diodes ; &• de notre temps Victe ; t^^: d'autres par des mouvemens impli- qués , comme Platon , Architas , Papus & Sporus ; ou par des defcriptions de cercles en tâtonnant , comme Héron & Apollonius, &c. C'ell une maxime re(,ue dans la Théorie des nombres, que lorfque trois nom- bres font continûment proportionnels j, le produit des deux extrêmes eft égal au carré de celui du milieu. Par exemple,! , 4, S ,iont continûment proportionnels : par conléquent le produit de 2. multiplié par 8 , qui eft 16 , ell égal au carré de 4 , qui eft aulli 16. Roh. ifT On appelle cnrhyliqueparties/';o/io^r/t>«/2t'//t'j-jdes parties qui vont toujours en décroillant par moitié. Ceux qui difentquele continu eft divihble à l'infini , l'entendent du continu confidéré lelon fes parties pro- portionnelles : le tout , la moitié , la moitié de la moi- tié, la moitié de cette autre moitié, & aind en deken- dant julqu'à l'infini. Car ils foutiennent qu'on ne peut pas parvenir à une partie, à un point indivilible. ÇCF Un appelle taille proportionnelle , la taille repartie au prorata de ce qu un chacun polFcde de bien , au vil d'un arpentement &d'un abonnement. M. l'Abbé de S. Pierre a contribué par fes écrits à faire établir la taille proportionnelle. PROPORTIONNELLEMENT, adv. D'une manière pro- portionnelle. Pro ratdi proportionis régula. Tout trian- gle diviiéparune ligne parallèle à un de fes côtés , coupe les autres proportionnellement. Réduire proportionnel- lement un grand plan à un petit, ^fT Proporiionnellement. Par parties proportion- nelles. Ce n'eft pas par parties égales que les corps dé- croillent, (e divifent, c'eft en parties qui décrollfent proportionnellement. Anti-Lucrece. f^oye^ ci-def- lus Parties proportionnelles. PROPORTIONNÉMENT. adv. Par proportion, avec proportion, d'une manière proportionnée. Proyà/j /72e- ritis. Servatâ proportione. Il n'a pas été récompenfé proportionnement à Ion mérite.

Permettons aux Orfèvres , &c autres ouvriers dont la profellîon eft d'employer des matières d'or dans leurs ouvrages, d'en avoir chez en\ proportionnement zleuï travail. Déclaration du Roi ,duir Mars 1 720 , arti- cle ^. PROPORTIONNER, v. a .03" Garder la proportion nè- celTaire , établir un jufte rapport entre une chofe & une autre. Addquare , accommodare. Dieu proportionne les grâces à nos befoins, & les afflictions qu'il nous en- voie à nos forces. Les plus ridicules fottifes trouvent des efprits auxquels elles font proportionnées. Log. C'eft la marque d'un génie fubhme, defe proportion- ner tellement au génie & au caraèlère de ceux qu'il pratique, qu'ils croient être de niveau avec lui. Bell. Cette récompenfé eft ^ro/;omo/2we à fon mérite, à la condition. PROPORTIONNÉ , ÉE. part.

PROPOS, f m. Difcours , entretien. Oratio , fermo , colloquium.V\\xtMQ^\xe. à écm plufieurs livres àe% pro- pos de table. Ils tinrent plufieurs propos. Il a tenu des propos lort inlolens. De propos en propos nous fom- nies tombés iur votre chapitre, ^otte propos a été in- terrompu: retournons à notre propos. Elleétoit outra- gée des propos injurieux qu'on tenoit d'elle.

On d:t jouer aux propos rompus, quand on joue un jeu qui conhfte à joindre enfemble des difcours , qui fe difent tout basa l'oreille des uns & des antres, pour - voir s'ils produiront quelque (ens laifonnable ou non. Sententïts interruptis ludere. Et dans le figuré, on dit que des perfonues jouent s.viyi propos rompus, quand Toms FIL

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ils parlent fans fuite , Se fans s'entendre. Ce mot vient de propofitum. On le dit quelquefois pour propofition faite fur quel- que matière. On lui a jeté quelques propos de ma- riage, Ae% propos d'accommodement. (CJ Propos , le dit encore dans le lens de réfolution. Propofitum. On fc confefle avec un ferme /^ro/^oj' de s'amender , de ne plus retomber dans les péchés, je luis venu avec un terme propos de faire telle choie. Propos, fignifie aulli , convenance. Convenientia con- fcnfio. Cette gaité eft hors de propos en ce temps-ci : ce qu'on dit hors de/'ro/'Oi-, ne touche que bien peu, &c nelaille que des imprellîons confufes. Le Cii. de M. Vous nous interrompez par des hiftuiies hors de pro- pos. Pas. De PROPOS DÉLIBÉRÉ. Façon dc parler adverbiale. Avec dcllein , de dellein formé. Il n'a point fait cela parha- fard & fans y penfer, mais Ae propos délibéré. Acad. Fr. Il a fait cet alfallinat àe propos délibéré, dc def- lein prémédité. A PROPOS, adv. Il ne jugea pas à propos de rien entre- prendre. Ablanc. Non judicavit expedire , ejfe ad rem. C'eft-à-dire,ilnele jugea pas convenable. Le Roi à jugé à propos de faire cetrc Ordonnance. Cet homme eft venu mal à propos , à contre-temps. Il eft venu tout à propos y dans une occafion favorable. Opportune , commode. On dit au contraire , cet homme eft venu mal à propos , pour dire, il a tout gâté notre affaire. Intempefiivè. M.!iK à propos , c'eft-a-dire, puifquejc m'en louviens. ^fT On le fert encore de cette façon de parler adverbiale , quand on vient à dire quelque choie quia rapport à ce qu'on avoir dit précédemment. yiiàs à propos de cequejevousdilois A propos àz nouvelles.. . . A quel /rcyoi^ me dites-vous cela? c'eft- à-dire, pour quel lujet. Il a fait venir cela à propos, Omnia loco & tempore egit.

On dit proverbialement , à propos de bottes , ea parlant d'un difcours ou d'une action qui n'a aucun rapport avec ce qui a été dit ou fait. On dit aullî , chan- gement de propos réjouit l'homme. A TOUT PROPOS, adv. A tout moment, en toute occafion. Perpétua , occafionedatâ , quâlibet occafione data. Il parle de fa bravoure à tout propos. A tout propos vous faites le bigot. Voit. C'eft un indifcret qui rompt en vilière à tout propos. PROPOSABLE. adj. Qu'on peut propofer ^ Cetteaf- faire n'eft pas propofable. Un pareil indice eft-il cro- po fable .«' PROPOSANT, adj. Qzt&nApropofant. On appelle ainfi le Cardinal établi pour recevoir la profellîon de foi de ceux qui font nommés à des Evêchés, en pays d'obé- dience, & pour les propofer aux autres Cardinaux. Proposant, f m. Quia fait une offre, qui propofe un deifein. Offerens , proponens. On a fait voir au Con- feil le defTein de la jonèiion des mers : le propofant demande telles & telles conditions. On a écouté les^ro- pofans d'un tel parti , les enchériffeurs d'une telle ferme. Proposant , fe dit aulîî de ceux qu'on examine pour être reçus Miniftres dans la Religion Prétendue Refor- mée. Ils ne lont reçus propofans qu'après avoir (ubi un examen fur la Théologie dans une des clalTes du Synode, qualité qui leur donne le droit de prêcher; mais non pas celui d'adminiftrer les Sacremens qu'ils reconnoilTent. Lorfque le propofant eft appelé à une Eglife, ilfubit un nouvel examen, après lequel il eft reçuMiniftre. Quand on leur écrit, on met fur les let- tres : à Monfieur tel propofant en Théologie. PROPOSER, v. a. Mettre en avant quelque chofe, foit de vive voix, foit par écrit , pour l'examiner, pour en délibérer. Proponere y proferre in médium. Propo- fer une queftion , un argument , une difficulté. Onpro- pofe une affaire, un accommodement. On jpro/io/e fon avis. Ion opinion. Ion fentiment. Les Géomètres ^ro- pofent des problèmes aux Savans , afin qu'ils en trou- vent la folution. Les Bacheliers /^royo/è/zr des thèfes, des maximes , dont ils prétendent foutenir la vérité. On a propojé à ces Doéteurs une telle queftion pour l'examiner. Cet accufé a de bonnes défenfes à propo- fer ^ à alléguer.

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Proposer, {îgnifîe aulli prcfentef, offilr /promet- tre un prix, une rccompenleà celui qui auiarcullieu quelque choie. On a propofé plulieuis parris avanta- geux à cette fille. On apropo/c un prix à celui qui trou- A'era les longitudes. L'Acadcniic Françoilc propofe des prix d'éloquence, de poëlie. P/v^o/t;/' un lujet , une niatière, c'eil la donner a traiter. Le lujet quel'Acadc- mieavoitjiJrij^o/ipourleprixdel'clijquence, étoit, àx. Proposer quelqu'un pour modiU , c'eit le donner pour modèle. Proponere ad ïmïtandum.

Proposer quelqu'un pour une place , pour un em- ploi , c'eft nommer quelqu'un comme c.ipable de le remplir. Proposer , (e dit encore pour , faire connoître au Con- fiftoire des Cardinaux à Rome, l'état de quelque Evê- ché ou Archevêché, pour voir les qualités de celui qui a été nommé par un Prince Souverain , & pour qui le Cardinal propofant demande des Bulles. Exponere.

Se proposer de faire quelque ckofe , prendre la ré- foluti.jnde la t^iire. Decernere, conjluuere. Il fe pro vofc de partit dans peu. Un pénitent le propofe de re noncer à Tes habitudes. Se propojer une fin , c'cit y tendre. Foyci Fin.

On dit proverbialement que \'\\ovnmc propofe , & que Dieu difpole ; pour dire , que nos projets ne réuf fîflent qu'autant qu'il plait à Dieu , ou que nos entre- prifes Tournent au contraire de nos elpérances. Proposer, eft au^îî un verbe neutre qui eft en ufage parmi les Prorcftans , & qui (e dit des Etudians en Théologie. C eft traiter un texte de l'Ecriture-faintea la manicre desMinirtrcs, lexpoler. Textum Scripju Tit proponere , exponere, hdretixorum more. Ainii ce qui s'appelle prêcher dans un Miniftre, s'appelle pro jyoferda.\is un Etudiant enThéologie. Cejeune homme a fort bien propofé. PROPOSÉ , Et. part.

ip- PRC'POSITI 'N. f. f. En termes de Logique Se de Grammaire, c'eft un diicours qui affirme , ou qui nie quelque choie d une autre. C'eft l'énonciation , l'ex- prcllîon totale d'un jugement. L'efprit apperçoitleiap- pottde convenance qu'il y a entre ces deux idées Dieu ik/uj?e , il les joint enlemble en affirmant l'une de l'au- l'autre : voilà le jugement. Cette opération de l'efprit qui unit ainli deux idées, manifeftée, rendue Icnliblc par la parole , en dilant Dieu ejl juflc , eft ce qu'on appelle propofîcion. Ainli la propojlcion ejl affirma- tive ou négative de même que le jugement, foje^ JuGEMf.î?T. Le Syllogilme eft compolé de trois pro pqfitions , majeure , mineure & conclufion. L'Enthy- même n'a que deux propositions. Une propoficior doit, avoir deux termes. L'un de qui l'on affirme, ou de qui l'on nie , lequel s'appelleyi/irr .• l'autre qu'on affirme, ou que l'on nie, lequel s'appelle attribut , on prédicat- Enfuite il faut que l'elprit les lie , ou les le pare: comme. Dieu efî jujle. Dieu qui eft le lujet, ell lié :i\'cc juflc j, qui eft fon attribut, parle verbe lubl- tantit eji. Or comme les termes lont ou linguliers , ou communs & univerfels , le fujet d'une proportion eft un terme commun, pris dans toute Ion étendue , la propofi'ion s'appelle univcrfelle : tout Athée cfi vicieux. Si le terme commun n'eft pris que félon une partie indéterminée de fon étendue , parce qir'il eft rel- ferré par le mot indéterminé , quelque, h. propofîtion s'a.'p^eWs. particulière. Si le fujet d'une proportion eft fingulière , elle s'appelle T'"'',^^"'''!?''^- Pierre eft lavant. Les proportions qui n'ont qu'un feul fujet , ou un leul attribut , s'appellenty?m;'/e5 ; & celles qui ont plus d'un fujet, ou plus d'un attribut, s'appellent compo- jées. LoG. ^PF On dit en ce fens , c'eft à-dire , en confidérant la propofîtion comme l'exprelh on d'un jugement, avan- cer, hafarder, foutcnir, condamner, cenfurer unc/^ro- pofition. Cette propofîtion eft vraie , claire, fauife , établie fur de faux principes. Propofîtion de foi , héré- tique , fcandaleufe , impie , &c. Les cinq fameufes/^ro- pofitions de .lanfenius. ^STPropositio'-i, en termes de Mathématiques, de Géo- métrie.C'eft un difcours par lequel on énonce une vérité il démontier , ou une queftion à réloudre. Ainb l'on

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dit démontrer, réfoudre une propofîtion. Si h propo'

fîtion énonce une vérité à démontrer , elle s'appelle théorème. Si c'eft une queftion à rcloudte , prohième. Foye^ ces deux mots. La propofîtion eft donc pro- prcmenr l'énoncé d'un théorème ou d un problème. ^CTl-ROPosiTioN, en termes d éloquence. C'tft une expo- litionlimple, courte & naturelle du fujet que l'on va traiter. La propofîtion ien dans le plaidoyer a annon- cer le point qui efta juger, ou ce qui détermine l'ctat de la queftion. Il y ades^ro^oj?no«5 fimples qui n'ont qu'un objet, & des compolées qui ont plulieurs par- ties.

(fT Proposition, en termes de Poëfie. C'eft proprement le début, ou la première partie du pocme, dans la- quelle le poète expole en général ce qu'il doit dire dans le cours de Ion ouvrage. La propofîtion , dit le P. le Boffu, doit contenir la matièie du pucme , c'eft- à-dire, l'aclion, tàc les perlonnes qui doivent l'exécu- ter , c'cft-à-dire, les principaux perionr.ages. /- o_v^^ les débuts de l'Iliade, de K^dilfée, de l'Enéide , é'c.

Proposition, le dit aufti de toutes lortes d'ofttes qu'on fait dans les affaires , & les négociations , pour les en- treprendre , ou pour les terminer. Conditio. On a fait à ce Prince des propofîtion^ de paix , d'accommode- ment, de mariage. Ce plaideur obftmc rejette tv utesles propofîtions qui ont été écoutées & approuvées par Ion Confcil.

Proposition, eft aulîl un terme fort ufité parmi les Pré- tendus Rélormés. C'eft, à l'égard d'un étudiant en Théologie , une prédication , l'expofition d'un texte de l'Ecriture -Sainte. M. tel a rendu aujourd'hui la propo- fîtion. Il y avoir beaucoup d'ordre & de folidité dans la propofîtion.

Proposition d'erreur, fe dit au Palais d'un remède ex- traordinaire de Droit, pour revenir contre un arrêt oi il y a une erreur en fait, ou une injufticc manifeftc. Relatio cauf& perperàm ex errore judicatdc. Il eft dif-! férenr de la requête civile , en ce que la requête civile. n'accule que le fait, ou le dol Si la lurprile de la p.ir- tie ; ëc dans la propofîtion d'erreur j il y a du fait des Juges qui le font trompés dans le fait, & non dans le droit. Les propofîtions d'erreur ont été .abrogées pat le dernier article de l'Ordonnance de 1667.

En Théologie, on A^'peWe pains de propofîtion , les douze pains que les Juifs offroicnt à Dieu, & qui étoient rangés fix à lîx lut la table du Tabernacle. Pa~ nés propcfîtionis.

Quelques uns croient que ces pains étoient rangés non en deux piles, mais en trois de quatre chacune.

On les fervoittous chauds en préience du Seigneurie jour du Sabbat, Se on ôtoit en même temps ceux qui avoient été expolés pendant la femaine. On brûloit l'en- cens tous les lamedis lur la table d'or quand on y met- toit les pains de propofîtion. Il n'y avoit que les Prê- tres qui pulfent en manger. F'oyc'^i.'E. Dict. de la Bi- ble du P. Calmet.

Mellieurs du Port Royal, dans leur tradudion du nouveau Teftament, onx. dî\i pains expofés , au lieu de pains de propofîtion. Quelque lefpeét que j'aye poui ces Meilleurs, dit le P. Bouhouis, je ne puis les ap- prouver en cela. En etTet il ne faut point , comme il ledit ailleurs, changer les termes de la Religion; & dans 'les tradudions des li\'res lacrés, il faut confer- ver, autant qu'on le peut, les anciennes cxprelîions.

PROPOUS. f. m. Vieux mot. Propos. Borel. Sermo.

gCT PROPRE, adj. de t. g. Souvent employé fubftanti- vement. Ce mot défigne une chofe qui appartient à quelqu'un à l'exclufion d'un autre. Proprius peculia- ris. En confidérant l'artribut clfentiel qui conftitue une elpèce, &la diftingue des autres, fi nous apper- cevons quelqu'autre attribut qui loit lié à celui-là ,qui en foit une fuite néceffairc , nous lui donnons le nom àe propriété , &c nous l'attribuons à toute l'elpèce par le terme adjecftif , propre.

Les Philofophes diftinguent quatre fortes de pro- pres : le premier qui convient à une feule elpèce , mais non pas à tous le« individus, comme d'être Géo- mètre, Médecin , Philofophc ; c'eft le propre de l'hïJiTi- me, mais non pas de tous : le fécond , qui convient

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àtoutc refpcce", mais qui convient .iiitTî à quclqu'au- tre , comme d'avoii- deux pieds , çiï propre à l'iiomme ; mais il dlpropre aullî iiloifeau : le tmilièmc, qui con- vient à une feule clpccc, mais non pas en tout temps , comme d'avoit des clievcux blancs , eft propre Icu- lement à l'homme ; mais au vieillard : le dciiaiei- , qui convient feulement à uiieefpcce,à tous les indi- vidus , Se en tout temps. Om/ii j'oH, i:'femper, com- me on dit dans les écoles, comme la faculté de rite cii propre ï l'homme, celle de hennir aux chevaux , &c , ik c'ert: celui la que Porphyre appelle vrai propre. Propre, ledit en Morale de ce qui le trouve ordinaire- ment dans les chofes,&de leurs yercusparticuhèrcs.Pro- prius. Dans cette acception il (econllruitavec de.C'eù. [c propre de Dieu, d'être bon & miléricordieux, de pardonner. C'eft le propre des efprits foibles , d'être lâches ik vindicatifs. C'efl: le propre des gueux enri- chis d'avoir de l'orgueil. C'elt le propre des jeunes gens d'être étourdis , emportés 3c débauchés. La ma- gnanimité efl: \j.vcmi propre des Héros. Ablanc. ÇC? On appelle amour /î/OjP/t'j l'amour qu'on a pour foi- même. /;« amor , phïlautïa. Il le prend ordinairement en mauvaife part, f'^oyc-^ au mot Amour, amour pro- pre. Nous ne faifons prefque rien que nous n'yloyons portés par \x\xiow:propre : c"eft-à dire, par l'amour que nous nous portons à nous-mêmes. L'amour de Dieu doit être pur , &■ dégagé de tout motif de propre in- térêt. l'ÉN. Propre , îfF fe dit aullî dece qui peut fetvir à certaines chofes. Alors il exprime dans l'homme les qualités , les talens nécellaires pour réuiîu" dans les choies dor.t on parle. Dans cette acception il le conftruit avec à ou pour. Propre à ou pourXz guerre: & quand il fuit un verbe a£tif employé dans une lignification pallrve , on met toujours à. Dubois propre à brûler. Aptus , idoneus. Il y a des gens qui ne ioni propres à rien. Les Romains furent moins propres à la guerre , quand ils furent devenus plus polis & plus favans. Val. Le bois de chêne eft propre à bâtir. Le moilon eft propre à faire des londemens. Cette pLante q& propre pour telle chofe , à telle chofe. ^Cr Propre , fe dit auOl dans le fens de convenable. Ap- tus , conveniens. Manteau propre pour toutes les (ai- fons. Aptum pallïum ad omne annï tcmpus. Cela eft propre a tijutes lottes de gens. Cet habit n'eft propre que pour les jours decéiémonie. Chaque animal fait choiiir 1 aliment qui lui el\ propre. ^CF Propre, en termes de Grammaire, fe dit desnoms &des mots. Le nom propre eft celui qui déligne une ch^fe particulière, pour la diftinguerdes autres. Il eft diftinguédunomappellatif. Chez IcsChrétiens lenom propre eft celui qui eft impofé au baptême. Propre, à l'égard des mots (e dit de leur lignification particulière, & qui leur eft directement afteélés, & cela par oppofition aux exprellîcns figurées & méta- phoriques. Verhorum Jîgiiijicado -, fenfus proprius. §3" Un mot eft pris dans le iens propre j lorfqu'il elt employé pour exciter dans l'elprit l'idée totale que l'u- lage primitif lui a fait fignifier : au lieu qu'il eft pris dans un i^nsfiguré , lorfqu'il prélente une autre idée votale à laquelle il n a rapport que par l'analogie de celle qui eft l'objet du fens propre. Le mot At feu eft pris dans le fens propre quand il eft employé pour fi- gnifier un des quatre clémens qui eft chaud &c fec. Il eft pris dans le^ (ms figuré quand on dit le feu de la colère , des pallions, de la fièvre, &c. fer Dans ce fens il eft aufti fubftantif. On prend un mot au propre ou ^nfiçuré. Le mélangé da propre 8c du fi- guré fait un agrément. Bouh. Le figuré adoucit ce que le propre a de rude. Id. Propre , fCF eft quelquefois employé dans la lignifica- tion de même. Voilà les propres paroles, les propres termes dont il s'eft fcrvi. Voilà la claufe en propres terfties. ifT Quelquefois aufll le moi propre eft employé par une efpèce de redondance, ou par énergie, pour marquer plus précifément quelque chofe. Foye^ Pléonasme. J. C. eft venu nous racheter en ;'ro/>re petfonne. Dieu avoit gravé les tables de la Loi de fa propre main. Tome FIL

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Nous avons vu fon Verbe de nos propres yeux. Cette lettre a été donnée en main propre. Le l'apc confère quekjuefois des Bénéfiees de (on propre mouvement, lia levé la main (ur ion propre pcre. Propre , le dit aulli de ce qui appartient fpécialcment à quelqu'un , de ce dont il peur difpofer. Proprium peculiare. Un Moine Profès n'a rien de propre , qui foit à lui cn/TO/jrt'. Il faut laire l'aumône de ion bien propre, & non pas de celui d'autrui. On peutufcr de fes amis comme du lien propre.

On dit , le rendre propre > pour s'approprier. Sil>i ûfurpare yVel vindicare. Les traductions qu'un a faites en notre langue , nous rendent propres toutes les ri- chelles des Grecs & des Latins. Bouh. Les Pvois , fans avoir le détail de toutes les qualités des particu- liers, (e rendent ^ro/'re à eux tout ce que les particu- liers ont de bon. M. Scud. 0Cr Propre , le dit aullî dans une fignification bien dif- férente , par oppofition afa/e , & comme lynonyme de net. Mundus. Cette t'emme cCi propre- Cet homme eft très ^/o/irt?. Et dans cette acception, il fignifie aullî la même choie qu'arrangé, .ajufté. Mundus , comptus , compofuus. Ces meubles , ces habits , ces équipages font nès-propres. Cet homme eft toujours propre ÔC bien mis. Il eft propre dans fes habits, dans fes meu- bles. Propre )uU]a' a. l'excès. Mundulus. Propre, f, m. Oftice propre pour quelque Eglife , ou quelque Communauté. Livre qui contient cet Office. Proprium alkujus EecUfit , aut Communuatis Offi- cium. Un Propre imprimé à Compiégne en 1680 nomme barbarement faint Vaft , en françois S. Védaft. Le Propre de l'Eglife de Paris. Le Propre des Capu- cins , des Jéluites , &c. gcr On appelle Propre du temps, ce qui ne fe dît qu'en cettains temps de l'année. Propre des Saints , &c. ce qui ne fe dit qu'en certaines fctcs : &c propre de certaines Eglifcs , ce qui ne le dit que dans ces Eglilcs. Propre, f. m. En termes de Jurilprudence Françoile , eft oppofé à acquêt ou concjuct. Proprium , patrïmo' nlale. C'eft un héritage qui eft venu par luccellioii diredle, ou collatérale, & qu'on n'a point acquis par fon induftrie. Un Teftateur ne peut dilpoler que de fes meubles & acquêts , & du quint de fes propres. Les parens paternels héritent des propres paternels , tk les maternels des propres maternels. Ainli les pro- pres retournent toujours à la ligne d'où ils procèdent. On ne fait pas trop l'origine de cette loi qui a mis de la différence entre les propres Se les acquêts. Ni les Grecs ni les Romains n'ont fait cette diftinétion. Du moins elle eft fondée fur ce principe d'équité, que les hommes ont bien voulu conferver & aftcéler à leur famille les biens qu ils avoient reçus de leurs pères, & les tranfmcttie à ceux qui lont ilfus d'une même fouche. Plufieurs Coutumes appellent propres anciens ceux qui font provenus d'eftoc. Se qui ont fait louche par divers degrés de iucee([\on-i Se propres naiffansj ceux qui commencent à fiire louche. Se qui prennent nature de propres en la perlonne de ce- lui qui le premier les poflede à droit héréditaire. La Coutume de Normandie appelle indiftinétemcnt ^/o- pres les biens Se conquêts que l'on poflede à droit luc- celfif. Mais dans les Coutumes cette diftinttion a lieu , on appelle un propre ancien , celui qui a fait louche dans la famille, qui vient de l'ayeul, bilayeul ou trilayeul ; & propre naijjant , celui qui n'a point fait louche. Un acquêt du père eft un propre naiffanc dans la perfonne de fon fils. Il y a aulFi des propres qui le font par ftipulatipn. On en fait entrer unepar- tie en communauté , Se le tefte tient lieu de propre à la femme & aux fiens. Ces propres fidifs font, des lommes de deniers ftipulés propres ; ce qui fe fait dans beaucoup de contrats de mariage. On ftipule aullî le remplacement des propres. PROPRÉFET, f. m. Ce mot fe dit dans l'Hiftoire de l'Empire Romain , pour Lieutenant du Préfet. Ofticiei' que le Préfet du Prétoire, ou le Préfet de Rome com- mettoit pour faire quelque fonéfion de fa Charge à la place. Proprufcclus. Voyez Henri de Valois , dans 1 fes Notes fur Aramicn Marcellin. Dans G ruter,^. 57a

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la troifième infcription fait mention fous Gratien, des Fropréfets du Prétoire dans la ville de Rome, & dans les provinces voilmes.

PROPREMENT, adv. employé dans plufieuis ac-

ceptions tout-à-fait ditférentes. Il lignifie quelquefois lamêmechofeque/'r^i/tOTdwr.Cemor h^mfiepwpie- menc telle chofe, c'eft-àdirc, dans l'exadte vérité.

fer En Grammaire, il lîgnitîe dans le fens propre, c'eft- à-dire,qui convient, qui appartient particulièrement au mot. Tel mot proprement pris fignifie telle choie. C'cll l'oppolé de figurémcnt.

Quand un même terme s'étend à plulîeurs chofes, & convient particulièrement à une feule, on fe fcit du mot proprement, pour délîgner cette lignification particulière. Ainfi l'on dit , la Grèce proprement dite , pour délîgner l'Acha'ie, le Féloponèle, &c. à ladifté- rence des autres pays que l'on comprend aullî (ous le nom de Grèce , quand on le prend dans une lignifica- tion plus étendue.

^3" Quaiîd on dit qu'un homme parle proprement ^, qu'il s'e:;prime /7rt)^'/<;TOd/zr j on veut dire qu'il parle avec juftelle, avec exaditudc & précihon , que les mots dont il le fert expriment bien ce qu'il veut dire. Fro- priè loqui.

fe- Froprement parlant, à proprement parler. Façons de parler adverbiales, qui lignifient en termes précis, dans l'exade vérité. A proprement parler, cette vie n'eft qu'un exil. Vt verè iieam , quoi res ejl. A pro- prement parler, c'efl: une friponnerie.

tf^ PropPvEment , avec propreté, netteté. Mundè ,mun- dïter. Accommoder proprement à manger. Donner proprement à manger. Proprement meublé , propre- ment mis, habillé, c'eft- à- dire, d'une manière agréable & convenable.

*^ Quand on dit qu'une perfonne danfe, chante, joue d'un inftiumeut, travaille proprement , on veut iim- plement dire qu'elle fait tout cela, non pas dans la dernière perfeftiun, mais avec juftcllc, de bonne grâ- ce , d'une manière agréable & convenable.

PROPliET, ETTE. adj. Ce mot fe dit en termes fami- liers de celui ou celle qui a une propreté afteétéc, étu- diée. Mundulus j elegantuius. Abbé propret. Elle eif proprette : Ôc lubltantivemcnt c'ell un propret.

PROPRETÉ, f. f. Qiulité de ce qui ell propre, *-'- qui eft exempt de lalcté, d'ordure. Alunditia, mundïtles. Lz propreté' du corps contribue a la (antc. La. propreté d'un appartement.

C eft aulli une certaine modeftie dans fon habille- ment , une manière convenable iSc décente dans les ha- bits, dans les meubles. Les lemmes ont fouvent une propreté affeétée Si ridicule. Vous ne vous croyez pas logés décemment, li vous ne joignez à la propreté, le luxe & la magnificence. FlÉch. Les gens de bon goût ont plus loin de h propreté qut de la parure. Le Ch. DE M. La propreté ôc la bienléance dans les habits re- lèvent la beauté d'une femme.

Qui néglige la propreté

Semble négliger fa maîtreffe. La Suze.

Les Turcs font fobres dans leur manger , tant pour la quantité, que pour la qualité des viandes , & bien qu'ils n'ayent pas toute la propreté qm leroit à défirer, leur défaut ell: plus exculable que l'iiKcmpérance , & que l'excès déteftable de la plus grande partie des Chré- tiens, parce que la politelle eft plutôt de bienféance , que de nécellité, qui doit être la (eule railon du man- ger. Du Loir. /j. lûj. PRCPRh,TEUR. f. m. Magiftrat Romain. On appeloit d'ordinaire Fropréteurs , ceux qui , après avoir exercé rOflice de Préteur, étoient envoyés dans les provinces pour y commander , ou pour y rendre la Juftice. Fro- prtttor. On appela aullî Propréteurs , ceuxqui (ans avoir été Préteurs étoient envoyés extraordinairement dans les provinces pour les gouverner. Quelques-uns aftec- tent le nom de Fropréteurs à ceux qui étoient envoyés par les Empereurs dans les provinces qui étoient tom- bées dans leur partage j comme celui de Froconfuls à ceux du peuple.

PR O

PROPRIÉTAIRE, f. m. & f. Qui a le domaine d'une ehofe , qui a droit d'en jouir, d'en dilpoler, d'en faire ce que bon lui femble. Proprietarius , dominus. Un fermier ou locataire n'cft pas partie capable pour dé- fendre aux actions qu'on intente touchant le fonds dont il jouit , il faut les faire juger avec la propriétaire. On appelle propriétaire mcommutable , celui qui eft Seigneur d'un tonds lans crainte d'évidtion , & lans charge de rachat, ou faculté de réméré. La propriétaire eft allîgnée. Le Mait. Les Bénéficiers & les Evêques ne (ont ni les propriétaires ni les m.iitres , mais les dilpenlateurs des biens de l'Eglile. Thomass. 03" Le propriétaire diffère de l'ulufruitier , en ce que ce dernier n'a que la jouillance pleine & entière de la choie , qui doit un jour être remile ?.u propriétaire. Ainli il ne peut changer l'état des lieux , ni les dété- riorer, ni rien faire qui puille y cauler le moindre dommage: au lieu que le propriétaire peut uti & ahu- ti re fuà quatenus juris ratio patitur, changer l'état des lieux, démolir, bâtir, couper du bois, &c. Propriétaire. Terme de Dévotion. Les Myftiques ap- pellent ame propriétaire , celle dont l'amour n'eft pas parfaitement delînterreiré , c'eft-à-dirc, qui rapportant les vertus à la gloire de Dieu, a aullî en vue le mérite ^ la récompenle. Anima jervilis qu£ fpe mercedis agit. Au lieu qu'une ame parfaitement definferreirée les rapporte uniquement à la gloire de Dieu , fans au- cun motif de propre intérêt , & demeure là-delFus dans une fainte indifférence. Fenelon. Anima vero perfecla agit Jïmpliciter , & propter gioriam Dei. V. Propriété. ijZf~ PROPRIETE, f. f. On entend ordinairement par ce mot en Phihjlophie , non pas précilément l'ellence d u- ne choie, mais ce qui coulede l'ellence, ce qui en eft dé- duit, c'cft-à-dus, un attribut qui eft nécellaircment lié avec l'attribut cllentiel , qui en eft inicparable. Fro- prietas. La matière étant eilentiellement étendue, eft (u(ceptible de mouvement, de divifion, de figure, &c, La r.wbiiité , la divilibilité , la figurabilité , &c. font des att'rfbuts, des propriétés qui le dcduifcnt de l'étendue. Les propriétés font donc des qu.ilités qui appartiennent eflenticiiemcnt à une chofe , en tant qu'elles font des luites nécellaires de l'attribut qui les conftitue. L'im- pénécrabilité eft: une propriété de la matière. <^ On le dit dans un lens moins philolophique des qualités particulières d'une choie. Salomon connoiiroit toutes les propriétés des plantes depuis le cèdre jul- qu'à l'hy^iope. Les propriétés de \.'âïma.m, les proprié- tés des métaux , des minéraux. 53* Propriété , en termes de Grammaire, fe dit de la fignification particulière d'un mot convenable à la cho- fe à laquelle on l'applique : c'eft la propre lignification. Il entend, il oblcrve la propriété des termes, dans tout ce qu'il dit, dans tout ce qu'il écrit. Propriété , en ternies de Droit, lignifie le domaine, la feigneurie de quelque chofe , dont on eft maître abfolu, qu'on peut vendre, engager, Ik dont on peut dilpoler à fon profit ; le droit de jouir de de difpoler à notre volonté de la choie qui nous appartient. Dominium^ mancipium. Les fiefs, les héritages, le polledcnt en pleine propriété. On n'a pas la propriété des Bénéfices, on n'en a que la jouilfance. On peut donner la pro- priété d'une terre , & s'en réferver l'ufufruit. Par la mort de l'ulufruitier, l'ulutiuit eft conlolide à la. pro- priété. Les Religieux de l'ordre de S. François , ont long-temps dilputé s'ils avoient la propriété du pain qu'ils mangcoient , eu feulement l'ulage. §3" La propriété diftêre de la poljejjlon , en ce que le poft'elTeur d'une chofe n'en eft pas toujours proprié- taire ; & louvçnt le propriétaire n'a pas la poll'ellion de la ciiole qui lui appartient. La propriété diffère aullî del'ufufruit. /^.Propriétaire è- Usufruitier. {fF La p-^opnété des biens eft un étabhiremtnt très im- portant, qui modifie le droit que tous les hommes avoient originairement fur les biens de la terre. Diftm- guant avec loin ce qui doit appartenir à chacun , elle alfure à tous une jouiirancc tranquille & pailible de ce qu'ils polsèdent:ce qui eft un moyen très-propre à entretenir la paix & la bonne harmonie entre eux. Mais

P llO

pulf^îiic tous les hommes avoicnt originairement le «ir<;jr d il fer en commun de tout ce tjue Ja ttrte pro- duit pour leurs bclwins; il c(t évident que ce pou- voir naturel fc trouve flituellemcnt leftrtint & Imiité à divers égards, ce ne peut être que par une luite de quelque laitlmm.iin. Ainiî l'état de /'ro/;r,:t?Ve' qui pro- duit ces limitations, doit être mis au rang des états accclloires. PropriÉiÉ. Terme de Dévotion. Les Myftiques diftin- guent deux (ottcs At yrcpnctss. La première jPro/jrztYc'' fil l'orv;ueiU c'cft un amour de L\ propre excellence, en tant que propre , ôc ians aucune lubordinarion à no- tre fin ellentielle qui eft la gloire de Dieu. Philautia. Cette propriété eft un péclic. La féconde propriété eft un amour de notre propre excellence , en tant qu'elle cil la nôtre, mais avec fubordination à notre fin tlîen- tielJe, qui eft la gl )ire d.eDieu. Amor proprlt excel- lente. C'eft vuul-.iir ptatiquer les vertus pour la gloire de Dieu; mais aulli pour en avoir la récompenle. C'eft une imperteétion, & non pas un péché. Les Myt- tiques l'appellent avarice Se ambition Ipirituclle. Fen. La propriété eft un amour interrciré , & une ("ouillurc de l'ame. 1d.

tfT l'ROPlUO MOTU. Termes latins qui fignifîcnt de fan propre mouvement. Un s'cvi lert en paiiant des Bulles des Papes , & l'en en fait une elpèce de iubt- tantii. Le feul proprio motu dans une Bulle , choque les François , ik. fulîit pour la faire rejeter.

PROPYLÉE, f. f. Propylea. Diane eut un temple à Elcu- Hs, fous ce nom qui veut dire, celle qui veille à la garde de la ville, qui fe tient devant la porte, de »f»' & ïii/Aii, devant la porte.

PROQUESTEUR, f. m. Celui qui exerce la Charge du Quefteur à ta place. Lieutenant du Queftci'r. Proque.j- tor. On appcloit Proqncjicur chez les Romains , celui que le Gouverneur d'une Province nommoit pour exercer la Quefture à la place d'un Quefteur mort, julqu'à ce que le Sénat & le Peuple Romain y euilent pourvu, & en euilent envoyé un autre.

§3" PRO RATA. f. m. Terme emprunté du larin, pour iignifier ceque nous entendons par proportion. Au pro~ ratj , à proportion. On le dit fou vent en (lylc de pra tique & de Commerce. Ainfî I on dit que chaque Af- focié partage le profit ou lupporte les pertes au pro- rata de fon intérêt; c'eft à dire, qu'il profite ou qu'il perd à proportion' du fonds qu'il a mis dans l'entie- prife. Les héritiers contribuent aux charges zupro-ruta de leurs parts 6i portions. Pro rata parte.

PROROGATION, f f Aétion par laquelle on diffère quelque chofe. Continuation de délai. Prcrogaf.o , dilatio. Prorogation de délai.

Prorogation. En parlant des. affaires d'Angleterre, on appelle /Ttira^izfio/: du Parlement, l'ordre que le Roi donne d interrompre les fiances du Parlement, pour ne recommencer qu'à un certain jour. AcAr. Fr.

Prorogation de grâce , eft quand l'Acheteur qi;i a acheté (ous faculté de réméré julqu'à un certain tems, après ce tems fini , proroge ce délai , Se accorde la fa- culté de rachat au Vendeur jufqu'à un autre temps.

Prorogation de compromis , eft l'exteniion du temps donné par compromis aux Arbritres , pour décider le d;fFérent, dont ils (ont nommés Arbitres.

Prorogation de ]uridi3ion , eft l'attribution ou la re- connoiltance volontaire, que fait un particulier de la Juridiélion d'un Juge, qui n'a pas droit de cjnno.tre du différent des Parties, foit par rapport au domicile du Défendeur, foit par rapport à la matière dont eft quefti on.

^CT Suivant le Droit Romain, les particuliers peuvent, non donner le droit de Juridiction à celui qui n'en a point , mnis proroger la Juridiûion d'un Juge qui n'cft pas le leur, ou qui n'cft pas compétent. En France oià les Juridictions font patrimoniales , nous ne pou- vons pas valablement nous foumettre à la Juridiélion d'un Juge qui n'eft pas celui qui doit connokre du dif- férent des parties.

PROROGER. V. a. Terme de Palais. Donner un délai, accorder un terme plus long que celui qui éroit con- venu, ou qui étoit porté par un adle. PTOTogarc,dïf'

PRO 2T

ferre. Les r.-itties ont prorogé d'un mois , !e pruvoir- qu il, avoieut donné aux AThitie'. C n du aulh en An gktcire, que le Roi a prtro;;é Ln 1 arlement , peur due qu'il en a remis les iéances a une autre lailon.

{O- Quel' ;ues Phyfiticns s'en fcnt fcrvis avec le j, roncm pcrfunncl dans le même ftns eue fe ccrrmuiuct.er ,fe

propager. L'air tft le véhicule du fon, & le fon ne peut le proroger que par la compitHion du corps qui c aanfmet. JvIaixan. Le fon ii: ^roro^e au moyen de l.air qui le tranlmet. Nollet.

PROR( , LE. p.art.

PROSAÏQUE, adj. m. & f. Qui fent la profe. Profaùus, vel projam rcdolens. C'eft une épitl.ète qu'on' donne aux mcchans vers. Ces vers lont trop rro/j/<7;/rf , ne font pas allez pompeux & élevés; le fîyle en i,{i pro- faique, on dirok que c'eft de la piofc. .

(fT PROSAÏSER. v. n. Ecrire en ptofe. Terme du ftyle badin, marotique.

Maître Fine en t^ * ce grand f ai fcur de lettres Si bien que vous n'eut feu profa'lcr. Maître Clément, ■"* ce 'grand fcifeur de mètres Si tien que vous n'eut feu poctiftr.

*■ Voiture.

*■>' Maroc.

ce? PROSATEUR, f. m. Qui écrit en prcfe. Qui fo- lutâ oraûone fcrihit. Ce mot eft nouveau*. Ménage a t.khé le premier de l'introduire , pour l'oppofer plus exactement a Poëte que celui d Orateur ; car il y a plu- fieurs bons Ecrivains en profe, qu'on ne peut pas mettre au rang des Orateurs. XLiis il a vieilli fans faire aucun progrès à la Cour. Le Public l'a rebut.;; <^' le delléin de M. Ménage qui en vouloit enrichir notre langue, n'a point été heureux. BouH. Cependant Da- net ne fait aucune difliculté de l'admettre dans le Dic- tionnaire qu'il a hiit pour l'ufage de Monfeigneur le Dauphin. Nos meilleurs Ecrivains l'empKyient. Je n'eu citerai qu'un exemple , qui fcul en vaut plulieurs. Il eft de M. le PréJidcnt iicuhier,/'. i j de la préface de fa belle rraduction en vers François, du Pocme de Pé- trone, fur la guerre civile entre Célar & Pompée, in- 4°. Amft. 1757. Quoique feu M. de laMotte ttit, dit- il , grand Pocre , on fait qu'il étoit encore plus grand Profateur.

J'ai bien encor quelques Ions Orateurs ; Chaffeurs rufés , & fur tout en grand nombre ^ Joueurs fubrils , & Cûutekurs à l'ombre -, Mais tout au plus ne font que Profateurs.

M. Le Duc,

V^ PROSCENIUM, f. m. Terme d'Antiquité. Ce mot lignifie proprement le devant de la fcène, l'avant- fcènc. C'étcit un efpace libre entre la fcène propremenc dire & r'^,'rcheftre. Cet eipace par le moyen des déco- rations placées au de-là iur la fcène même rcpréfentoit une place publique, ou un endroit ch.ampêtre, mais toujours un lieu à découvert.

Chez les dccs , le Profcer^ium étoit plus élevé que chez les Romains. Le denièie du Théâtre s'appéloic p&rafcenium. 11 avoir deux parties; le profcenium pro- prement dit, les Aéleurs jouoicnt, ik. le Logeum^ étoit placé le Chœur, & ceux qui, n'.iyant pas de rôle dans la pièce, ne lailfoient pas de fervir à la re- pi'éfentation. C'étoit qu'étoient les Pantomimes.

PROSCRIPTEUR. f. m. Magiftrat de Rome. Profcrip- tor. L'Agent du Peuple Romain, le Notaire de la Chambre du Capirole , le Contrôleur , le Profcripteur , le Filcal, le Sous-Secrétaire du Peuple, & le Secrétaire du Sénat Romain. Ga-;^. 1711. />. Ô2}.

ifr PROSCRIPTION, f. f.Termed'Hiftoirc Romaine. Profcriptio. Ce mot lignifie littéralement appofition. d'aiïiches, de placards, banniftement, confif cation de corps é\' de biens , mife de tête à prix. Particulièrement c'eft une publication faite par le Gouverncmenr ou par un Chef de parti , par laquelle on décerne une peine contre ceux quiy font défignés. Quelquefois oninterdi- foit feulement Je feu & l'eau au profcrit jufqu'à une cer-

2Z PRO

t.iine diftance de Rome, avec dcfenfe de lui donner reaaite dans cette diftance maïquée. C'étoit quelque- fois une condamnation à moit,lans aucune forme ju- diciaire , qui pouvoir être mile a exécution par quel- que particulier que ce fût auquel on donnoit une ré- compentc. Dans les deux cas , on aitichoit le Décret écrit iur des tables, pour être lu dans les places publi- ques; & dans IsL profcription des têtes, on trouvoit au bas L nom de ceux qui croient condamné.*; mort , ôc le prix décerné pour la tête de chaque profcrit. Les frofcrlptions du temps de Sylla & de Marius, ainfi que les profcriptions du temps du Triumvirat , font connues de tout le monde

ffr PROSCRIRE. V. a. Chez les Romains, c'étoit con- damner' quelqu'un à quelque pt^ine emportant mort ■naturelle ou civile ; & qu.îlquei-ois condamner à mort par autoriré ullirpée, & fans forme judiciaire, en pu- bliant limplement par un affiche le nom de ceux dorit la tête étoit mile prix. Projlribere. Sylla & Marius projcrivirau plus de trois inille ciroyens Romains. Les Triumvirs Lépide, 06tave Se Antoine profcrivi- rent tous leurs ennemis.

§CT Les profcriptions n'ont pas été connues en France. Dans quelques Etats on profciit en mettant a prix la rete d'un criminel; mais alors ce mot n'exclut point la forme judiciaire. N'écrivez jamais contre ceux qui peuvent yirofcrire. Ablanc.

Proscrire, s'eft <1it .lulîi figurément de quelques mots ou phrales de la langue , &. lignifie , challer , bannir. Rcjiarc, reprohare j expnngere. Les délicats o\\x.prof- crir une infinité de bons mors François. Vous .avez profcnc les meilleurs endroits de mon ouvrage. Eell.

Proscrire, fignirie aufll , éloigner, chalfer. Cet hom- me eft d.ingereux; il faut le profcrire de nos a.Tem- blées.

%Cr PROSCRIT , ITE. part. Du temps de Sylla &c des Triumvirs , il y eue bien des citoyens profcnts , des têtes profcr'ucs.

MfT II eft aulîî (ubftantif , & chez les Romains on enten- doit ccmmuncmenr par ceux qui étoient condam.- nés à quelque peine emportant mort naturelle ou ci- vile, quelqueiois ceux qui étoient condamnés à mort fans aucune forme judiciaire, ik dont la tête étoit mife à prix. Les profcrus ne fe fauvoient que par un exil volontaire.

PRt)scRiT, fe dit au figuré de ceux qui n'ofent retour- ner en leur pays, à caule de quelque mauvaife aftai- re : ce (ont de malheureux profcrus. Acad. Fr.

PROSE, ou PRORSE. f. f Déelfé favorable aux accou- chcmens des femmes. Profa , Prorfa.

PROSE, f. f. Eft le langage ordinaire des hommes, qui n'eft point gêné par les mefures & les rimes que de- mande la Poëlic, qui eft le mot oppofé. Profa ^^folu- ta oraiio. Cet homme écrit bien en profe & en vers. Voilà des vers li plats, que ce n'eft que de la profe. Quoique la profe ait des liaifons qui la fouticnnent , & une fttrudure qui la rend nombreufe, elle doit paroitre fort libre , & n'avoir rien qui fente la gêne. P. BouHOURS. On a comparé les Ecrivains en pro- fe, aux gens de pied, qui marchent plus tranquille- ment, & avec moins de bruit. S. EvR. Les chofes pa- roilfent plus vives' en poëiie qu'en profe. Mont. Il y a des femmes qui fe gendarmeroient fi on leur ccri- voit tout uniment en profe , qu'on les aime , Se qui le fouff^tiroient plus volontiers en vers, la pcofe eft trop férieule. S. Evr.

Souvent j'habille en vers une maligne profe. Boit.

Ce mot vient de /^ro/Z? latin, que quelques-uns pré- tendent dérivé de l'fiébreu;ian;yi;Ajqui fignihe expen- dit : eft enim foluta & expenfa oratio.

Prose, en termes d'Eglife,eft un chant rimé qu'on dit avant l'Evangile aux fêtes folennelles feulement. Pro- fa , cantus. La Profe de Pâques, de la Pentecôte, du S. Sacremenr.

ifT Dans ces efpèces d'Hymnes on obferve feulement le nombre des (vllabes, fans avoir égard à la quantité.

PROSÉCHO, PROSÉSIO. Nom d'un ancien Bourg de

PRO

la Carniole. Pucinum. Il eft fur le golfe de Triefte ; à deux lieues de la ville de ce nom , vers le couchant. Il na;t dans le terroir de Profecho des vins fort eftimés. Maty.

le? PROSELYTE, f. m. Mot purement grec, qui figni- fie étranger. Profelytus. Mais dans l'écriture & chez les Écrivains Eccléliaftiques , il lignifie un homme qui a quitté le Paganifme pour embrafter le Judaïlme. Dans les aétesil eft fait mention des Juifs & des Pro- felytes. Malheur à vous Docteurs de la Loi, & Pha- riliêns hypocrites, qui courez la mer & la terre pour faire un Profélyte. Port-R. Parce que vous faites le tour de la mer Se de la terre , pour faire un Profélyte , & qu'après l'avoir fait , vous le rendez digne de l'en- fer deux fois plus que vous. Bouh. Les uns étoient Juifs de nailfance, & les autres Profélytes. Fleury.

|fCr On le dit de même d'un nouveau converti à la foi Catholique , «Se ce terme étoit en ufage dès la primi- tive Eglile,

|C? On le dit par extenfion de ceux qu'on détache d'un parti pour les faire entrer dans un autre , des partifans qu'on gagne à une fede , a une opinion.

Prosélyte, eft auffiun Ltranger admis &: reçu aux Lois d'un Pays. Courtin.

Ce mot eft purement Grec wfomAvloî , & lignifie en Latin advena ; Ôc en François, étranger , ou qui vient d'un autre pays.

§:? PROSÉLYTISME, f m. Paffion, zèle de faire des Profélytes. C'eft cet efprir de Profélytifne que les Juifs onr pris des Egyptiens, & qui d'eux eft palfé connne une maladie épidémique aux Mahométans , àc. Lett. Pers.

PROSER. Ecrire en profe. Solutà oratione fcrihere. Si nous avions profer ^ tout iroit mieux pour Profiteur^ ôc en vérité M. Ménage ne devoit pas faire les chofes à demi : il devoit faire hardiment le verbe profer , avanr le fuftantif P/-o/îue//r. L'un auroit frayé le che- min à l'autre ; & quand on auroit été accoutumé à dire, les Auteurs qui profent, il profe bien, on auroic dit fans peine les Profiteurs , c'eft un bon Profiteur. Mais profer , n'étant ni fait ni établi, je ne m'étonne pas que Profateur ait échoué. Remarq. nouv.fur la Langue Fr. pag. ^^ i ,& 4.J 2 de l'édition in-i 2.

Quand le P. Bouhours fit cette remarque, il ne fa- voit pas que le Pccte Régnier s'étoit fervi du verbe profer dans la ix Satire ,v. dû.

C'efl profer de la rime , & rimer de la profe.

Mais on a l.ailTé ce mot , qu'on pourrcit bien rappe- ler dans la fuite : & Profateur , après avoir elluyé bien des railleries , s'cft mis inleniiblem.enr en vogue. PRO S ERP IN E. f. f. Nom propre d'une DéelTe des Anciens. Proferpina. Pcrfephone. Elle étoit fille de Jupiter & de Cérès , & femme de Pluton. Elle fut enlevée en Sicile, & pendant qu'elle le divertilfoit un jour à cueillir àzs fteurs dans les campagnes d'Enna ,. Pluton l'enleva &répouf a. Par-là elle devint la DeelFe des Enfers, la Junon des Enfers. Cérès courut tout le monde pour chercher la fille , & enfin ayant appris de la Nymphe Cyane, ce qu'elle étoit devenue , elle ob- tint de Jupiter de la tirer de l'Enfer, pourvu qu'elle n'y eiît encore rien mangé. Mais elle avoir pris quel- ques grains de grenade ; ainli il ne lui fut pas pollible de la retirer. On dit cependant que Cérès obtint qu'elle pafteroit lix mois de l'année dans le Ciel , &: lix mois dans l'Enfer avec Ion mari. Les Poètes dilent que Pro- fcrpine coupe un cheveu à ceux qui doivent mourir. Voye\ Euripide dans Alcefte, ic Virgile , Enéide , Liv. IV ,v. 6qS. Voyez S. Augustin, de Civit. Dci. L. Vil , c. XX vin. Eusèbe, Pmp. Evang. L. IIL Natalis Comes, L. III ^ c. xvi. Dempfter, Paralip. L. III y C. XI Volîius, De Idolat. L. II j c. xxviii ,

& LX.

Ce mot, félon Cicéron, x'ient de fèrpo , prof rpo ^ fcrpenter, remper à terre, & il lui fut donné, parce que les blés dont Cérès fa mère étoit la Déelfe, ram- pent Se fortent de terre. Les Grecs l'appellent Perfé- phqnc i que i'Etymologifte tire dc?.fM, fapporti ^

PRO

^r i'if,,,!^ Su Ficn, des rlchcjfas. D'autfcs \t tirent de l'hébreu i-^Si,PeriJ'ruU:,3c J1£J7, Tjaphoun, cou- vert. .

Les Siciliens cclébroient tous les ans rcnlâvemcnt de Profcrpine , par une fctc qu'ils mettoicnt veis le Temps de la ix-coite, &c h recherche que hc Cût-s de ia Hlie dans, le temps des lemailles. Celle-ci duioic dix- jours entiers. Dans les lacriliccs qu'on ottroit à ccric DéelTè, on lui inimoloit toujours des vaches noires. Le pavot étoit Ion lymbole ordinaire. Les G.iuloisrc- gardoicnt Profcrpine comme leur mère, & lui avoient b.îti des Temples. Ci.iudien , l'occe Latin, qui vivoir fous l'Empire de Théodole, a donné un Poëmc (ur l'enlèvement de Projerpine. Nous avons en François deux Tr.agi-comédies fous ce titre , ik un Opéra donné en 1680.

PaosERriNE. Terme de Fleurifte. Tuhpe qui efl: ronge , chamois &: jaune doré. Morin.

PROSHUQUE,ouPROSEUCHE.r. f.Lieuoù les Juifs fiifoicnt leurs prières, & qui diftcroit des Synagogues, en ce que celles-ci étoient dans les villes, &:étoientdcs bâtimens complets & couverts, & que Xfi profeuques étoient dans les campagnes, ordinairement iur le Bord (des rivières, & (ans couverture, ou quand elles étoient couvertes, elles étoient ou\'ertes par les côtés comme font nos halles. Ce mot vient du grec ^poTiuxii', qui li- gnihcpnhc. Le P. Jouvenci dit que profciicha lignifie un lieu delliné à la prière. C'éroit apparemment une de CCS, profcuqucs , dont il cft parlé dans le 1 ^'^ v. du Chap. XVI des Aclics des Apôtres, f^oye-^ le Dicî. du P. Calmet.

§Cr Les anciens HébreUx qui demeuroient trop loin du Temple , ne pouvant pas s'y rendre en tout temps , bâtirent des cours Iur le modèle de la cour des holo- cauftes pour y faire leurs prières. On donna dans la fuite à ces oratoires le nom de profeuques. C'eft ce que nous apprend Juvenal , Sat. III , il le lert du mot profeijchût

PROSE A VISA , I^ROST AVISA , CHIUSTENGE. Noms d'une ville de la Bulgarie. Prq/Zcn'ijij j anciennement JJÎropolis ) Iflros, IJlria. elle ell dans le pays des Tar- tares de Droburce, iur la branche méridionale du Da- nube , a deux lieues delà mer Noire , Se environ à neuf de Témilwar, vers le nord. Maty^

'Prosodie, f f. Partie de la Grammaire qui enfeigne la prononciation, qui marque les accens, les Syllabes longues & brèves : 03" c'eit la prononciation régu- lière des mots conformément à l'accent & à la quantité. Profodia , acccntus , moduLtio. La Profodie ne fe dit guère que dans les langues grecque 6c latine, elle eft ablolument nécelfaire pour laite des vers, & pour en juger.

^3" Ce mot efl; grec «rfofw/.'a , ■îpù , cd ,&(.' œJ"» , camus, inftkutio ad cantuw. Profodium^ Hymne qu'on chan- toitaux Dieux avant l'entrée du chœur. Ces Cantiques en ufagc chez les anciens Grecs s'adrelfoient à Apol- lon & à Diane conjointement.

PROSODIQUE.adj.de t. g. Quia rapport à la profodie. Accent profodique. Caraftère profodique.

ffT PROSONOMASIE. f. f. Profonomafia. Figure de Rhétorique. relTemblance de termes î<c de mots dans une ph;ale. Is verè Conful eft qui reipuhlkit falutï confullt. Elle efl: bien voilme du jeu de mots

^ PUOSOPOGRAPHIE. f f. Pr {opographïa. Por- trait, defcription. ^qyc^ Hypotypose & ÉthopÉe.

PROSOPOPÉE. f f. Figure de Rhétorique par laquelle on fait parler des perfonncs abfentes , ou mortes; ou des villes , & dc^ alleiTiblées , & même des chofes ina- nimées. Profopopuïa. Il y a deux fortes de prcfopo- pées : l'une direde ^ & l'autre indiredc. Les Poètes dans leurs fixions, ufent fouvent de profopopées, & les Orateurs dans la Peinture d'une paffion violente , qui (emble les tranfporter hors d'eux-mcme. Par exem- ple: iufl:es Dieux , Protefteurs des innocens ! permet- tez que l'ordre de la nature (oit interrompu pour un moment, & que ce cadavre déliant fa langue, reprenne l'ufige de 11 voix , &c.

PROSPECTUS, f m- .'vlot latin nouvellement introduit dans lecommercede la Librairie j particulièrement dans

PRO

n

celui des livres qui s'impriment par foufcription. il li- gnifie le projet ou piogiame de l'ouvrage qu'on pio- pofc à ("ou(crire,la matièiô qu'il traite, le format, & la quantité de volumes qu'il doit avoir , le caraûèic > le papier , (oit grand ou petit, qu'on veut employer dans l'édition; enfin les conditious fous lefqïicllcs fait la foule. iption : ce qui comprend principalement la remile qu'on fait aux Soufcriptcurs, & lerenips au- quel l'ouvrage foufcrit doit le délivrer.

Les Libraires publient ttes profpeclus pour àvbhir qu'ils vont imprimer de certains livres.

%r^ Ce mot (e dit à-peu-près dans le même fens poûir notice. Sptcïmcn. Le P. Mabillon donne dans fa di- plomatique une idée, un profpeclus , des notes deTy- ron. Mém. de Tre'v.

PROSPER. f m. Nom d homme. Profpe'rus. S>Mni Profpcr Difciple de S. Auguftin tient la grâce géné- nlc donnée, ou offerte à tous les hommesi Fléch.

Ip- PROSPÈRE.^ adj. de t. g. Heureux , favorable au fuccès d'une affaire , d'une entreprifc. Profper. ftcun- dus. Cet homme a eu toute la vie hï^nuuc profpère. Les vents projpères j les deiïms profpères. Ce mot plailoit à Ménage. Malherbe, Segrais 6'c. s'en font fer- vis, difoit-il, 8c je ne vois pas pourquoi nos puriftes font aujourd'hui difficulté de s'en lervir. Parce qu'il a vieilli, 6c que l'ulage , qi.ii cft le maître & le tyran des langues ,ne l'admet plus que dans le ftyle tamilier.

CCT PROSPÉRER. V. n. Profptrd ,fecundc! uùforiunâ. Avoir un bonheur contiiui , qui cli le luccès de la con- duite. Les fous ont quelquefois du bonheur, & \ei fages ne profpèrent pas toujours. Dieu permet quel- quefois que les méchans proj'pèrc/u pendant quelque temps.

En parlant des choies, ce mot lignifie réulHr, avoii: un heureux fuccès. tout profpcre entre les mains. Om- nià bcne evcnïunt,.

■Je veux bien que le fort par un heureux caprice. Fafje de vos écrits prolpérer la rrialice. Boil.

^ PROSPÉRITÉ, f f. Frofperitas, profperafortu- na , res. Suite d'événcmens heureux, bonheur continil qui eft le luccès de la conduite , &c qui vient par degrés. Il ne faut pas felailfer enfler pach profperite' , ni le laiflcr abattre par l'adverfité. La. projpérite' rend les hommes luperbes , Se l'adverfité les rend lâches & rampans. Le P. le B. La profpcrité qui devroit être le piivilège de la vertu, cft ordinairement le partage de l'injufticCi FlÉc. Un fidèle ami rend k profpcrité plus douce , 6c l'adverlué plus lupportable. S. Evr. Ce mot n'eft d'ulage qu'à l'égard du bien que les' foins prociirent : & le mot de honhcur (e dit également pour le mal qu'on évite , comme pour le bien qui fur- vienr. Le Capitule (aUvé de la (urprifc des Gatiloiy par le chant des oies (acres , & non parla vigilance des îentinelles, eft un trait d hiftoirc plus propre à mon- trer le bonheur des Romains qu'à lairc honneur à leur commandement militaire en cette occafion; quoique dans toutes les autres la (agelfe de la conduite ait au- tant contribué à leur jrro//'t>vrt; que la valeur du foldan Ce mot fe dit également pour déligner l'état Horif- fant des perfonnes & des alfaires , (oit générales foit particuliètes, & s'emploie avec grâce au pluriel; La profperité de l'Etat , des affaires ,_des armes. L'homme ne (auroir tenir ni contre radverdré , ni contre X-xjrof- périié ; & comme il y a des malheurs fous Ie(quels la patience fuccombe , il 'K a aulli des vrofpcrités qui (ont au-delTus de la modération. Flec; Les grandes profpérités nous aveuglent , nous tranlportent , & nous égarent. Boss. Les /7rr>//^fWreV militaires laiflcnt dans l'amejc nefai quel plaifir touchant qui la remplit. Se l'occupe teinte entière. Ftic;

On dit d'un homme, qu'il a un vifage Ae profpé- r'né ; pour dire , qu'il a l'air gai & content, le teint frais & fleuri.

PROSSIMEZ< f. m. Nom que les efclavons donnent aii premier mois de l'année. Januarius.

PROSTAPHÉRÈSE. f f, Terme d'Aftionomie , qùî

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dit de la manière de trouver le mouvement moyen des allres, en compenlant leur régularité apparente, qui nous les prelente tancôc marchant d un mouvement lent & tantôt avec vuclle. C'ell la même chule qu'E- quation , que les nouveaux Aftronomes ont intro- duit au lieu de projlapherèfe dont Ce lervoient tous nos Anciens. La projlapherèfe cft l'arc du zodiaque compris entre la ligne du mouvement d'une planète , Se la ligne du moyen. ÇCJ" C'cft la diftérence entre le lieu vrai d'une planète 6c Ton lieu moyen , entre Ion mouvement vrai & ion mouvement moyen. Comme le moyen eft quelquefois plus grand, quelquefois plus petit que le vrai, il faut quelquefois l'augmenter, & quelquefois le diminuer. Cette augmentation ou di- minution eft la projlapherèfe ou Equation , qui par conléquenc , eft tantôt additive , tantôt foujlraclive. Cemotvientde â^aifi^n , louftraétion, retranchement, & de rfi^^i, devant, louftradtion qui ell quelquefois une addition. Injtitution AJlronom. p. 47 s- PRO STASE, f. f. Hippocrate entend par proflafe d'une humeur, la fupériorité fur les autres •»!! iVa«! , de «TfoVa/iai, préfidcr , prédominer, exceller. Voye\\t DicT. DE James. PROSTATÈRE.f. m. Nom du troifièmc mois de l'an- née chez les Thébains & les Béotiens. Proftaterius. Il répondoit au mois de Novembre. Fahricius. PROSTATES, f. m. Terme d'Anatomie. Ce font deux corps blancs & glanduleux fitués à la racine de la verge lur le (phinfter de la veffie. Us féparent une humeur blanchâtre & glaircufe, qui le décharge dans la ca- vité de l'urètre, par pluficurs petits tuyaux qui s'y vont rendre. L'ulage de cette humeur elî d'humeéler & d'enduire l'urètre , afin qu'il ne foit point oftenlé par l'acrimonie de lurine qui y palle continuellement , & de (ervir de véhicule à la lemence dans le temps de l'éjaculation. ^ PROSTATIQUE adj. Terme d'Anatomie,par lequel on déllgne les mutcles qui s'infèrent aux proftates. il y a quatre mulcles piojlatiqxxcs ■, deux qu'on appelleyà- peneurs Se deux injerieurs. PROSTERNATION.!: f. Salut plein de refped. Abaif- fement d'une perfonne julqu'aux genoux d'une autre qu'elle fupplie. y-^^yt-rZ/Oj demijjio. Un Souverain cft- il bien payé de (es loins, de (es inquiétudes par leplai- fîr que donne la puilfance ablolue , & par toutes les projlernadons des Courtifans. LaBruy. Ils marquè- rent lur le champ leurs très-humbles reconnoiflances à l'Empcreur( delà Chine ) par les proJlernaV-Onsa.ccou- tumccs. P. LE Comte. PROSTERNEMENT. f. m. kGtion de fe profterner. Autrefois le Prêtre faifoit des profiernemer-is au pied de l'Autel avant & après la Mcllc. Mémoires de Tré- voux. ifr PROSTERNEMENT , & PROSTERNATION. Mots de peu d'ufage qui paroilfent à-pcu-près fynony- mes. Le Dièt. de l'Acad. ne les diftingue qu'en dilant le dernier exprime l'état de celui qui eft profterné, &: le premier l'aètion de le profterner. fP" PROSTERNER. ( /i ) v. récip. Ad gemia alicujus procumbere ,procidere. Se baiftcr jufqu'aux genoux de quelqu'un, faite une protonde révérence , le jeter à terre en figne d'adoration ou de grand refpeèf. Un bon Chrétien le projlerne devant l'Autel , devant le Cru- cifix , devant le Confelfeur , pour demander pardon de fcs fautes. Un vaincu le projlerne devant le vifto- rieux pour lui demander grâce & la vie. A la Paftion on (c proflerne pourbaiferla terre. Les Moines ontplu- fieurs cérémonies ils demeurent proflerne'sSc éten- dus contte terre.

Corneille a dit dans Pompée , proJlernerQi couronne. Mais on ne proflerne point une couronne : on ieproj- terne , on dépôfe une couronne , on la dépofe aux pieds, & non julqu'aux pieds. Volt. PROSTERNÉ , LE. part.

PROSTHÈSE. f. f. Opération de Chirurgie, par laquelle on ajoute (!<; l'on applique au corps humain quelques parties artificielles , en la place de celles qui manquent , pourexercercertainesfonûions.Pro/ZAf^j. Une jambe de bois, un bras artificiel , avec une main ôc des ref-

P R O

forts pour la faire agir, un nez d'argent , une plaque au palais rongé, t<i autres choies Icmblables dépendent de h projlhèj'e. C'eft un mot grec ^rfortwt, qui figni- fie addition j application ; du verbe •'f^ii'H-' , jepo/'e j j'applique. CoL. DE Villars.

Prosthes e. Teime de Rhétorique , fynony me d'op- polition , addition. C'eft une figure par laquelle on ajoute une lettre au commencement d un mot lans en altérer le fens. Comme quand cndagnatus , fils, pour natus , gnavus , pour navus. PROSTIBULE. f. m. Lieu de débauche les femmes fc proftituent à tous venans pout de 1 argent. C'eft ce qu'on appelle communément un lordel. Le mot de projlihule a quelque choie de plus doux & de moins grollier que celui de bordel. C'eft le mot latin avec une forme ftançoite. Projlihulum , lupanar. Il n'y a julqu'aux jeunes libertines qui ne fornllent les che- veux epars de leurs projlihules , & qui ne fillent des ades de pénitence. Misson. Trad. de Théodore Valle. Defcription du Véfuve en 1631.

PRv^STITUER. V. a. Livrer, abandonner àl'impu- dicité d'autrui , obliger ou engager une temme ou une fille à s'abandonner. Projlituere ,promifçui venerd per- mittere. Cette mère a proftitué elle-même la propic fille.

On le dit plus ordinairement avec le pronom pcr- fonnel. Cette femme le proftirue à tous venans. Frof- tat venalis. On dit dans le même fens proflicuer fon honneur.

Dans le fens fi'^wK , proflicuer (on honneur , c'eft fe diffamer foi même par desadtions indignes d'un hom- me d honneur. Proflituer la Magiftiature , la Juftice. Se proflituer a la frveur, c'eft fe deshonorer par un lâ- che dévouement aux volontés des tavoris. Proflituer fa plume , le proflituer à la paftion d'autrui , le dit d'un Auteur mercenaire , indignement dévoué auxpaf- lions de ceux qui le font écrire. Un Auteur qui a la plume vénale , la projlitue à ceux qui lui donnent le plus. Un homme lans honneur le projlitue , s'aban- donne aux acl:ions les plus fervilcs , les plus balFes & les plus deshonnêtes. Il y a des Juges qui profjtuent leur digiiité , la juftice. Lelage qui ne va peint le/ro/^ tiater à la faveur & a la fortune, demeure dans l'obf- curité & dans l'indigence. S. Evr. Onprojlitue aujour- d'hui les louanges fans choix Se tans diftmction. Bell.

A quoifert la valeur l'ejlime & le pouvoir ,

Qu'à proftituer-yù vie ^6' qu'àfefaire voir ? S. EvR.

Le mot de proflituer étant de quatre fyllabes , ce dernier vers ne vaut rien. PROSTITUÉ, ÉE. part &: adj. gCT 11 a tous les fens du verbe. Femme prcjlituée. Plume proflituée. Homme proflituéï. la faveur. 'Lt%2xnç.s projïnuées'z l'ambition, ne le mettent pas à fort haut prix. Boss.

Non , non j il n'ejl point d'ame un peu bien Jltuée ^ Qui voulût d'une ejlime ainji proftituée. Mol.

^fT En parlant d'une femme abandonnée , on dit fubf- tantivement, c'eft une projlituéc. Projlibula, projli- hulum ,Jlortum.

La Prostituée des PAi/o/cipAcj-. Terme de Phi lofophie hermétique. Les Alchimiftes entendent par ce terme la matière de laquelle l'Artifte a tiré leur mercure. DicT. Herm.

Ip- PROSTITUTION, f . f. Abandonnement à l'impu- dicité. Mcretricium , ejfrxnata libido. On le dit en ce lens des femmes & des filles livrées à la débauche vénérienne. Cette femme vit dans une projlitution honteule.

|f3" On appelle lieu de projlitution , un lieu public l'on trouve des femmes qui le prol^ituent. Projli- hulum , lupanar , lupanarium.

^fT Dans l'écriture , l'abandonnement à l'idolâtrie eft appelé projlitution.

ifT D.ms un fens figuré , la projlitution des lois, de la juftice, delîgne l'abus qu'en fait un Juge corrompu , en les faitaiit lervir à fes intérêts.

PRO

(J:^ La pivjluudon de ceux qui facrificnt à la fortune jufqua leurs ainis, cil iiitaiiK. Corruptio j dcpravatio morum.

rKOSTRATION. f. f. Adion de fc profterncr. C'eft l'.nc humble inclination Ae. corps , un Iaku très rtlpcdr.cux en forme d adoracioii , & qui efi: quclquci-ois l'adora- tion mim'^.'Proflracio. M. du Pin dit dans (a Biblio- thèque Ecclcliailiquc , à l'article de Théophile Kay- naud , que la prollration étoit commune dans l'ancien Tcftameiit. Les Chinois font quatre projlrathms de- vaut le tableau de Confucius. Pratique des Jcfultcs , Tom. VI, p. Ç4- C'cll la même choie que pROi ter- nation. Voyc^ ce mot.

PROSTYLE, adj. Terme d'ancienne Architecture. Pro- Jlylus. Les Anciens appcloient Temp/e profty/e , celai qui n'avoit des colonnes qu'à la hice antérieure. C'ell un met grec t' "Aos.qui a des colonnes par-devant.

PHOTADE. f. m; Nom d'homme. Protad'ws. A Belan- çon , S. Procddc Evèque. Chas tel. Martyr, i o Fevr. p. (pp. Sa vie ell: gardée aux Archives de S. Jean de Belaiiçon. Bollandus l'a htit imprimer, 3c à la lin il ell: marqué que S. Protadc avoit lait un livre qui co]i- tenoit ce que les Frères doivent traiter en leur Allem- blée, & tout ce qu'il falloit obfervcr dans l'Eglile_, le long de l'année. S. Protade mourut en 616.

PROTAIS. f. m. Nom d'homme. Prononcez comme fi l'on ccrivok Proies. Protjjtus. S. Getvais & S. Pro- tais foulîrirent la mort pour la Foi à Milan , Se fclon ce que S. Ambroile en écrit à Marcelline la lœur . l'Eglile de Milan n'avoir point encore produir de Mar- tyrs avant eux; ce qui a tait juger qu'ils pouvoient avoir foutïcrt dans laperlécution de Néron. Voyer fur ces Saints le P. Papebroch , ^cl. Sancl. Jun. T. Ill :, p. Sij, àf fuiv. Et ci délias Gervais.

PROTAPOSTOLAIRE. T. m. Nom d'un Office dans l'Eglile d'Orient. Protapoflolanus. C'étoit le Chef de ceux qui expliquoient au peuple les ouvrages des Apôtres , les Livres du Nouveau Tellament. C'étoit aulîî le premier de ceux qui iiloient l'Epitre à la Méf- ie, lelon les Macri.

PROTASE. f. f. Terme dePoëlîe. C'eft la première par- tie d'un Poëme dramatique , qui explique au peuple le lujet ou l'argument de la pièce.

tfT Cette expohtion ne doit pas être affez claire pour m;rtre pariaitement le Ipeclareur au fait de tout ce qui doit arriver dans le cours de la pièce, & lui faire pénétrer le dénouement. Ce leroit lui ôter le plaifîr de la lurprife: il luffit de le lui laiin^r entrevoir comme en perlpetflive , afin de lui ménager un pl.iifir tou- jours nouveau , par les diftérens incidcns qui piquent fa curioiité.

Ce mot vient du grec •^f^ictan.

PP.OTATIQUE. adj. 'Terme de Poëfie grecque ou la- tine. C'étoit un pcrionnage qui ne paroilloit fur le Thiàtrê qu'au commencement de la pièce , comme Sofie dans l'Andrienne de Terence. Protaticus.

Ç3^ Ne faites pas comme les Anciens , qui pour faire entrer les Spettatcurs dans le lujet de la Comédie qu'on alloit reptélentcr, introduifoicnt allez fouvcnt un Aclcur qui leur racontoit boi-iuement ce qui avoir précède 1 action, comme s'il eût parlé à Ion confi- dent-, ou uii lebornnient, comme Térence, à un perfoiiiiage piot.atiquc , qui ne pauilTbit qu une fois au premier adle, pour écouter froidement &c lans in-

- térét ce qu il écoit luccHaire de favoir avant que la pièce commençât. N'en déplaife aux partifans outrés des .uicieiis, nous leur iummes infiniment (upérieurs dans l'ait des expofiti.jns , & même dans celui d'ame- ner les événemcns. Uistcvches.

^3" Protatique, fc dit aulîI des faits qui énoncent le fujet de la pièce. Il zn:"c (ouvent que les faits pure- ment protcti(ju£s font une plus vive imprelîîon.

(fT PROTE. 1. f. Terme d'Imprimerie. C'eft le nom qu'on donne au premier dune Imprimerie, qui eft chargé de la conduite ôc de la dirertion de tous les ouvrages, & de lire & corriger fui la copie les pre- mières épreuves. Ce mot vient du grec «f«'i»! primus, premier.

Tome III,

PRO

^T

PROTECDÎQUE. f. f. Officier de l'Fgiife de Conftan- tmoplc. C'eft celui qui avec deux Ecdiques, conmut ik juge à la place du Patriarche, des caufcs mineures

PROTECTEUR, f. m. PROTECTRICE, f. f. Qui prend en main la défcnfc des foiblcs, ou des aftli- ges. Protector j, dcjenjur , tutor , curator. Les Ala- giftrats lont les protccleurs de la veuve (k. de l'oij he- Im. Parmi les Payens Minerve étoir regardée comme la protectrice des beaux Arts.

Protecteur, le dit auiii dun patron , de celui qui a loin des affaires ou de la fortune d'autrui. Patronus , defenfor. Cet homme a un puillant patron, un bon protecteur a. la Cour. Chaque Nation, chaque Ordre Religieux a un Cardinal Protecteur a Rome. Cn.m- Wel s'cft appelé My\oxA Protecteur en Angleterre.

PROTECTION, f. f. Aélion de ptotégcr, de prendre la dLlcnfe,ou bien, fccours , appui. Tutela ^prfjidïum ^ tutamentum. On prend quelqu'un fous [a. p/oteâion^ on lui accorde la protection. On recherche la protec tion de quelqu'un , on a recours à la protectio/i.Tiou- vcv delà protection ., avoir de puilî.antes /T('rtT7/f/2j. La protection adtive (uppolc dans celui qui protège , de la puilîance, de l'aurouté , du crédit, de l'appui 8c de la laveur. Au contraire, la protection pallive fup- polc d.ins celui qui eft protégé, de la foiblclTe, du beloin, de la dépendance. Le peuple vit fous h pro- tection des Lois contre la violence des Puilfans. Cette ville neutre s'eft mife lous la protection du Roi. C^uand un h'imnie violent menace fa Partie adverfe, elle de- mande d'ctte mile en la protection &: fauve-garde dut Roi & de la Jurtice. Dans les lettres de garde gardien- ne & de commitcinius ~, le Roi déclare qu'il a mis l'impétrant en la protection de fauve-garde. Etre feus \x protection Se la foi de quelqu'un, c'eft relever de lui, &■ être fon vaftal. Courtin.

Protection, fe dit aulli de l'emploi de protedcur à Rome. On a donné à un tel Cardinal la ^ror< <,'/«. /i de France. La protection d'Efpagne eft vacante par la mort d'un tel Catdinal.

Ç3- PROTECTORAT, f. m. Terme relatif à l'Hiftoire modetne d'Angleterre. Cromwel , après avoir fait pé- rir lur un échafaud fon Roi , Charles I, régna en Ân- gletetre fous le titte de Protecteur du Royaume. De- là on appela Protectorat non-feulement (a qualité, fa dignité de Protedeur, mais encore ((^n règne , tout le temps qu'il gouverna en maître l'Angleterre. Jamais l'Angleterre n'eut une plus grande influence dans 1 Eu- rope que lous le protectorat de Cromwel : elle en étoit l'arbitre. Mém. de Trév. Richard Cromwel fuc- ccà:i&\x protectorat de fon pete, comme un Prince de Galles auroit luccédé à un Roi d'Angleterre. S'ctanc démis du protectorat, Richard voyagea en France.

r? PROTECTORERIE. f. f. Terme de relation, char- ge, office de protefteur à la Cour de Rome. Secré- taire de la proteétoreric.

§^ PROTÉE. f. m. Terme de Mythologie. C'étoit un Dieu de la metj fils de Neptune & de l'Océan. C'é- toit lui qui failoit paître fous les eauN les veaux ma- rins & les autres monfttes qui compofoient le trou- peau de Ion père. Il en avoir reçu pour récompenfe le don de conno'ure les chofes cachées , tk de prédire l'avenir : mais on ne pouvoir arracher de prédidtion de lui, que quand on s'en croit rendu maître, en le liant & le garrorant. Pour échapper à celui qui le con- lultoit, il le métamorphofoit de mille manières diffé- rentes : il prenoit la figure de bêtes féroces , il le cluiia geoit en eau, en feu, &c.

Omnia transformat fefc in miracula rerum. Ignemque , tiorrihiteinquc feram , fluviumque liquententi

ViRG.

Si quelqu'un étoit alFez courageux pour n'être point effiayé par tous ces chaiigemens , & afTez adroir poui; le tenir f^ortement enchaîné, il reprenoir alors fa pre- mière forme, & on en tiroir tout ce qu'on vouloit favoir.

De-là nous avons appelé Protée, un homme qui

D

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PRO

change continuellement de forme. Ferjipellis. C'cft un Protée ^ un viai Protce. Cette fable vient de ce qu'un Roi d'Egypte nommé Proue j (elon la coutume du pays, portoit lut la tcte un ornement, & pour mar- que de fa dignité des figures de taureaux , de diagons, d'arbres, & d'autres chofes (emblables ; ce quiftit que les peuples ont tranfporté à la perlonne les figu- res de les hàbillemens de tête, comme dit Diodore de Sicile. On tient même que dc-la vient l'origine des calques 3c des cunicrs qu'on voit encore dans le Bla- lon. Le ProtÉe des Philosophes, qui change de forme tous les jours lans aide d'homme, en termes de Phi- lofophie hermétique, c'ell le mercure , ou c'eft l'el- prit univerl'el qui le corporific dans divers lujcts des trois règnes. Dict. Herm. Protée. 1". m. Proceus. Nom d'un collyre dont on trou- ve la defcription dans Paul Eginète. Lib. FIL cap. 1 6. PROTÉGER, v. a. Défendre , con'erver les intérêts de quelqu'un. Ptorcgcre, tuerl :,fuJîincre.D\t\i protci^ca l'innocence de Sufanne contre la calomnie des Vieil- lards. Protéger \ts foibles, les opprimés. Protéger la jullice , l'innocence, la religion, la bonne caule. Il eft dangereux de plaider contre de belles femmes , ou de belles filles, car elles font xi}\.\]o\.\K protégées. PROTÉGÉ , ÉE. part. On dit (ubftantivement , c'ell le

protégé d'un tel Miniftre , c'eft un de (es protégés. PROTHKIATE, ou PROTERIATO. Rivieie d'ItaUe, air Royaume de Naples, dans la Calabre Ultérieure : elle a la fource au mont Apennin, & le jette dans la mer Ionienne. #0=- PROTEST. Fox. Protêt.

PROTESTANT, ANTE. Adj. fouvent employé fubf- tantivement. C'eft un nom qu'on donne en Allemagne à ceux qui fuivent la doéhrine de Luther. Ils ont été ainlî nommés, à caule qu'ils proteftèrent en 15Z9, con- tre un Décret de l'Empereur &: de la Diète de Spire , & déclatèrent qu'ils appeloient à un Concile Général. Proteftantes. La Religion Protejïante. Les Princes Prot'ejlans fe lont rendus bien puillans en Allemagne & dans tout le Nord. Ce nom a été donné auiii dans la fuite à tous ceux qui fuivent les lentimens de CaL vin. La ville de Genève cft toute Protcftc.ntc. Protestant, en ce même Icns eft aulîl lubftantif. Les Proteflans d'Allemagne ne font pas tous également rigides. On a travaillé en vain à la réunion de tous les Proteftans Luthériens & Calviniftes. PROTESTANTISME, f. m. Terme Dogmatique. C'eft la Religion des Luthériens «Se Calviniftes , leur con- fellion de foi, leurs dogmes & leurs maximes; les dogmes des Eghfcs Proteftantes , dans tous les points elles diftèient de l'Eglife Romaine. M. Bayle dit que la lettre que la Reine Chriftine écrivit de Rome au Chevalier Teilon le 2 Février 1686, eft un refte de Protejlantifrne. Le Roi ( Charles IX ) en entrant dans Paris , fie délarmct tous ceux qui étuient loup- çonnés de Proteftantifmc. Desfontaines. t}Cr PROTEST ATEURS. f. m. Terme de parti en i6jo. Pendant l'interrègne , les Anglois le divisèrent en deux faélions : les uns adhérèrent à la rélolution du Parlement, & prirent le nom de Réfolurionnaires. Les autres étoient connus lous le nom de Protefta- teurs, c'eft- à -dire, taileurs de proteftations , parce qu'ils étoient oppofés aux rélolutions du Parlement. Ahr. Chronol. de l'Hift. d'Angl. {(T PROTESTATION, f. f. Tetme de Jurifprudence. Déclaration que l'on fait, par un acte juridique^, con- tre la fraude , l'opprcllion , la violence , la nullité d'un acte, d'un jugement, d'une procédure, portant que ce qui a été tait ne peut nuire ni préjudicierà celui qui protefte, lequel le rélerve de fe pourvoir contre en temps & lieu. Contcftata denuntiatio. IJCF On fait des proteffatio-'s contre ce qui cft fait, & contre ce i-iui doit le faire. Un jeune homme qu'on a forcé de fe faire Religieux , peut protefter contre fes vœux , dès qu'il en a la liberté. Celui qui craint d'être forcé à le faire, peut protefter d'av.ance. ^3" On fait aullî des proteftations qui demeurent fe- ciètcs chez les Notaiies ; mais elles méritent peu d at-

PRO

tention, à moins qu'elles ne foient appuyées de preu- ves qui juftifient du contenu auxditcs proteftations.

■3-1 On n'a point d'égard aux pruteltations vcibuies , li elles ne lont laites en prclence de témoins.

i^ Protestation , dans l'ùlage ordinaire, le dit d'une déclaration publique que l'on fait de la manière àuvX on eftdilpolé, d'un témoignage public de la volonté, de les lentimens. Faire une proteftation de fon zèle, de la fidélité au lervice du Roi, de tun attachement in- violable. Profit eri.

%fJ' On le dit encore des promcircs, des alTurances po- litiveSjdes démonftrations d aminé, d'amour, de ler- vice,é'c.llm'afaitmille/'rof^jrionj d'amitié. Il luifit de nouvelles protefiations d'amour ; mais à force d'en vouloir faire de trop grandes & de trop belles, il en fit d impertinentes. Scaron. Il feroit bien lâche, s'il me trahilloit, après tant àç protefiations à' Aiu\ùi. qu'il m'a faites, hei protefiations de fervice & d'amitié que l'on le fait d'ordinaire , ne lignifient lien d'etiectit.

Aloi i je ne hais rien tant que les contcfions De tous ces grands faifieurs de proteftations.

Mol.

ffT PROTESTER. Terme de Jurifprudence. Faire des proteftations, déclarer par un aite juridique. Contef- tando denuntiare , tefiifixjri. On protefte contre la fraude, concre la violence, contre des émillions de vœux, contre une dc:libération, contre un jugement, contre les acl:es dans lelquels on eft lélé. Pour que la prcteftation foit valable , il faut protefter aullî - tôt qu'on a la liberté de le faire , ou que la haude eft connue.

03* Protester de la nullité d'un afte, d'un jugement, d'une procédure, &c. C'elt déclarer c-u'on prétend que l'aéle dont on fe plaint eft nul. On dit dans le même fens , protefier de l'incom.pecencc d'un Juge , déclarer qu'on prétend qu'il n'cft pas compétent.

If3° Protester de tous dépens, dommages & intérêts, déclarer qu'on n'en lera point tenu , & qu'on tera en droit de les repérer contre la partie adverle. Protester i eft aulîi aétif & fignifie dans i'ufageor- dinaiie, déclarer hautement, promettre pofitiveinent, alîurcr fortement quelque choie. PoUiceri, jurare , afihmare. Il a /'/•of£/?tf hautement qu'il le vengeroit de cette injure. Il a.protefité qn'W vouloir vivre & mourir dans la Foi. Il a juré Se protefte qu'il n'avoir eu au- tuiie part en cette aétion.

Fuye-^ ces vagabonds , dont l'amour trop fertile Kc vous protefte rien, qu'il ne protefte à iniHe.

Corn

■sso' Dans le commerce, en matière de lettres de change, protefier une lettre, un billet de change , c'eft en fai- re le protêt, c'eft- à-dire, déclarer a celui lur qui cette lettre eft tirée , que faute par lui de la payer à fon échéance, ou de l'accepter quand on la lui préfente, lui & Ion correfpondant feront tenus de tous les pré- judices qui pourront rélulter du défaut d acception ou de payement. On ia.\z protefter , on procefie une lettre de change , lorfque celui fur qui elle eft tirée, refuic de l'accepter quand on la lui prélente, ou de la paver quand elle eft échue.

PROTESTÉ , ÉE. part.

PROTET, f. m. Terme de Négocians. Co«ri?/7i;M denun- ciavo. C'eft un acte pat lequel , faute de payement d'une lettre de change à fon échéance, on déclare que celui fur qui elle eft tirée, & (on correfpondant, feront tenus de tous les préjudices qu'on en recevra , de toutes pertes , dépens, dommages & intérêts. C'eft ce qu'on appelle protêt faute de pavement. Un Né- gociant qui laifte venir à protêt des lettres de change, a bientôt perdu fon crédit. Lu protêt ne peut être lup- pléé par aucun : utre aéte public , foit demande, fom- mation ou allignation.

^y 11 y a aulh des protêts faute d'acception. C'eft une fommation faite à un Banquier ou autre perfonne , d'accepter une lettre de change tirée lur lui par ua

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C()ncrpo;u!-,i!U. Ces rrot.':s faute d'accepter d. vivent ie faire dans le mcnij-tcmps que l'on préfe.ne la let- tre,lorfqac celui kir lequel elle cil: tirée, retule de l'.ic- cepter. Ces adtcs s'appcllcnc prorct , parce qu il, con- tiennent les dcclaiationscuproteftations dont on vient

PROTEVANGILE , ou PROTÉVANGÉLION. f. m. Nom d'un Livre apocryphe , attribué à Saint Jacques , premier Evêque de Jcrufakm. Protcvangelium.GiiW- laume Poltel cil le premier qui ait hic connoître ce Livre. Il le rapporta d'Orient , écrit en grec , & en donna une verlion Latine. Eulebe &c S. Jérôme ne par- lent point de cet ouvrage dans leurs Catalogues; & les Fables dont il ell rempli, prouvent alFcz qu'il n'efl: point de S. Jacques. ^ PROTHtSE. f. f. Terme d'Hiftoirc Eccléfiaftique. Petit Autel dans les Eglifes Grecques, fur lequel le fait la cérémonie que les Grecs appellent Pro^/.y/dj en Grec tufiUan. Le Prêtre Se les Mimilres préparent (ur cet Alltel tout ce qui ell iiécelFaire pour la célébration de la Mclle , (avoir, le pain, le vin, & tout le relie. Après cela, ils vont de ce petit Autel au grand Autel, pour y commencer la Melle, & ils portent les faints dons qui ont été préparés. Cette procellion te fait parmi les Grecs , & même chez les Orientaux avec un très- grand apparat. Voy. Autel. Meilleurs de Port-Royal le font fervis du mot de protkèfc dans leurs, Livres de la Perpétuité. Pror/^t^j-. Si on le vouloit expiimeren Latin, ondiroit pnspofuïo. PROTOCANONIQUE, adj. C'efl: le nom qu'on don- na aux Livres Sacrés, reconnus pour tels, avant mê- me qu'on eût fait des canons. W. du Pin dans (es Pro- légomènes fur la Bible, en divile les Livres en trois clalfes; les P/vfocarttinzjiiej^ les Deutéroca ioniques, & les Apocryphes. PROTOCOLE, f. m. Vieux mot. Livret, rôle ou hif- toire. BoREL. Liber , hlfloria.

Lifei en ce/lui protocole. Villon.

C'eft, félon Ménage, la première feuille d'un livre, & efcatocolla, la dernière : ce qui vient tout du Grec. Selon d'auttes, \c prococok a été fait du Latin ^proro- collum , &c (ignifioit originairement la première feuille d'un livre, étoic la marque du papiet. Primum co- difis folium ; & même il iîgnitîoit quelquefois cette marque du papier, qui étoit tantôt au bord, tantôt à côté, Se tantôt au haut de la page. La Novelle XL!V de Julfinien, détend d'ôter Se de couper le protocole des Chartes , qui raifoit connoître l'année le papier ou le parchemin avoient été faits, tk l'Oflicier à ce commis qui les avoir délivrés : ce qui fervoit à dé- couvrir piulieurs faulletés qu'on ne découvriroit pas aifément, fi cette marque étoit emportée : CV.tt fans doute poutquoi il a été défendu aux Notaires de ro- gner leurs Regiftres •, Tihullo , l. j. Protocolum ejl fajliaium charte. On a (uppléé à cette formalité par le paraphe des Juges , qu'on a fait appoter à tous les feuillets des Regiftres de certains Otiiciers publics , comme Banquiers, Geôliers, &c. D'autres difent que c'eft la première minute, note, livre, cahier, ou re- giftre, c'eft à-dire, le brouillon & fommaire d'un ade qu'on doit palfer , que les Notaires appeloient i'://?;^- tum. Ce font de petits livrets ils mettoient en deux mots l'affaire pour laquelle en les envoyoit quérir, & après ils l'expliquoient plus au long à leur maifon ; tk j'eftime que c'étoit le protocole. Borel.

^83- Nous entendons ordinairement par protocole ^ une efpèce de formulaire pour drelTcr des adles de prati- que. Ces fortes de livies contenant les ftyles Se modè- les des difFércns actes (ont bons pour les novices. Scriptum architypum. Il y a des livres imprimés , fous les titres àt protocoles des Notaires, protocoles des Sergens (ont les formulaires des Aftes qui fe font en ces profellîons.

Protocole, eft aulii un regiftre relié des Notaires , ils doivent éctire toutes les minutes de leurs Aâes à la fuite les uns des autres , afin qu'elles ne foient point perdues , changées ui altérées. Notarii acluçrii prçto-

PRO Z7

r>/'/yw. Cet ULig-fcroit avantageux au Public; mais il lie s'oblcrvcpointu Pans ni dans plulîcuis autres endroits nonobllant la difpolitioii cxpreile de l'urdonnance d'Oi\c:ms, art. Xj. Protocole de Notaires, eft un droit que le Roi prend dans la Bourbonnois , Forez & Beaujolois fur les regiftres des Notaires décèdes, Iciqucis (ont vendus au plus ofti-.int & dernier cnchciillcur , de laquelle vente, le Roi en a les trois quarts, &: l'autre quart appartient aux veuves cV héritiers, pour la vcnfication duquel droit il fuit rapporter l'acljudication qui en a été faite par les Ofliciers des lieux en préfenccdu Prc-» curcur du Roi. Protocole, eftaulîî chez le» Secrétaires d'Etat, & chez les Secrétaires des grands Princes, un forn.ulaire con- tenant la manière dont ces Princes traitent dans leurs lettres ceux à qui il écrivent. Scriptum archet: pum. Protocole, eft aiilli en ufage chez les Amballadeurs Médiateurs , &■ lignitic le regiftre ils couchent touÊ ce qui fe palfe. Se qui regarde leur médiation. Rcj-nf- trum diurium Ce terme fent un peu le flyle de Pra- tique. Protocole , s'eft dit autrefois de celui qu'on appelle maintenant ^;i^t.^vr, qui eft derrière celui qui parle en public , pour lui (uggérer ce qu'il doit due , en cas que la mémoire lui manque. Infufurrans. Cela vient de ce qu'on appeloit au(li Protocoles chez les Ro- mains certains Nomenclateurs qui favoient tous les noms des Citoyens, & quilesfuggéroient à Icursmaî- tres, atin qu'ils pullent faluer chacun par ion nom en l'abordant. PROTOCTISTE. f. m. & f. Sede d'hérétiques origé- niftes. Protoclijla. Après la mort du Moine Nunnus , vers le milieu du fixième (lècle , les Oiigéniftes (e parèrent en deux fedtes. Les Protoclijles Se les îfo- cliriftrs. Les Protocliftes s'appelèrent aulll Tetradites, Le chef des Protoclijles éio'it Kidore. PROTC ,'GENE. f. m. Peintre ancien qui naquit à Caune , ville de Carie, tributaire des Rhodiens. En conlidér.i- tionde ce Peintre, Démétrius épargna la ville de Rho- des , dans l'appréhenfion que (es ouvrages ne perident dans le fiic de fa patrie.

Pline parle du tableau de Jalyfus, qui fut le chef- d'œuvre de Protogène, Jalylus étoit un héros connu feulement dans 11 fable, & que les Rhodiens refpec- toient comme leur fondateur. Il y avoii dans ce ta- bleau un chien que tout le monde admiroit , à caufe de ce qui étoit arrivé à Proto<^'ène j voulant rcpréfèn- ter l'écume qui fortoit de la gueule du chien. 07 PROTOMARTYR, f. m. Terme d'hiftoire Ecclé- fiaftique. Ce mot iie,nifie preml^ martyr. On l'appli- que ordinairement à S. Etienne qui (oûiFrit lepremieï le martyre pour la religion. PROTONOTAIRE.C m. Officier de Cour de Rome . qui a un degré de prééminence fur les autres Notaires. Pontijicus Notarius. Il y a un Collège de douze Pro- tonotatres Participans , nom d'une prélature ccntîdé^ lablcàRome. P. Héliot. T. IF, p. 73. Ils partici- pent aux droits d'expéditions de la Chancellerie, font mis au rang des Prélats , portent le violet, le rocher, & le chapeau avec le cordon & bord violet ; Se fur leur Écu le chapeau, d'où pendent deux rangs de hou- pes de lînople i & 2. Ils précèdent tous k-s PiLlars non confacrés , ont féance devant les Abbés , al'ift:enc aux grandes cérémonies , Se ont rang Se féance en la Chapelle du Pape. Leur ch.arge eft d'expédier dans les grandes caufes les Aétes que les lunples Notaires Apot- toliques expédient dans les petites, comme les procès verbaux de prife de poffeflion du Pape. Ils alliffent à quelques Conliftoires & à laCanonilation des Saints. Ils peuvent créer àzs Dodeurs Se des Notaires Apo(- tohques pour exercer hors la ville. Ceux qui font hors de ce corps , ne jouiftent pas de ces privilèges , fi ce n'eft de l'habit. En France c'eft une (impie qualité fans fonction, qu'on obtient par un refcrit du Pape fort bon marché. Les Protnnotair-zsowx. été établis à Rcme par le Pape Clément I, pour écrire la vie des Mar- tyrs. Ils fervent aulfi à rédiger par écrit ce qui fe fait dans les Confiftoires publics. Protonotaire veut dire

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proprement premier Noraire-, & c'eftainfi qu'on appe- loir autrefois le premier des Notaires des Empereurs; Protonotaire. Vers le commencement de la leconde race de nos Rois , on donna ce nom au Rcfcrenaaitc. Protonotaire, eft aulîi un Officier de l'Egiife Cluj-